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Coronavirus : ce que l'on sait du rassemblement évangélique de Mulhouse, foyer de contamination de dizaines de personnes en France

Des cas de coronavirus Covid-19 ont été identifiés parmi les fidèles dans de nombreuses régions, dont certaines épargnées jusqu'à présent par l'épidémie.

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
L'église évangélique de La Porte ouverte chrétienne à Mulhouse (Haut-Rhin), le 4 mars 2020. (MAXPPP)

De la Corse à la Guyane, des Hautes-Alpes à la Normandie en passant par l'Ile-de-France, les cas de contamination au coronavirus Covid-19 se multiplient depuis début mars. La France compte désormais 423 cas de coronavirus confirmés, a annoncé jeudi 5 mars le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. En une seule journée, 138 cas supplémentaires ont été recensés.

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Parmi eux, de nombreux fidèles ayant participé à un vaste rassemblement évangélique à Mulhouse (Haut-Rhin) à la fin février. Dans ce département, 81 cas ont été comptabilisés le 6 mars au matin, selon la préfecture. Voici ce que nous savons sur ce "cluster" important de l'épidémie.

Un rassemblement d'environ 2 000 personnes

Dans le quartier de Bourtzwiller, à Mulhouse, la megachurch ("église géante") de La Porte ouverte chrétienne a rassemblé environ 2 000 personnes au total du 17 au 24 février. L'une des plus grandes églises protestantes évangéliques de France avait convié des fidèles de toute la France, outre-mer inclus, pour une semaine de jeûne et de prière.

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La participation à cette semaine de Carême, organisée depuis vingt-cinq ans, n'exigeait pas d'inscription préalable, ce qui complique le repérage des malades potentiels. "Des gens viennent de toute la francophonie, de Guyane, des Antilles, des pays limitrophes", a expliqué à l'AFP Nathalie Schnoebelen, chargée de communication de l'église mulhousienne. Environ 300 enfants ont aussi participé à cette semaine de célébrations, selon elle. L'église restera fermée au moins jusqu'au 17 mars, indique France 3.

Un contexte "propice à la contamination"

Comment s'est déroulé ce rassemblement religieux géant ? "Il y a beaucoup de partage, c'est un contexte propice à la contamination", juge le médecin Jonathan Peterschmitt, fils du pasteur de cette église, lui-même contaminé, comme plusieurs membres de sa famille. "Quand on prie ensemble, on peut se tenir par la main", complète Nathalie Schnoebelen, soulignant qu'à ce moment-là, les précautions liées au virus n'étaient pas encore de mise.

Un avis partagé par le docteur Patrick Vogt : "Nous avons eu sous nos yeux un modèle expérimental extraordinaire ! Ils sont restés plusieurs heures et plusieurs jours ensemble, s'embrassant, se touchant, ayant une grande proximité du fait de leur pratique religieuse, explique ce médecin généraliste de Mulhouse, à L'AlsaceA partir du vendredi 21 février et durant quelques jours, la plupart des participants présentaient un syndrome grippal, se sont soignés d'eux-mêmes, ont vu leur médecin généraliste, sont passés aux urgences. Nous sommes sans doute le plus grand foyer de coronavirus de France."

Des dizaines de cas disséminés dans toute la France

Quelques jours après la fin de ce rassemblement, les autorités tirent la sonnette d'alarme. Le 4 mars, la préfecture du Haut-Rhin annonce la contamination de dix personnes dans le département, en lien avec cet événement. Elle appelle aussi les participants à être vigilants et à contacter le 15 en cas de symptômes.

Le lendemain, jeudi 5 mars, ses craintes de dissémination deviennent réalité, avec des cas identifiés parmi les fidèles dans de nombreuses régions, dont certaines épargnées jusqu'à présent par l'épidémie. Dans le Haut-Rhin, le nombre de personnes contaminées a été multiplié par huit en 48 heures, avec 81 cas confirmés le 6 mars au matin. Mais le nombre de cas pourrait être beaucoup plus élevé, car le test diagnostique est désormais réservé aux personnes présentant les symptômes les plus graves.

• En Guyane, le préfet a annoncé cinq premiers cas, à Saint-Laurent-du-Maroni, dont trois enseignants et un médecin du centre hospitalier. Les cinq personnes infectées avaient participé à cette semaine de Carême à Mulhouse. 

• A Paris, une salariée de la RATP travaillant en station sur la ligne 6 du métro et infectée par le coronavirus aurait elle aussi participé à ce rassemblement, selon la CGT-RATP.

• La Corse et le Centre-Val de Loire ont également été touchés pour la première fois jeudi. Trois cas ont été identifiés chez des retraités sur l'île de Beauté, et un cas chez une femme de 73 ans en Indre-et-Loire. Tous avaient pris part à la semaine de Carême mulhousienne.

• A Briançon (Hautes-Alpes), trois fidèles qui revenaient de Mulhouse ont également été contaminés.

Dans la Manche, trois autres malades ont été pris en charge par le Centre hospitalier de Saint-Lô.

• Dans le Sud-Ouest, un couple de fidèles a été testé positif à l'hôpital d'Agen, l'homme confiné à son domicile et son épouse transférée vers le CHU de Bordeaux.

• En Bourgogne-Franche-Comté, l'ARS a annoncé jeudi pas moins de 25 nouveaux cas de coronavirus, indiquant que "la plupart" seraient liés au rassemblement mulhousien.

• En Charente, l'ARS a annoncé qu'un nouveau cas de Covid-19 avait été confirmé en lien avec le rassemblement religieux de Mulhouse. Il s'agit d'une femme qui présente un état de santé peu inquiétant. Elle est hospitalisée pour surveillance dans le service des maladies infectieuses du centre hospitalier d'Angoulême.

La chargée de communication de l'église mulhousienne a également annoncé des cas chez des fidèles suisses, alors que la Confédération helvétique a connu jeudi son premier décès lié au coronavirus. "Nous n'avons pas de retour des Allemands et des Belges", a ajouté Nathalie Schnoebelen.

Des mesures restrictives dans le département

Face à l'ampleur du "cluster", la préfecture a réagi fermement. Vendredi 6 mars, le préfet du Haut-Rhin, Laurent Touvet, a annoncé des mesures pour limiter la diffusion de la maladie. Parmi elles, l'interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes en milieu clos, à quelques exceptions : les commerces, les entreprises, les bars et restaurants, les transports publics et les cérémonies familiales comme les mariages. Les mineurs ont aussi l'interdiction de se rendre dans tous les établissements de santé ou hébergeant des personnes âgées. "Souvent, ils sont porteurs de la maladie sans avoir de symptômes", explique le préfet.

Les autorités ont aussi annoncé la fermeture de certains établissements scolaires où ont été signalés des élèves ou des personnels potentiellement malades, à compter de demain. Cela pourrait concerner une centaine d'établissements, soit entre 30 000 et 40 000 élèves. Enfin, les autorités locales peuvent continuer à prendre des mesures plus restrictives. "La situation reste très évolutive. J'invite toute la population à adopter une attitude responsable, (…) mais à ne pas céder à la psychose", a conclu le préfet.

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