Coronavirus : Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, salue le "miracle permanent" du secteur alimentaire français
Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, salue les efforts du secteur agricole pendant le confinement et constate une évolution du regard des Français sur leur propre alimentation.
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA salue sur franceinfo le 8 avril, un "miracle agricole" en France alors que l'épidémie de Covid-19 menace tous les maillons de la chaîne de production alimentaire.
franceinfo : Certaines filières de l'alimentation sont en grande souffrance aujourd'hui ?
Christiane Lambert : C'est un moment très particulier que nous vivons et c'est un miracle permanent que d'arriver à faire fonctionner cette chaîne alimentaire avec des gens en retrait ou qui ne sont pas au travail. Les agriculteurs, eux, sont au travail et peut-être plus que d'habitude encore parce que c'est le printemps, le moment des récoltes importantes : fraises, asperges, tomates, concombres, radis. C'est aussi le moment des semis. Si l'on veut manger des pâtes et avoir du blé dur, il faut semer. Si l'on veut avoir de la bière, il faut semer de l'orge. Les gens redécouvrent qu'à la base de leur alimentation, il y a la production agricole. Ils mesurent aussi l'importance de l'avoir en France. Le commerce mondial a baissé de près de 30 %, donc c'est d'autant plus important d'avoir cette souveraineté alimentaire et suffisamment de produits en France pour nourrir notre population.
Vous regrettez dans ce contexte la fermeture de certains marchés ouverts, vous allez travailler à leur réouverture ?
Il a été décidé de les fermer de façon brutale, un mardi soir à 20h20. Nous avons travaillé pour écrire un protocole sanitaire, c'est à dire un descriptif très précis de comment doit être organisé un marché. Une distance d'un mètre entre les étals, des barrières, une entrée et une sortie avec des gels hydroalcooliques pour se laver les mains, pas de contact avec les aliments. Bref, une sécurisation complète qui permet aujourd'hui aux maires d'envisager la réouverture des marchés dans leurs communes, et aux préfets de pouvoir l'autoriser sans risques. Malheureusement il y a encore aujourd'hui seulement 30 % de marchés qui ont rouvert, car il subsiste encore des maires qui ne prennent pas cette initiative.
Que répondez-vous à l'association "Respire" qui a déposé un référé-liberté devant le conseil d'État pour réglementer les épandages agricoles, les accusant au passage d'aggraver les risques liés au coronavirus ?
Je pense qu'il faut que les scientifiques s'expriment pour contester les données utilisées. J'ai lu avec beaucoup d'attention ce qui a été publié par l'Anses et l'Atmo. Ce qu'on constate aujourd'hui, et les cartes que l'on voit à la télévision le montrent aussi, c'est que la pollution a fortement diminué. La responsabilité de la pollution par l'agriculture est de 5 % alors que les transports et les usines sont beaucoup plus importants. Si la pollution a diminué alors que les travaux agricoles continuent c'est qu'il n'y a pas une responsabilité forte du secteur agricole. C'est un débat que nous avons régulièrement et j'attends que l'Anses réponde avec des arguments scientifiques.
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