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Coronavirus : Emmanuel Macron a-t-il raison de dire que "personne ne parlait des masques" début mars ?

Interrogé sur la gestion des stocks de masques dans un documentaire de BFMTV, le président de la République a notamment affirmé qu’il n’y a pas eu de “rupture”. Des déclarations qui ne résistent pas à l’examen des faits.

Article rédigé par franceinfo - Louis Mondot
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron avec un masque chirurgical, le 7 avril 2020.  (GONZALO FUENTES / POOL)

La France n'a pas connu de pénurie de masques mais "des manques, des tensions". Emmanuel Macron l'a encore assuré ce lundi 18 mai sur BFM, en ajoutant : “Ayons collectivement l'honnêteté de dire qu'au début du mois de mars, encore plus en février ou en janvier, personne ne parlait des masques parce que nous n'aurions jamais pensé être obligés de restreindre la distribution de ceux-ci pour les soignants". 

La question de l'approvisionnement en masques n'était pas présente dans le débat public avant le début du confinement et personne n'envisageait de restreindre leur distribution aux soignants ? C'est faux, la Cellule Vrai du Faux vous explique pourquoi.

Réquisition des masques début mars

Personne ne parlait des masques début mars ? Pourtant, Emmanuel Macron a lui même annoncé le 3 mars sur Twitter la réquisition de "tous les stocks et la production de masques de protection". Des masques qui seront distribués en priorité aux "professionnels de santé et aux Français atteints par le coronavirus".

Le décret publié le lendemain précise que sont concernés les masques de protection respiratoire de type FFP2 et les masques anti-projections (c’est-à-dire de type chirurgical) déjà produits ou fabriqués d’ici le 31 mai 2020. Dix jours plus tard, un nouveau décret élargit cette réquisition à davantage de types de masques de protection respiratoire.

Des inquiétudes dès le mois de janvier

Dès l'annonce des premiers cas de Covid-19 en France, de nombreux Français inquiets se sont rendus dans les pharmacies pour acheter des masques. "La plupart des officines", sont en rupture de stock en région parisienne expliquait dès le 26 janvier Martial Fraysse, président honoraire du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens et membre de l'académie nationale de pharmacie, à nos confrères de France bleu. 

Un mois plus tard, plusieurs catégories de personnels soignants se sont également inquiétés d'un manque d'accès aux masques. Le syndicat “Jeunes Médecins” déplorait le 26 février que les médecins libéraux n’aient “bénéficié d’aucun matériel de protection lors de l’examen des patients (masques adaptés, tuniques de protection)”. Même inquiétude de la part de la Confédération des syndicats médicaux, le même jour, pour qui “il est maintenant indispensable que l’État passe aux actes et dote au plus vite les cabinets de médecins libéraux de toutes les protections possibles (masques, blouses jetables, lunettes) et de solutions hydroalcooliques”.

La question de l'accès aux masques de protection, y compris pour les soignants, s'est donc bien posée avant le début du confinement, contrairement à ce que dit Emmanuel Macron.

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