Coronavirus : "Il faut que l'administration soit vraiment à la hauteur de ce qu'on attend d'elle", espère François Asselin, président de la CPME
Il faut que l'administration "soit dans le soutien de l'économie, de nous patrons de petites et moyennes entreprises", a affirmé sur franceinfo François Asselin, président de la CPME.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a réuni vendredi 27 mars les partenaires sociaux en audioconférence pour discuter notamment des moyens de concilier poursuite de l'activité économique et protection des salariés en pleine épidémie de Covid-19.
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Invité éco de franceinfo, François Asselin, président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) attend de l’administration qu’elle "soit vraiment à la hauteur de ce qu'on attend d'elle", alors que le gouvernement a mis en place une batterie de mesures pour sauver les entreprises frappées de plein fouet par l’épidémie de coronavirus. "Il y a de bonnes mesures", mais "si les dossiers sont compliqués, si la réponse est négative ou partielle, ça risque d'être une vraie catastrophe pour beaucoup d'autres petites entreprises", a-t-il affirmé.
franceinfo : Est-ce que le chef de l’État a répondu à vos attentes ?
François Asselin : Il y a un sujet énorme en ce qui nous concerne, nous employeurs. Nous avons à cœur la santé et la sécurité de nos employés, c'est une évidence, nous en sommes les premiers responsables. Or, voilà une responsabilité supplémentaire qui fait que c'est compliqué pour un employeur d'être sûr que dans son entreprise à travers ses salariés, même s'il met en pratique toutes les mesures barrières, il ne puisse pas y avoir quelqu'un qui, malheureusement, soit touché par cette épidémie de Covid-19. En matière de santé et sécurité, nous avons une obligation de résultat. Nous aimerions simplement que nous soyons protégés, nous et parfois ceux que nous mandatons dans nos entreprises, pour assurer la santé et la sécurité de nos salariés.
Le gouvernement a annoncé des mesures pour les entreprises. Est-ce qu’il y a égalité de traitement entre les PME et les grands groupes ?
L'adage 'on ne prête qu'aux riches' restera d'actualité, même dans cette période. Les mesures sont plutôt bien ciblées, bien calibrées pour tout le monde. Il peut toujours y des effets d'aubaine, y compris d'ailleurs dans les grandes entreprises qui, elles, ont effectivement la liquidité que n'ont pas beaucoup de petites entreprises. Pour autant, le succès de toutes ces annonces, ça sera dans l’opérationnel, ça sera dans l’intendance, c'est-à-dire que si ça ne suit pas, ça risque d'être un échec. Et là, la pression des petites entreprises risque tout de suite d'être énorme. Il y a de bonnes mesures. La possibilité d'emprunter jusqu'à trois mois de chiffre d'affaires pour assurer cette période compliquée où il n'y a pas de recette est une bonne mesure. Mais si les dossiers sont compliqués, si la réponse est négative ou partielle, ça risque d'être une vraie catastrophe pour beaucoup d'autres petites entreprises.
Vous avez alerté sur l'augmentation des cas de refus de chômage partiel, malgré l'élargissement du dispositif par le gouvernement. Selon vous, l'administration traîne les pieds volontairement ?
Tout cela coûtera très cher. L'administration est plutôt faite pour contrôler, voire parfois pour sanctionner. Là, on lui demande à l'inverse en accompagnement de venir vers les entreprises. Il faut bien admettre que les administrations, qui traitent ces dossiers de chômage partiel, sont complètement débordées par le nombre de demandes. C'était prévisible. Donc, le temps que tout cela se mettre en route, et bien évidemment, ça crée beaucoup d'angoisse. Pour autant, effectivement, nous avons des retours de refus de demandes de chômage partiel qui étaient un petit peu inexplicables. Les choses sont en train gentiment de rentrer dans l'ordre. Il faut absolument, bien évidemment, que ceux qui font la demande de chômage partiel puissent y avoir accès parce que la paye c’est dans quelques jours, la semaine prochaine. Si on ne peut pas assurer cette échéance, c'est une catastrophe.
Qu'est-ce que vous attendez de plus de l'État aujourd’hui ?
Qu'il soit efficace. Vous savez, dans une période comme celle-ci, on n'est pas à la virgule près, on n'est pas au mot qui n'a pas été bien posé, etc. Il faut qu'il soit efficace. Il faut que les mesures annoncées soient tout simplement efficaces. C'est ce que nous attendons de l'État. Il y a beaucoup de choses qui se jouent en ce moment pour beaucoup d'acteurs. Il faut que l'administration soit vraiment à la hauteur de ce qu'on attend d'elle. Il faut qu'elle soit dans le soutien de l'économie, de nous patrons de petites et moyennes entreprises.
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