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Coronavirus : la revalorisation salariale des soignants, "il faut l'acter tout de suite" dit Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP

Le directeur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris estime aussi que la prime promise par le gouvernement aux soignants "est une très bonne chose", notamment car elle est "donnée à l'ensemble des équipes".

Article rédigé par franceinfo
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Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), au Palais de l'Elysée, le 18 septembre 2018. (LUDOVIC MARIN / AFP)

La revalorisation salariale des soignants, "il faut l'acter tout de suite" déclare vendredi 17 avril sur franceinfo, Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP. Le Premier ministre a annoncé le déblocage d'une enveloppe d'un 1,3 milliard d'euros pour les personnels hospitaliers. Cela va se traduire par une prime au mois de mai de 1 500 euros nets pour tous les personnels hospitaliers qui gèrent la crise du coronavirus dans les départements les plus touchés.

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Martin Hirsch salue cette prime : "Je trouve que c'est une très bonne chose, qu'elle soit donnée à l'ensemble des équipes, qu'on n'est plus à interpréter un texte dans lequel on regarde, il faut inclure qu'il faut exclure." Une prime évidente pour lui, puisque "à peu près un tiers de l'ensemble des patients français qui a été pris en charge" l'a été en région parisienne, et si "la réponse a été à la hauteur, c'est justement parce que tous les établissements publics et privés ont travaillé ensemble et ont pris leur part qu'ils devaient prendre".

Remettre les salaires à niveau

Un avis qu'il partage aussi sur "la majoration des heures supplémentaires", cela permet effectivement de reconnaître ces temps de travail totalement exceptionnels". Concernant une revalorisation salariale, en revanche d'après lui, il ne faut pas attendre : "Il faut l'acter tout de suite et effectivement, il faudra qu'elle soit négociée." Le directeur de l'AP-HP, "n'oublie pas la situation dans laquelle on était il y a quelques mois".

Nos hôpitaux étaient en difficultés parce que, pour la première fois, et c'était le cas l'année dernière, nous n'arrivions pas à pourvoir les postes et à retenir les personnels.

Martin Hirsch, directeur de l'AP-HP

à franceinfo

Pour lui, "l'une des raisons de fond était que la France était un des pays qui payait le moins bien ces infirmiers et aides-soignants et qu'il faudrait remettre ces salaires à niveau". Martin Hirsch explique qu'il faudra travailler sur cette revalorisation, "sérieusement, profondément, pour les années qui viennent et pour l'avenir".

Ce message "difficile à entendre, même au sein de la maison, explique le directeur des hôpitaux de Paris, les gens trouvaient que je ne le relayais pas assez". Martin Hirsch pense qu'il est plus audible avec la pandémie. Pour le directeur général de l'AP-HP, le gouvernement et plus largement la population ne comprenaient pas la situation : "Certains pensaient qu'on manquait de lits. On a pu avoir des tensions sur les respirateurs, sur les médicaments, sur un certain nombre de matériels, mais quand on disait il faut équiper 50 lits, ce n'était pas aller chercher un matelas. C'était de faire en sorte que pour faire fonctionner un lit de réanimation, et qu'il y ait les trois personnes qui puissent le faire fonctionner 24 heures sur 24."

Trois soignants de l'AP-HP décédés

Pour faire face au coronavirus, "on a pu assurer", et cela "grâce au renfort, à l'intérim, à des heures supplémentaires, à la suppression des heures de repos ou à la reconversion de personnel", poursuit Martin Hirsch qui estime que cet investissement est  "fabuleux". Pour lui, "il faudra faire en sorte qu'on maintienne cela, passera effectivement par sortir de l'anomalie française dans les rémunérations des catégories soignants".

Avant ça, le personnel soignant paie le prix fort. "Dans nos rangs, nous avons à ce jour déploré trois décès" à l'AP-HP, et ils étaient tous "soignants" insiste Martin Hirsch. "Quand les Français se mettent à leur fenêtre et applaudissent les soignants, je pense qu'ils pensent à ceux qui portent des blouses blanches. Je voudrais leur dire que c'est beaucoup plus large que cela, c'est 120 métiers.", explique le directeur des hôpitaux de Paris.

L'électricien est devenu soignant. Le technicien de laboratoire qui, nuit et jour, fait des tests de biologie, de virologie pour qu'ils soient rendus utiles, est soignant. Celui qui apporte les repas à ses collègues est devenu soignant.

Martin Hirsch, directeur de l'AP-HP

à franceinfo

"Donc, on a vu s'aligner une communauté au-delà du mot strict soignant. Ils sont tous soignants dans ces différents métiers", raconte ému le directeur des hôpitaux de Paris, puisque les soignants de l'AP-HP décédés étaient on compte un vaguemestre, (celui qui va apporter les plis et éventuellement les prélèvements d'un service à l'autre), un  électricien et un aide-soignant dans un service de radiologie.

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