Coronavirus : "Le BTP a perdu 10 000 emplois" en mars, annonce le président de la Fédération française du bâtiment
"Heureusement qu'il y a le chômage partiel, sinon, ça aurait été un tsunami au niveau de l'emploi.", explique Jacques Chanut qui annonce tout de même une reprise de près de 50% des chantiers.
"Le BTP a perdu 10 000 emplois" en mars, annonce sur franceinfo, mercredi 29 avril, Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment, alors que les chantiers reprennent "petit à petit". "Aujourd'hui, on pense qu'on n'est pas loin des 40 voire 50% de reprise effective de l'activité", tempère le président de la Fédération française du bâtiment, dont le secteur subi de plein fouet l'impact du confinement et de la crise sanitaire du coronavirus. "Heureusement qu'il y a le chômage partiel, sinon, ça aurait été un tsunami au niveau de l'emploi", affirme Jacques Chanut.
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franceinfo : Quelle est la situation de la reprise d'activité des chantiers pour le secteur du BTP ?
Jacques Chanut : Les chantiers s'étaient pratiquement tous arrêtés depuis une dizaine de jours. Ça reprend petit à petit. Pas tous les chantiers, pas dans toutes les régions, pas tous les métiers. C'est plus compliqué pour les métiers liés à l'électricité par rapport à la menuiserie. Aujourd'hui, on pense qu'on n'est pas loin des 40 voire 50% de reprise effective de l'activité. La finalité d'une entreprise et d'un artisan, c'est de travailler, faire entrer du chiffre d'affaires qui permet de faire face aux charges et de payer ses compagnons à la fin du mois. Bien évidemment que l'objectif pour nous, c'est de travailler, mais travailler en sécurité. Nous avons été un des premiers métiers à sortir une fiche pratique. On a pu repartir doucement, mais on a énormément de freins au redémarrage.
Justement, quels sont ces freins ?
Ils sont de tous ordres. Ils sont souvent liés au client qui ne veut pas que les ouvriers rentrent chez lui. Je pense notamment aux artisans chez les particuliers. Il y a également un problème de prise en charge des surcoûts. C'est un sujet majeur. Les équipements de protection, le dédoublement des installations, le fait de les faire désinfecter très régulièrement et de devoir prendre des véhicules personnels plutôt que des camionnettes pour aller sur chantier pour éviter la promiscuité, et bien ça a un coût. Et ce coût, nos entreprises ne sont pas en capacité de l'avaler toutes seules. Il faut donc qu'il y ait un partage des coûts. C'est pour ça qu'on a des discussions assez serrées avec le gouvernement. Demain matin, nous aurons une réunion avec Bruno Le Maire et d'autres ministres pour voir comment ces sur-coûts peuvent être répartis sur l'ensemble de la filière.
Reprendre des chantiers pour les fermer dans trois mois parce que les entreprises déposent le bilan, ce n'est pas ce que j'appelle une reprise durable.
Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment
Quel est le chiffre des pertes d'emplois du mois de mars et d'avril ?
Sur le mois de mars, qui n'a été impacté que de moitié, le BTP a perdu 10 000 emplois, malgré les mesures de chômage partiel. Notre secteur est essentiellement basé sur la main d'œuvre, et est capable d'embaucher, de recruter et de former très vite quand il y a de l'activité. Malheureusement, lorsqu'il n'y a pas d'activité, les débauches sont très rapides. Heureusement qu'il y a le chômage partiel, sinon, ça aurait été un tsunami au niveau de l'emploi. Mais il ne répond pas à toutes les situations. La vraie réponse pour que nos entreprises puissent garder des emplois et continuer à embaucher, c'est qu'il y ait de l'activité et que l'on gagne de l'argent. Il faut vraiment qu'on regarde dans le détail comment faire pour que nos entreprises puissent avoir la capacité de continuer leurs chantiers.
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