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Coronavirus : "Le chômage partiel, c'est sûrement la moins mauvaise des solutions de crise" estime Laurent Berger

Le secrétaire général de la CFDT, invité de franceinfo, jeudi 2 avril, estime toutefois que ces mesures de chômage partiel ne doivent pas se prolonger trop longtemps. Il estime également qu'il faudra revoir "notre modèle de répartition des richesses" à la fin de cette crise. 

Article rédigé par franceinfo
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Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, lors des négociations sur la réforme des retraites, à Paris, le 30 janvier 2020.  (CHARLES PLATIAU / POOL)

Un salarié sur 5 est au chômage partiel, soit 4 millions de personnes, dans 400 000 entreprises depuis le début des mesures de confinement, a annoncé, sur franceinfo, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, jeudi 2 avril. Le chômage partiel en temps de confinement, "c'est sûrement la moins mauvaise des solutions de crise", estime Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT invité de franceinfo, quelques minutes plus tôt.

"Là, le chômage partiel, c'est évidemment un choc pour tout le monde et, pour tous les salariés qui le subissent, une perte de revenus. Mais, c'est la garantie, une fois ce choc passé, de maintenir son emploi". "Mais il y a beaucoup d'inquiétude, évidemment", ajoute le patron de la CFDT. "On a des inquiétudes sur la situation économique plus globale des entreprises. Il ne faut pas que ça dure trop longtemps." Il demande aussi à ce que des entreprises "n'abusent pas" de ces dispositifs.

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Une indemnisation à 100 %, quand c'est possible

Laurent Berger se dit favorable à un taux d'indemnisation passant à 100 % pour tous, et pas seulement pour les salariés au Smic. C'est ce qu'a proposé son homologue de la CGT, Philippe Martinez. "Dans toutes les entreprises" selon le secrétaire général de la CFDT, "je crois qu'il faut aller vers cela", mais en le négociant "entreprise par entreprise". "Il y a clairement plus [d'entreprises] qui peuvent se le permettre. Et puis d'autres pour qui c'est sans doute beaucoup plus compliqué. Nous, on est en train de négocier dans les branches professionnelles, dans les secteurs professionnels, la garantie d'un certain nombre de droits. On l'a fait dans l'hôtellerie, les cafés, les restaurants. On le fait dans d'autres entreprises. Mais effectivement, il faut prendre toutes les mesures qui permettent d'avoir le moins de pertes possible pour les salariés dans cette période."

On a une veille toute particulière sur les entreprises qui pourraient être tentées par des licenciements, il faut l'éviter au maximum.

Laurent Berger

à franceinfo

Pour le leader de la CFDT, "Il faut aussi que des entreprises qui n'ont pas à faire de chômage partiel, qui peuvent s'organiser en télétravail puissent le faire. Par exemple, SFR a fait une demande de mise en activité partielle de 5 000 salariés, 50 % de l'ensemble de l'effectif. Mais il y a aujourd'hui une volonté très claire de préserver les résultats de l'entreprise sur le dos la collectivité. Alors que cette entreprise pourrait s'organiser autrement. Il faut aussi faire attention à ce que certaines entreprises, sur le dos de la collectivité nationale, d'une certaine manière au détriment d'autres salariés, d'autres entreprises, n'abusent pas non plus de dispositifs de chômage partiel."

Revenir sur "notre modèle de répartition de la richesse"

Laurent Berger l'assure, il "faudra qu'on revienne sur ce que veut dire notre modèle de répartition de la richesse". Pour lui, la participation des plus fortunés à l'économie française, par le biais de la fiscalité, devra se poser. Il faudra aussi selon lui revenir sur "notre modèle de développement économique, de reconnaissance de ces métiers qui sont essentiels et qui, pour autant, sont au bas de l'échelle des rémunérations".

"Bien sûr que la question de la fiscalité, de la participation de ceux qui sont les plus riches à l'effort collectif, notamment pour avoir des services publics et notamment un service de santé qui réponde aux enjeux de la population, oui, la question de la participation des plus riches est posée. Après l'incendie de Notre Dame qui avait eu des gestes spontanés de certaines grandes fortunes, aujourd'hui, on est dans une situation encore bien plus grave, évidemment. Et évidemment que la participation par le biais de l'ISF ou un autre dispositif fiscal est posée."

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