Coronavirus : "On n'est pas dans une perspective d'une deuxième vague" mais "une nouvelle circulation du virus" est possible "dans l'hiver ou dans l'automne"
"Quand on voit la capacité du virus à se diffuser, à réémerger, il est très peu probable qu'il disparaisse", a indiqué Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon et membre du Conseil scientifique, invité dimanche 21 juin sur franceinfo.
L'apparition de nouveaux foyers de contamination ne doit pas être "considérée comme une circulation qui s'accélère", a affirmé dimanche 21 juin sur franceinfo Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon et membre du Conseil scientifique, six mois après l'apparition du coronavirus. "On n'est pas dans une perspective où l'on craint l'apparition rapide d'une deuxième vague", a ajouté Bruno Lina.
Si dans les prochaines semaines, "on voyait une intensification de la détection du virus, on pourrait se retrouver dans une situation compliquée", alerte néanmoins le virologue. Il précise qu'il faut "s'attendre à ce que, dans l'hiver ou dans l'automne, on puisse avoir affaire à une nouvelle circulation du virus", mais ajoute que "l'on n'est pas du tout dans la même situation qu'en février et mars".
franceinfo : Est-ce que le spectre d'une potentielle deuxième vague s'éloigne ?
Bruno Lina : Si on parle d'une échéance à court terme, on n'est pas dans une perspective où l'on craint l'apparition rapide d'une deuxième vague. Il faut bien comprendre que toutes les investigations que l'on peut faire sur les foyers qui sont identifiés montrent que le système de surveillance est a priori efficace, qu'il nous permet de trouver ces cas et surtout, de les maîtriser du mieux possible. Alors parfois c'est simple, parfois c'est un peu plus compliqué. Mais je pense qu'il ne faut pas considérer forcément ces identifications de foyers comme étant une circulation qui accélère. En tous cas, le virus circule toujours.
Pas d'accélération même s'il y a un relâchement au niveau des mesures barrières ou du port du masque ?
Tout l'enjeu est d'avoir le bon équilibre entre les mesures barrières, les mesures d'hygiène et le niveau de circulation du virus. Si effectivement on voyait, dans les jours ou les semaines qui viennent, une intensification de la détection du virus avec une continuation de la moins bonne utilisation des mesures barrières, du masque, des mesures d'hygiène, on pourrait se retrouver dans une situation compliquée. Pour l'instant, ça n'est pas le cas. On voit qu'on lève les contraintes liées au confinement. Il faut rester très vigilant parce qu'effectivement, si jamais on lève trop vite l'ensemble de ces barrières, on risque d'avoir de mauvaises surprises. Le port du masque est encore très important, bien évidemment, ainsi que les mesures d'hygiène.
Est-ce que le virus peut tout simplement disparaître, ou est-ce qu'on peut craindre un effet de saisonnalité et avoir un retour du coronavirus à l'automne ?
Ce virus, vraisemblablement, ne disparaîtra pas. Quand on voit la capacité qu'il a à diffuser, à réémerger, il est très peu probable qu'il disparaisse. Il faut s'attendre à ce que, potentiellement, dans l'hiver ou dans l'automne, on puisse avoir affaire à une nouvelle circulation du virus. Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on n'est pas du tout dans la même situation dans laquelle on était en février et en mars.
On a des outils, des moyens, qui nous permettent de mieux surveiller ce virus et de faire probablement ce que l'on n'a pas réussi à faire dans la première vague épidémique, c'est-à-dire de contrôler cette diffusion dès l'identification très rapide des cas.
Bruno Lina, virologue au CHU de Lyonsur franceinfo
Et quand on fait ça, on se rend compte que, si en plus on protège nos plus fragiles, les services sanitaires, les hôpitaux, le nombre de cas est suffisamment bien géré pour que cette épidémie se déroule un peu comme une épidémie de grippe où on ne confine personne et où on prend juste des mesures de prévention.
Qu'est-ce qu'on a appris de plus sur le virus aujourd'hui ?
On a appris beaucoup sur le virus puisqu'on ne le connaissait pas il y a six mois. Mais on apprend encore des choses sur la maladie liée à ce virus. Un certain nombre de choses restent avec des incertitudes, notamment ces formes chroniques comme il en existe pour d'autres virus. On voit aussi qu'on apprend par rapport à la réponse immunitaire, à la façon dont les gens sont protégés. On connaît mieux les formes graves, on connaît mieux la diffusion du virus. On a beaucoup d'informations, mais sur la nature de la maladie stricto sensu, on a encore des choses à apprendre, c'est certain.
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