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Coronavirus : Pour éviter "un choc économique", il faut "défiscaliser les heures supplémentaires des personnels de santé", affirme l'économiste Nicolas Bouzou

La facture de l'épidémie de coronavirus "sera très élevée", selon l'économiste et directeur du cabinet de conseil Asterès.

Article rédigé par franceinfo
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Un piéton marche devant un panneau de cotation affichant les chiffres de clôture des cours de la Bourse à Tokyo (Japon), le 6 mars 2020 (photo d'illustration). (KAZUHIRO NOGI / AFP)

Le coronavirus est "un choc économique récessif qui est fort, mais avec quand même une perspective qui est de reprendre une vie économique normale cet été", conjecture vendredi 6 mars sur franceinfo Nicolas Bouzou, économiste et directeur du cabinet de conseil Asterès. Il préconise de défiscaliser les heures supplémentaires qui sont effectuées par les personnels de santé, en particulier dans les hôpitaux.

franceinfo : Quels sont vos scénarios économiques à cause de cette épidémie ?

Nicolas Bouzou : Il y a un premier scénario où l'épidémie, en dehors de la Chine, sera contenue dans deux mois à peu près et donc on peut espérer reprendre de l'activité économique à partir de cet été. Là, on aura eu un choc très fort, parce que ce qu'on subit en ce moment, c'est une baisse d'activité qui est très forte. Si on est dans cette perspective, on aura une reprise à mon avis assez forte. Il y a un deuxième scénario si l'épidémie se prolonge. Les marchés financiers se mettent à paniquer et là, on a des effets en chaîne, ce que les économistes appellent une déflation. Là, on entre dans quelque chose qui est beaucoup plus sérieux. Pour l'instant, on est plutôt dans le premier cas de figure, c'est-à-dire un choc économique récessif qui est fort, mais avec quand même une perspective qui est de reprendre une vie économique normale cet été. Ça veut dire quelque chose de très important du point de vue de la politique économique, ça veut dire qu'il faut aider les entreprises à tenir jusque-là.

Que conseillez-vous de faire ?

Je fais deux préconisations de politique économique au gouvernement. Ma première préconisation, c'est de donner au système de santé l'argent dont il a besoin, à la fois pour avoir des capacités plus importantes, mais aussi parce qu'il va falloir prendre en charge les malades. Je fais une proposition très concrète : défiscaliser les heures supplémentaires qui sont effectuées par les personnels de santé, en particulier dans les hôpitaux. La deuxième chose, il faut aider les entreprises à tenir dans les secteurs qui sont des secteurs en souffrance. C'est-à-dire dans le tourisme, dans le commerce, dans la restauration, dans l'événementiel... On les aide en leur permettant de négocier des étalements de paiement de charges sociales, d'impôts, en faisant en sorte que le système bancaire continue de leur prêter pour leur trésorerie. Le gouvernement fait très bien les choses et tout ceci est déjà en place. Toute petite alerte : je m'inquiète un tout petit peu de la transmission sur le terrain de cette politique économique.

À combien s'élèvera la facture ?

Elle sera très élevée, ce sont des dizaines de milliards d'euros. On ne va pas faire les comptes tout de suite. Ça sera une augmentation des déficits publics et une augmentation de l'endettement. Au passage, on serait plus confortable si on les avait réduit avant. On ne doit pas compter, le choc est très fort. Si la Santé a besoin d'argent, on lui donne. Si les entreprises ont besoin d'argent, on leur donne. On est dans un scénario économique qui est extrêmement sérieux, il faut protéger l'économie. Je vous le dis alors que je suis plutôt rigoureux en matière de finances publiques. Je souhaiterais aussi que nos partenaires européens fassent un peu la même chose.

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