Coronavirus : pourquoi il faut rester (au maximum) confiné
Franceinfo revient sur les raisons qui justifient les restrictions en matière de déplacements, alors que de nombreux Français se sont rendus dans les parcs, dimanche.
"Nous avons tous un rôle majeur à jouer contre l'épidémie." Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a fait part de sa désolation, lundi 16 mars, sur France Inter en constatant que de nombreux Français s'étaient rendus dans des parcs ou sur des marchés bondés, la veille. "La prise de conscience du danger n'est pas encore au rendez-vous", a également commenté la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, lundi. Franceinfo revient sur les raisons qui justifient le confinement alors que l'épidémie s'accélère dans l'Hexagone.
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Parce que c'est le meilleur moyen de freiner l'épidémie
"Beaucoup de gens n'ont pas compris qu'il faut rester à domicile, cette faible adhésion [aux consignes] fait qu'on n'arrive pas à freiner l'évolution de l'épidémie", a regretté Jérôme Salomon. Il l'a réaffirmé : il est nécessaire de réduire drastiquement le nombre de personnes avec lesquelles nous interagissons. "Quand je dis diminuer massivement ses contacts, c'est passer de 50 ou 100 personnes que l'on voit tous les jours à quelques unités", a-t-il insisté.
"Avec les enfants, on peut sortir, mais il ne faut pas se rassembler pour faire des jeux collectifs sur une pelouse. Cela n'a pas de sens", a illustré Jérôme Salomon. Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, a poussé un coup de gueule, lundi matin : "Au square en bas de chez moi, on a des dizaines d'enfants qui jouent sur les mêmes toboggans, qui touchent les mêmes ballons, avec les parents serrés comme des saucisses sur les bancs du square !"
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s'est montré grave, dimanche soir, appelant les Français à être responsables.
Ce n'est pas un acte de résistance que de sortir quand on vous dit de ne pas sortir. C'est un acte d'inconséquence ou d'insouciance. L'insouciance, aujourd'hui, elle peut tuer.
Olivier Véran, ministre de la Santésur TF1
"Il n'y a que le confinement qui permet de juguler cette épidémie", a martelé, dimanche, le professeur Laurent Thines, membre du collectif inter-hôpitaux et docteur au centre hospitalier de Besançon (Doubs), sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté, dimanche.
"Le confinement de Codogno [en Italie] a marché puisqu'il n'y a plus de cas. C'est une preuve que le confinement et les mesures barrières marchent", a souligné de son côté Jérôme Salomon. L'exemple de la ville chinoise de Wuhan s'avère également éloquent. Après deux mois de confinement très strict dans cette cité de 11 millions d'habitants, qui a été l'épicentre de l'épidémie en janvier, la propagation du coronavirus est maîtrisée : là-bas, la vie reprend peu à peu.
Parce qu'il faut éviter de saturer les services de soins
Dans le Grand Est, la région la plus touchée de France par le coronavirus, les hôpitaux sont déjà débordés. Il y a "un nombre de patients hospitalisés avec des critères de gravité, qui augmente de jour en jour. L'hôpital a transformé 135 lits pour accueillir ces patients-là. On arrive au bout des situations d'accueil pour ces patients Covid-19", a expliqué à franceinfo Marc Noizet, chef du service des urgences de Mulhouse. "Mulhouse et Colmar sont complètement saturés", poursuit-il.
En ce moment, en France, le nombre de cas double tous les trois jours et il faut éviter (sinon retarder) que la situation du Grand Est ne se généralise à l'ensemble du pays. "On peut arriver très rapidement à la saturation d'un hôpital s'il n'y a pas d'application des mesures barrières. Plus il y a de malades, plus il y a de malades graves", avertit Jérôme Salomon.
"Quand on voit les images à Paris où l'on fait son marché de manière décontractée sans respecter les mesures préconisées par le Premier ministre... C'est terrible, nous sommes en danger", a estimé auprès de France 3 le docteur Jean Rottner, urgentiste et président de la région Grand Est. Pour lui, "chaque fois qu'un citoyen ne prend pas les bonnes précautions, c'est une charge supplémentaire pour l'hôpital et ce n'est pas acceptable".
Parce que l'on peut transmettre le virus sans le savoir
Les Français "doivent comprendre que nous pouvons tous véhiculer le virus sans le savoir", a insisté Jérôme Salomon. "Chacun, individuellement, a un rôle puisque le choix de chacun c'est d'être soit la barrière au virus, soit au contraire le transport du virus, a déclaré à franceinfo Jérôme Marty président de l'UFML, l'un des syndicats de médecins libéraux. C'est chacun qui a un poids très, très, très important, face à une menace qui est une menace comme jamais on n'en a vécu."
Jérôme Marty a ensuite détaillé le mécanisme de propagation. "Il y a des porteurs de la maladie [Covid-19], à un instant donné, qui peuvent la transmettre, qui ne le savent pas. Ce n'est pas leur faute. Et les gens en face se contaminent sans le savoir et vont à leur tour transmettre la maladie", a-t-il exposé, avant de détailler : "Vous avez 50% des gens qui sont symptomatiques. Parmi eux, 80% ne relèveront pas d'hospitalisation. Sur les 20% qui restent, 15% seront hospitalisés dans des services normaux, et 5%, malheureusement, seront obligés de passer par la réanimation."
C'est pour toutes ces raisons qu'il est indispensable de rester confiné au maximum et de ne sortir que pour des raisons impérieuses, tout en suivant scrupuleusement les gestes barrières.
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