Coronavirus : pourquoi la Guyane risque-t-elle d’être reconfinée ?
Matignon a émis, dimanche 21 juin, "l’hypothèse d’un reconfinement" de la Guyane si les signes d’une accélération de l’épidémie de coronavirus se confirment. Sur quels indicateurs se base-t-on exactement ? La Cellule Vrai du Faux vous répond.
Après être passée au stade 3 de l’épidémie de coronavirus le 15 juin, la Guyane risque maintenant d’être reconfinée. "Si le taux de reproduction demeure dans les jours à venir à un niveau élevé et que les signes d'une accélération de la circulation du virus se maintiennent, l'hypothèse d'un reconfinement de la Guyane devra être réexaminée", a prévenu le gouvernement, dimanche 21 juin, dans un communiqué annonçant un renforcement des capacités sanitaires sur le territoire français. Cette hypothèse de reconfinement “est sur la table” mais plutôt “de courte durée”, a déclaré Clara de Bort, directrice de l'Agence régionale de santé de Guyane, lundi sur franceinfo.
Nombre de nouveaux cas quotidiens en hausse, augmentation du nombre de passages aux urgences pour suspicion de Covid-19, accélération du nombre d’admissions en réanimation… La Cellule Vrai du Faux vous explique pourquoi la Guyane risque le reconfinement.
Parce que le nombre de cas a doublé en une semaine
Pour savoir s’il faut reconfiner une région ou pas, le gouvernement scrute toute une série d'indicateurs. Parmi eux, il y a l’évolution du nombre de cas. En Guyane, il ne cesse d’augmenter depuis le début du mois de juin, en particulier cette dernière semaine. Les derniers chiffres communiqués dimanche font état de 278 cas supplémentaires en 24 heures, faisant grimper le bilan total à 2 441 cas positifs.
Dans son point épidémiologique régional publié le 18 juin, Santé Publique France relève entre 120 et 150 cas quotidien confirmés la semaine dernière. Un chiffre qui a triplé sur les trois dernières semaines. Dans son communiqué, Matignon parle d’une "brusque accélération depuis dix jours", notamment dans l’agglomération de Cayenne. Elle affiche un taux de 467,6 nouveaux cas pour 100 000 habitants sur sept jours. Dans toute la Guyane, ce taux s’élève à 305,7.
Parce que l’indice de reproduction du virus est le plus élevé de France
L’autre indice qui permet de situer le niveau d’une épidémie est le taux de reproduction de base d’un virus, ou indice R0. Il permet de dire combien de personnes en moyenne seront infectées par une personne contaminée. Si l’indice est supérieur à 1 alors l’épidémie prend de l’ampleur puisque cela veut dire qu’un malade va contaminer plus d’une personne. Si il est inférieur à 1, l’épidémie peut disparaître.
En Guyane, cet indice était de 2,59 entre le 6 et le 12 juin, indique Santé Publique France. C’est le plus élevé du pays. En France, toutes régions confondues, l’indice R0 est de 0,93.
Parce que le taux d’admissions en réanimation a triplé en une semaine
L’autre indice qui reflète l’intensification de la circulation virale au sein d’une population est le taux d’admission pour suspicion de Covid-19 en service de réanimation et aux urgences.
En France métropolitaine, les taux d’admissions hebdomadaires en réanimation diminuent depuis le 8 avril, selon Santé Publique France. En Guyane, ils ont triplé en l’espace d’une semaine avec 3,1 admissions pour 100 000 habitants du 10 au 16 juin. Plus concrètement, il y a entre une et deux admissions en réanimation chaque jour depuis le 10 juin. Entre le 9 et le 18 juin, 15 personnes ont été hospitalisées en réanimation. C’est quasiment deux fois plus que le mois dernier.
Aux urgences, en Guyane, le nombre de passages a lui aussi augmenté au mois de juin. En moyenne, un passage sur 10 était une suspicion de Covid-19, indique Santé Publique France. La part des passages pour Covid-19 représente au 18 juin jusqu’à 20% de l’ensemble des passages dans les trois services d’urgences de Guyane. Il a presque doublé par rapport à la semaine précédente.
Si les différents indicateurs montrent que l’épidémie s’est accentuée en Guyane, cela ne veut pas dire que tout le territoire est touché de la même façon. La circulation du virus est surtout intense dans les communes de Cayenne, Kourou et Saint-Georges qui comptent le plus de nombre de cas. Les communes situées à proximité (Macouria, Matoury, Rémire-Montjoly et Montsinery Tonnegrande) sont aussi touchées. Si un reconfinement a lieu il ne sera donc pas forcément appliqué à toute la Guyane."On essaie de prendre des mesures plus personnalisées, plus individualisées par territoire", a expliqué Clara de Bort, directrice de l’Agence régionale de santé de Guyane, ce lundi sur franceinfo. Par exemple, des horaires de couvre-feu différents selon les zones de circulation du virus.
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