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Coronavirus : un Américain est-il mort parce qu’il s’est auto-administré de la chloroquine ?

Un habitant de l'Arizona a trouvé la mort après avoir ingéré du phosphate de chloroquine, en auto-médication. Il a eu l’idée d’ingérer ce produit après avoir écouté un discours de Donald Trump.

Article rédigé par franceinfo - Emeline Ferry
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le personnel médical présente le 26 février 2020 à l'Institut des infections de l'IHU Méditerranée à Marseille, des paquets d'une Nivaquine, des comprimés contenant de la chloroquine et du Plaqueril, des comprimés contenant de l'hydroxychloroquine, des médicaments qui ont montré des signes d'efficacité contre le coronavirus. (GERARD JULIEN / AFP)

Plusieurs médias américains et français rapportent qu’un homme d’une soixantaine d’années est mort lundi 23 mars en Arizona. Sa compagne a, quant à elle, été hospitalisée dans un état grave, après avoir ingéré la même substance, du phosphate de chloroquine. La chloroquine, un traitement utilisé contre le paludisme, pourrait être un remède contre le nouveau coronavirus. Mais, ce n’est pas exactement cette substance qu’a ingéré le couple d’Américains. La Cellule Vrai du faux de franceinfo vous explique.

Le produit ingéré sert à nettoyer les aquariums

Alors que l’épidémie de Covid-19 est en pleine expansion, les chercheurs travaillent pour trouver un remède qui soignerait la maladie. La chloroquine suscite l’espoir de certains. Donald Trump en vante les mérites depuis plusieurs jours. C’est d’ailleurs après l’avoir entendu dire que le traitement antipaludéen pourrait être "un don du ciel si cela marchait", qu’un couple d’Américains a eu l’idée d’ingérer du produit pour nettoyer les aquariums, à base de phosphate de chloroquine, en espérant se prémunir du coronavirus. Interrogée par NBC News, la femme raconte qu’ils ont eu peur de tomber malades.

Certains médias américains ont par ailleurs relayé cette fausse information, selon laquelle l’additif pour aquarium soignerait le Covid-19. C’est le cas de Valley News Live, un réseau de télévisions locales du Dakota du Nord, qui a publié un article qui a depuis été effacé.

La substance qu’a avalé le couple contient donc bien le même principe actif, mais les doses sont très différentes. Ce produit pour nettoyer les aquariums n’est pas un médicament. Ils ont ingéré une cuillère à café chacun, indique le New York Times. "Trente minutes après l’ingestion, le couple a ressenti des effets immédiats nécessitants leur hospitalisation", indique l'ONG Banner Health, qui a révélé l’histoire sur son site.

Gare à l’auto-médication avec la chloroquine

Les médecins mettent en garde contre l’utilisation de la chloroquine, et de ses dérivés, en auto-médication. "Compte tenu de l’incertitude à propos du Covid-19, nous comprenons que certaines personnes essaient de trouver de nouvelles façons de prévenir ou de traiter ce virus, mais l’auto-médication n’est pas le moyen de le faire", déclare le docteur Daniel Brooks. Pour le directeur du centre médical d’informations sur les drogues et les poisons de l'ONG Banner Health, "la dernière chose que nous voulons en ce moment est d’inonder nos services d’urgences avec des patients qui croient avoir trouvé une solution vague et risquée qui pourrait potentiellement mettre en danger leur santé" Il appelle "fortement la communauté médicale à ne pas prescrire ce traitement aux patients non-hospitalisés".

À Marseille, le professeur Didier Raoult, spécialiste des maladies infectieuses, utilise lui un autre dérivé de la chloroquine. Il s'agit de l’hydroxychloroquine qu’il associe à un antibiotique, appelé azithromycine. Toutefois, les autorités sanitaires sont plus prudentes. L’Organisation mondiale de la santé appelle à la vigilance en raison du faible nombre de patients qui ont eu recours à la chloroquine. En France, le Haut Conseil de la santé publique a estimé, lundi 23 mars, que ce traitement pourrait être administré aux malades souffrant de "formes graves" du Covid-19, mais ne devait pas être utilisé pour des formes "moins sévères", selon le ministre de la Santé, Olivier Véran.

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