Covid-19 : à Metz, des étudiants formés à détecter les signes de mal-être chez leurs camarades
De nombreux étudiants vivent mal les cours à distance et l’isolement en cité universitaire. Quatre universités françaises proposent une formation aux premiers secours en santé mentale.
Peu de monde ce matin-là sur le campus de l’Université de Lorraine, à Metz. De nombreux cours se font à distance. Mais pas tous : au centre de santé universitaire, une petite dizaine d’étudiants suivent une formation aux premiers soins en santé mentale. Elle n'existe que depuis 2019 en France et est proposée dans quatre universités françaises. Des outils importants dans un contexte de détresse croissante des étudiants, lié à l'épidémie de Covid-19.
Il s'agit d'une formation sur le modèle des gestes de premiers secours classiques. Les étudiants apprennent à repérer les premiers signes de mal-être, de dépression, les troubles anxieux chez leurs camarades, mais aussi à gérer les crises. "Pour dire qu’il y a une dépression, il y au moins deux symptômes, dont l’humeur triste persistante", indique la formatrice.
Les trois quarts des troubles psychiques apparaissent avant 25 ans
Nina, une participante venue par le bouche-à-oreille, explique que dans sa promotion, "on sait tous que chacun a un peu ses problèmes". L'étudiante explique : "Entre nous, quand on en parle, on se dit 'tu n'as pas l'impression que cette personne-là ne va pas bien ?'. On se dit ça, mais cinq minutes après, on change de sujet. On ne va pas vraiment aller voir la personne. Et si ça se trouve, elle est dans une détresse totale." Nina juge que la formation "permet vraiment d'aller vers les gens."
L’enjeu est primordial à cet âge-là, selon Viviane Millot, médecin et formatrice, qui rappelle que "les troubles psychiques apparaissent à 75% avant 25 ans". "Plus une prise en charge est rapide, plus le rétablissement sera rapide et meilleur, explique-t-elle. C’est donc déjà important que des étudiants puissent savoir approcher la personne, l’évaluer, pouvoir la conseiller jusqu’à ce qu’elle ait une aide adaptée."
"On n’a plus aucun sens dans notre vie d’étudiant"
À Metz, cette formation existait avant la pandémie de Covid-19, mais elle prend encore plus d'importance avec la crise sanitaire. Margaux en témoigne : "On n'a plus aucun sens dans notre vie d’étudiant et toutes les choses qu’on avait avant ne sont plus là. Donc la santé mentale en pâtit. Il y a par exemple des personnes qui avaient réussi à soigner leur dépression, mais la crise les a tellement pris de court qu’ils se sont retrouvés à redévelopper des symptômes."
"C’est la catastrophe. J’ai un ami qui traversait des moments vraiment difficiles lors du premier confinement et qui m’a envoyé un SMS pour me dire qu’il avait envie de se suicider. Je me suis senti incapable, je ne pouvais rien faire parce que je n’avais pas les aptitudes."
Dexter, étudiant qui suit la formationfranceinfo
Dexter, qui vit en cité universitaire, suit cette formation pour lui-même et "pour apporter de l’aide" autour de lui. "Parce qu’aujourd’hui les étudiants en ont besoin." À l'issue de cette formation, ces étudiants deviennent en quelque sorte des "vigies", des relais santé mentale sur le campus.
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