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Covid-19 : cas déclarés, taux de positivité, classes fermées... Comment s'y retrouver parmi les chiffres sur l'épidémie en milieu scolaire ?

Le ministère de l'Education nationale et Santé publique France communiquent chacun sur des indicateurs qui ne sont pas toujours comparables.

Article rédigé par franceinfo
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Des panneaux indiquent les gestes barrières à respecter dans une école des Hautes-Alpes à Briançon, le 16 février 2021. (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

Faut-il fermer toutes les écoles par crainte d'une flambée des cas de Covid-19 ? Les établissements scolaires sont-ils des lieux de transmission du virus ? Les enfants sont-ils moins infectés que les adultes ? Face à ces questions récurrentes, de nombreux chiffres sont convoqués, parfois difficiles à interpréter.

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Alors que les derniers chiffres communiqués par le ministère de l'Education nationale, vendredi 26 mars, font apparaître une nette hausse du nombre d'élèves infectés sur une semaine, franceinfo fait le point sur les différentes données disponibles.

Les cas positifs en milieu scolaire

D'où vient ce chiffre ? Il est fourni par le ministère de l'Education nationale et se base soit sur les déclarations des élèves ou du personnel, soit sur les tests réalisés en milieu scolaire. Sur les sept derniers jours, 21 183 élèves ont ainsi déclaré qu'ils avaient été testés positifs au Covid-19, soit 0,17% du total des élèves, selon un communiqué de la rue de Grenelle daté du 26 mars. Parmi les personnels de l'Education nationale, 2 515 ont déclaré qu'ils avaient ont été testés positifs sur la semaine, soit 0,22%.

Comment l'interpréter ? Les taux fournis par l'Education nationale ne peuvent en aucun cas rendre compte du nombre réel de cas de Covid-19 dans les établissements scolaires, puisqu'ils prennent seulement en compte d'une part les cas déclarés et d'autre part ceux recensés grâce aux tests en milieu scolaire, loin d'être systématiques. Entre le 15 et le 22 mars, 200 404 tests ont ainsi été réalisés alors que l'Education nationale compte plus de 13,5 millions d'élèves et de personnels. Parmi ces tests, 0,49% se sont révélés positifs, selon le ministère.

Le nombre de classes et d'établissements fermés

D'où vient ce chiffre ? Il est fourni chaque semaine par le ministère de Education nationale. Et il est à la hausse, selon les chiffres officiels, avec quelque 148 établissements scolaires actuellement fermés contre 80 il y a une semaine et 30 il y a deux semaines. Enfin, dans les établissements qui restent ouverts, 3 256 classes sont fermées sur les 528 400 classes que compte la France, soit 0,6%. Ce nombre est également en hausse par rapport aux 2 018 classes fermées il y a une semaine.

Les fermetures de classe par académie, selon une carte fournie par le ministère de l'Education nationale le 26 mars 2021. (MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE)

Comment l'interpréter ? Bien que très imparfait scientifiquement, cet indicateur permet d'avoir une idée de l'évolution à la hausse ou à la baisse de l'épidémie dans les établissements scolaires. A compter de la semaine prochaine, la comparaison sera moins pertinente en raison du renforcement du protocole sanitaire annoncé par Jean-Michel Blanquer : en effet, à compter du 29 mars, dans les 19 départements reconfinés, une classe sera fermée dès le premier cas de contamination alors qu'il en fallait trois auparavant.

Le taux d'incidence 

D'où vient ce chiffre ? De façon générale, et sans considération d'âge, le taux d'incidence est le nombre de personnes testées positives sur une semaine glissante pour 100 000 habitants. Jeudi 25 mars, ce taux d'incidence était de 325 pour la France, selon le site CovidTracker, qui se base sur les données officielles de Santé publique France, une agence dépendant du ministère de la Santé. Soit un taux très élevé, sachant que le seuil d'alerte est de 50.

Il n'y a pas de chiffre du taux d'incidence dans les établissements scolaires. Cependant, Santé publique France relève le taux d'incidence par tranche d'âge. Dans la semaine du 15 au 21 mars 2021, ce taux était de 431 chez les 15-17 ans, correspondant au niveau lycée, selon le dernier bulletin épidémiologique de l'agence sanitaire. L'incidence a été mesurée à 350 pour les 11-14 ans (collégiens), à 283 pour les 6-10 ans, à 122 pour les 3-5 ans, et à 58 chez les 0-2 ans. 

En moyenne, les contaminations des moins de 18 ans ont augmenté de 28% par rapport à la semaine précédenteL'infographie ci-dessous, qui retrace au niveau national l'évolution du taux d'incidence chez les jeunes depuis mai 2020, montre une hausse continue ces dernières semaines. 

Courbe du taux d'incidence (nombre de personnes testées positives pour 100 000 habitants sur une semaine) par classe d'âge depuis mai 2020 et jusqu'à la semaine du 15 au 21 mars, selon les données de l'agence Santé Publique France dans son bulletin épidémiologique publié jeudi 25 mars.  (SANTE PUBLIQUE FRANCE)

Comment l'interpréter ? Cette forte augmentation signifie-t-elle que l'épidémie est hors de contrôle à l'école, au collège et au lycée ? Attention, précise Santé publique France : "Ce chiffre s'inscrit dans un contexte d'augmentation importante du taux de dépistage, en partie liée à l'intensification des campagnes de dépistage organisées dans les établissements scolaires." Il est donc possible que l'on dépiste désormais davantage le virus chez des écoliers, collégiens ou lycéens qui n'étaient pas testés auparavant, faute de symptômes.

Le taux de positivité 

D'où vient ce chiffre ? Le taux de positivité correspond au nombre de personnes testées positives (RT-PCR et test antigénique) rapporté au nombre total de personnes testées positives ou négatives dans la même période et si ce taux est supérieur à 10%, il est classé "rouge". Comme pour le taux d'incidence, cet indicateur est calculé par tranche d'âge, et non à proprement parler dans les établissements scolaires. Dans la semaine du 15 au 21 mars, cet indicateur, compris approximativement entre 4% et 9% pour les moins de 18 ans, selon les classes d'âgé, est plutôt stable ou à la baisse, affirme Santé publique France. Plus précisément, il était stable chez les 0-2 ans et en diminution dans les autres tranches d'âge (entre -2% chez les 15-17 ans et -14% chez les 3-5 ans)


L'évolution du taux de positivité (nombre de tests positifs sur nombre de tests effectués au total) depuis mai 2020 par tranche d'âge chez les plus jeunes, selon le bulletin épidémiologique de Santé Publique France au 25 mars 2020. (SANTE PUBLIQUE FRANCE)

Comment l'interpréter ? L'étude du taux de positivité permet de relativiser l'évolution de l'incidence à la hausse ou à la baisse en tenant compte du nombre de personnes dépistées. La semaine dernière, davantage de tests ont été effectués, mais une moindre proportion d'entre eux se sont révélés positifs.

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