Covid-19 : ce que l'on sait de l'immunité contre le virus après la parution de l'étude du CHU de Strasbourg
Après une infection au Sars-CoV-2, le risque d'être réinfecté est réduit de 97%, révèle une étude du centre hospitalier universitaire de Strasbourg, qui établit à 13 mois la durée de vie des anticorps dans l'organisme.
Une nouvelle encourageante dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 a été révélée jeudi 20 mai. Pendant plus d'un an, les équipes du CHU de Strasbourg se sont intéressées aux anticorps dirigés contre la protéine Spike (ou S) du virus Sars-CoV-2 et les résultats de leur étude montrent qu'ils persistent "jusqu'à 13 mois après l'infection". Les scientifiques révèlent également que la concentration de ces anticorps dans l'organisme permet de neutraliser le variant découvert en Angleterre, mais pas celui apparu en Afrique du Sud. Franceinfo vous résume les conclusions de cette étude.
Les anticorps persistent jusqu'à 13 mois…
Strasbourg a été l'une des premières villes touchées par l'épidémie en France. C'est en voyant affluer toujours plus de patients que l'idée de l'étude s'est imposée aux chercheurs du CHU, raconte à franceinfo la professeure Samira Fafi-Kremer, qui a piloté le projet. "De nombreux volontaires sont des membres du personnel hospitalier, qui a été lourdement touché par la maladie", souligne-t-elle.
Plus d'un an après le début des recherches, les scientifiques révèlent que les anticorps dirigés contre la protéine Spike du virus Sars-CoV-2 persistent "jusqu'à 13 mois après l'infection" dans l'organisme. Cette protéine fonctionne comme une clé qui permet au virus de pénétrer dans nos cellules.
Pour obtenir ce résultat, 1 309 personnes ont été suivies depuis avril 2020, dont 393 avaient déjà contracté le Covid-19. Selon le CHU, sur ce dernier groupe, "un an après l'infection, 97% des individus ont gardé leurs anticorps anti-S", dirigés contre la protéine Spike, et ce, quelle que soit la gravité de la maladie.
En comparant le nombre de réinfections survenues au cours de l'étude au sein de ce groupe avec le nombre de nouvelles infections au sein du groupe témoin de 916 personnes, les chercheurs calculent que le risque de contracter la maladie est "réduit de 96,7% chez les personnes anciennement infectées", grâce à "la persistance à long terme des anticorps anti-S".
"On a eu une phase d'inquiétude car pendant sept mois, le taux d'anticorps présents dans l'organisme des patients déjà infectés n'a cessé de diminuer. Mais finalement, il s'est avéré que le taux restant était suffisant pour lutter contre le virus."
Samira Fafi-Kremer, cheffe de service du laboratoire de virologie des hôpitaux universitaires de Strasbourgà franceinfo
Les chercheurs ont montré que les anticorps dirigés contre la protéine Spike baissent plus rapidement chez les hommes que chez les femmes, mais persistent chez presque tout le monde jusqu'à 13 mois après l'infection.
… mais sont impuissants contre le variant apparu en Afrique du Sud
Les scientifiques ont relevé que, treize mois après, la concentration de ces anticorps dans l'organisme permet de neutraliser "le virus sauvage" (la forme initiale du virus) et le variant apparu en Angleterre, mais pas celui apparu en Afrique du Sud. "On sait que la mutation du variant sud-africain lui permet d'échapper à l'anticorps", confirme Samira Fafi-Kremer.
La professeure souligne que selon l'étude, la vaccination, même à dose unique, "renforce la protection contre les variants en augmentant de manière significative" les quantités d'anticorps.
"Cette étude réalisée sur une grande cohorte fournit des informations cruciales sur la persistance des anticorps et sur le risque de réinfection, souligne Samira Fafi-Kremer. On comprend mieux la dynamique de l'épidémie, et si une dose de vaccin suffit, on peut espérer entrevoir la fin du tunnel."
L'étude va se prolonger
Les résultats de l'étude strasbourgeoise viennent appuyer ceux d'une étude italienne, parue début mai dans la revue académique Nature Communications (en anglais). Elle montre que les anticorps resteraient dans le sang pendant au moins huit mois et ce, "indépendamment" de la gravité de la maladie, de l'âge des patients ou de la présence d'autres pathologies.
L'étude a été réalisée en suivant 162 patients positifs au Sars-CoV-2 (67% d'hommes, 63 ans en moyenne) qui se sont présentés aux urgences de l'hôpital San Raffaele, à Milan, durant la première vague de l'épidémie en Italie. Les premiers échantillons de sang ont été recueillis au moment du diagnostic, en mars-avril 2020, les derniers fin novembre 2020.
L'étude du CHU de Strasbourg sera prolongée pour continuer le suivi à 18 mois et 24 mois pour mieux évaluer la dynamique des anticorps sur le long terme.
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