Covid-19 : "Il y a une vraie course à la recherche" de la chaîne de contamination, explique une infectiologue
L'infectiologue, à l'hôpital Saint-Louis à Paris, Anne-Claude Crémieux détaille : "Plus il y aura de patients détectés, plus la chaîne de contamination s'est éloignée du patient zéro, plus ce sera difficile de remonter cette chaîne"
Alors que 20 nouveaux cas de coronavirus Covid-19 sont détectés en France, portant leur nombre total à 38, l'infectiologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris Anne-Claude Crémieux estime vendredi 28 février sur franceinfo qu'il "y a une vraie course à la recherche" de la chaîne de contamination et du patient zéro à l'origine des 12 contaminations dans l'Oise.
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franceinfo : 38 cas de coronavirus sont détectés en France. Peut-on parler d'épidémie, à présent ?
Anne-Claude Crémieux : Je pense qu'effectivement il y a eu un tournant en France avec avant-hier l'annonce d'un foyer, en tout cas de nouveaux cas pour lesquels on ne retrouvait pas la notion d'un voyage qui laissait entendre qu'il y avait une chaîne de contamination active. Aujourd'hui, l'enjeu, c'est très clairement de remonter cette chaîne de contamination. Pour l'instant, on peut considérer qu'il y a une zone de transmission active dont on ne connaît pas encore l'ampleur et c'est tout le travail qui est fait aujourd'hui par l'Agence régionale de santé avec Santé publique France, c'est de pouvoir apprécier l'importance de cette zone de transmission. Plus il y aura de patients détectés, plus on peut imaginer que la chaîne de contamination s'est éloignée du patient zéro, et par conséquent plus ce sera difficile de remonter cette chaîne. Cette recherche est essentielle parce qu'évidemment tous les contacts peuvent à un moment donné déclarer la maladie, devenir contagieux, et à leur tour transmettre la maladie, donc il y a une vraie course à la recherche.
Dans cette course, ne faut-il pas élargir les critères de recherches ?
C'est exactement ce qui est posé comme question, élargir nos critères. Ca a été fait à partir d'hier où effectivement ces critères incluent aujourd'hui les cas de pneumopathie sévère. Concrètement, ce sont les patients qui sont hospitalisés en réanimation. Donc aujourd'hui, s'il y a une infection pulmonaire qui nécessite la réanimation, à ce moment-là effectivement le test va être fait systématiquement pour ne pas passer à côté de quelqu'un qui serait affecté par le coronavirus, à la condition bien sûr que cette pneumonie n'ait pas une cause autre évidente. C'est comme ça d'ailleurs qu'ont été repérés les premiers cas en Chine.
En Chine, le nombre de morts du coronavirus annoncé vendredi 28 février est au plus bas. L'épidémie est-elle en train de ralentir ?
Je crois que c'est une bonne nouvelle parce que ça signifie effectivement - ça fait depuis quelques jours que les chiffres baissent - qu'on a passé le pic et que vraisemblablement, les mesures qui ont été prises, toutes les mesures assez fortes qu'ont prises les autorités chinoises, ont été efficaces. On connaît bien, grâce à l'expérience des médecins en Chine, cette infection et on sait que dans la très grande majorité des cas, c'est une infection qui va guérir spontanément. On sait aussi comment essayer de se protéger, et aujourd'hui ce qui est important c'est que les gens qui présentent des symptômes, toux, etc., mettent un masque pour ne pas contaminer leurs proches. On sait que le fait de mettre un masque quand on a des symptômes est tout à fait efficace pour protéger ses proches.
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