"J'ai perdu mon emploi, je dois aller chercher de la nourriture dans la rue" : en Floride, la communauté latino-américaine fortement touchée par la crise du Covid-19
Dans le comté de Miami Dade, les services sociaux sont débordés. Chaque jour, une vingtaine de distributions de nourriture sont organisées pour venir en aide aux familles les plus précaires.
À l’arrière du centre social de Hialeah, situé dans le comté de Miami-Dade, en Floride, Jorge Gonzalez est en pleine distribution de poulets congelés qu’il sort d’un carton. Depuis le confinement lié au Covid-19, une fois par semaine, ce chef de chantier est volontaire pour une association caritative. "C'est plutôt une zone à faibles revenus, explique-t-il. Ici, il y a une communauté plus âgée, donc la plupart des gens qui viennent sont des personnes âgées. On voit aussi quelques jeunes", raconte-t-il.
Alors que les États-Unis semblent voir arriver un nouveau pic de contaminations au Covid-19, une étude du Pew research center (en anglais) révèle que les Latinos ont été plus touchés par le virus que d’autres communautés. Ce sont eux aussi qui se retrouvent le plus souvent sans emploi, parce qu’ils vivent de petits boulots dans l’hôtellerie ou la restauration. En septembre par exemple, 10% des Latinos étaient au chômage, contre 7% pour la population blanche.
"Je ne connais pas mon avenir"
Pendant plus d’une heure, les voitures défilent les unes derrière les autres, les conducteurs ne quittent pas leur volant. Jorge leur donne la nourriture par la fenêtre. Ernesto est venu avec sa femme. Tous les deux sont désormais sans travail depuis cinq mois. "Je suis chez moi depuis quatre ou cinq mois, enfermé tout le temps, explique-t-il. J'ai perdu mon emploi, je dois aller chercher de la nourriture dans la rue en faisant la queue, j'ai perdu beaucoup d'amis avec tous ces problèmes." Ce chef cuisinier de 42 ans doit gagner 5 000 ou 6 000 dollars "pour pouvoir vivre humblement" dans un petit appartement qui lui coûte 1 200 dollars quand son salaire est de dix dollars de l'heure, explique-t-il.
J'aime mon pays mais le Covid-19 a rendu les choses compliquées.
Ernestoà franceinfo
"Je ne connais pas mon avenir, confie Ernesto. Depuis six mois, le discours n'arrête pas de changer. Ils me disent une chose, puis une autre... Ils ont déjà baissé les aides, elles étaient de 600 dollars par mois, elles ont baissé à 300, ça n'est pas assez."
Dans cette période difficile, la religion joue aussi un rôle très important pour tisser du lien. À Miami, le pasteur Oscar Gomez a multiplié les distributions de nourriture. Il est débordé par la demande : "Avant la pandémie, on distribuait de la nourriture une fois par mois. Maintenant, c'est du mardi au dimanche. Nous avons 1 000 caisses à donner par jour et quatre à six kilomètres de files de voitures." Les familles qui repartent avec leur panier de 15 kilos rempli de de viande, de lait, de légumes peuvent ainsi vivre pendant deux jours et mettre un peu d’argent de côté pour payer leurs factures.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.