Covid-19 : la souffrance psychique, "une lame de fond", selon le directeur du pôle psychiatrie de l'hôpital Saint-Anne
Selon le dernier bilan de Santé Publique France, un tiers des Français présente un état anxieux ou dépressif.
"Nous ne voyons pas de vagues successives mais une lame de fond", a témoigné jeudi Raphaël Gaillard, directeur du pôle psychiatrie de l'hôpital Saint-Anne, professeur de psychiatrie à l'université de Paris, sur France Inter jeudi 30 décembre. "Cette lame de fond, c'est celle de la souffrance psychique, elle a une temporalité longue, c'est ça la souffrance des Français aujourd'hui", dit-il alors que selon le dernier bilan de Santé Publique France, un tiers des Français présente un état anxieux ou dépressif.
"Le taux de Français souffrant d'un trouble anxieux est deux fois plus élevé que ce que l'on observe habituellement. Pour la dépression, on parle de 6 points de plus et 70% des Français ont eu des troubles du sommeil", détaille Raphaël Gaillard. "Nous devons faire face à une demande considérable, et c'est d'autant plus difficile que nous manquons de moyen", précise-t-il avant de déplorer un appauvrissement de la psychiatrie, ces 40 dernières années.
"35 ans plus tard, nous avons trois fois moins de lits..."
Raphaël Gaillard, directeur du pôle psychiatrie de l'hôpital Saint-Anneà franceinfo
De plus en plus de jeunes souffrent de troubles psychiques, selon le professeur, "l'incertitude dans laquelle ils sont plongés depuis deux ans est insupportable", explique-t-il. "Nous avons parlé à l'excès de distanciation sociale alors qu'elle devrait être physique, poursuit Raphaël Gaillard. Pour un adolescent, construire sa propre identité, c'est aussi s'inspirer des autres en les voyant. Or nous observons une forme de dissolution du lien social, ce qui est terrible pour les jeunes."
Le point central est que cette lame de fond de souffrance psychique rencontre une réalité, selon Raphaël Gaillard, "le fait que les troubles psychiques sont extrêmement fréquents". Une personne sur cinq aura un épisode dépressif dans sa vie, la schizophrénie affecte 1% de la population général, la bipolarité, 2%. "La question de la santé mentale va devenir le risque systémique principal de notre société", explique le professeur de psychiatrie, "aujourd'hui nous n'avons pas assez de moyens" mais "je crois qu'il y a une prise de conscience globale de cet enjeu majeur".
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