Covid-19 : le think tank Terra Nova fait des propositions pour limiter les contaminations à l'école
Le groupe de réflexion alerte sur la propagation du virus en milieu scolaire et formule plusieurs propositions pour contrer l'épidémie à l'école.
Pour Terra Nova, le constat est sans appel : "Les enfants sont des vecteurs de transmission de l'épidémie, et l'école est impliquée dans sa diffusion." Dans un rapport (PDF) publié mercredi 17 février, le groupe de réflexion alerte sur la propagation du virus en milieu scolaire et formule des conclusions qui pourraient donner des arguments aux syndicats d'enseignants, inquiets en raison d'un nouveau protocole sanitaire allégé à l'école.
En s'appuyant sur les données d'une étude de l'Imperial College (Royaume-Uni) et les données hebdomadaires fournies par Santé publique France, le groupe de réflexion estime que le virus circule largement chez les enfants. Terra Nova a également repéré des chiffres issus de l'étude épidémiologique ComCor de l'Institut Pasteur. "En France, le risque d'être infecté est 30% plus élevé lorsque les enfants sont scolarisés en maternelle, au collège ou au lycée, et 40% plus élevé si les enfants sont en crèche", évalue le think tank. Enfin, "les grandes études citées plaident pour la reconnaissance de la contribution du milieu scolaire à la circulation du virus dans la population", insiste le rapport, qui pointe le danger lié à l'expansion des variants.
"La fermeture des écoles favorise les inégalités"
Le rapport ne préconise pas pour autant la fermeture des établissements scolaires, en raison des impacts négatifs d'une telle décision, à commencer par les pertes pour l'apprentissage des élèves. "On estime ces pertes à l'équivalent de deux à trois mois pour le premier confinement pour l'ensemble des élèves français", note Terra Nova. Il est trop tôt pour estimer les conséquences à long terme pour cette "génération Covid", mais le think tank considère qu'elles pourraient être surmontables. Il se base sur des études menées sur des bacheliers de l'année 1968 (dont les études ont été perturbées par les grandes grèves de Mai 68) et sur les élèves de la Nouvelle-Orléans, après le passage de l'ouragan Katrina.
En revanche "il est probable que les élèves les plus fragiles paieraient à terme le prix le plus élevé", estime le rapport. Dans les milieux défavorisés, les parents sont ainsi rarement en mesure de participer au soutien scolaire. Selon l'Insee, 35% des parents d'enfants de moins de 14 ans ont eu des difficultés à assurer leur suivi scolaire pendant le premier confinement. Résultat, "la fermeture des écoles favorise le développement des inégalités entre les élèves". Autre argument en faveur du présentiel, l'arrêt de l'école "peut avoir un impact psychologique sur les enfants", rappelle le rapport. Enfin, la fermeture des écoles peut s'accompagner d'un impact économique pour les parents qui se retrouvent dans l'impossibilité de travailler.
Trois axes pour freiner les contaminations
Pour lutter contre l'épidémie sans fermer les écoles, Terra Nova formule donc plusieurs propositions, estimant que "le protocole en vigueur ne suffit pas, à lui seul, à porter une stratégie de prévention efficace". Le rapport préconise d'abord de "permettre aux enfants et adolescents de devenir acteurs de la lutte contre l'épidémie". Il invite à s'inspirer des multiples exemples de la lutte contre le tabac et l'alcool, de l'éducation à la sexualité, de la dépendance aux écrans ou encore de la prévention routière. Pour faire passer un "message d'engagement solidaire", le rapport suggère de faire appel à des influenceurs, des vidéos didactiques, des quiz, des BD, des jeux…
Dans un deuxième temps, Terra Nova invite à mieux accompagner les enseignants, en première ligne pour faire respecter les gestes barrières en classe. Pour cela, Terra Nova propose de prévoir "un dispositif global de formation et de modules didactiques pour la classe concernant l'épidémie". Enfin, le rapport propose d'améliorer l'aération des salles, notamment avec le déploiement de capteurs de CO2 dans les classes. "Plus la concentration en CO2 est élevée dans une pièce, plus la charge d'aérosols pouvant transporter le coronavirus risque d'être importante", explique Terra Nova. Le rapport se termine sur une invitation à développer une stratégie de dépistage de masse à l'école.
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