Covid-19 : l’isolement des malades "est une partie de la solution, en attendant une approche vaccinale", estime le professeur Gilles Pialoux
"C’est peut-être l’assurance maladie qui peut contrôler l’isolement, comme elle contrôle les arrêts de travail", estime le chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris.
Au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron sur l’allègement progressif du confinement, le professeur Gilles Pialoux, chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris, estime mercredi 25 novembre sur franceinfo que l’isolement des malades "est une partie de la solution, en attendant une approche vaccinale". Pour lui il faut "une dose de contrainte et une dose de contrôle".
franceinfo : Emmanuel Macron dit vouloir assurer l'isolement des malades de manière plus contraignante, est-ce que c'est la solution pour vous ?
Gilles Pialoux : Disons que c'est une partie de la solution, en attendant une approche vaccinale. C’est aussi la reconnaissance qu’on a loupé ce trépied : isoler, dépister, tracer. En tout cas, on a loupé les deux première étapes, isoler et dépister. La bonne nouvelle c’est qu’on attendra pas plus de 24 heures le résultat d’un test de dépistage.
Il faut probablement quelque chose de proportionnel, avec une dose de contrainte et une dose de contrôle aussi.
Le professeur Gilles Pialoux, chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Parisà franceinfo
C’est peut-être l’assurance maladie qui peut contrôler l’isolement, comme elle contrôle les arrêts de travail. Et puis il faut savoir aussi que des gens ne peuvent pas s’isoler pour des raisons sociales. Quand on est cinq dans 40 m2, il n’y a pas la possibilité de l’isolement. Donc ce n’est pas seulement un problème de contrainte, c’est aussi un problème d’offre et d’accompagnement.
Pour vous, la stratégie de déconfinement en trois étapes proposée par le président est-elle la bonne marche à suivre ?
C’est le temps et les chiffres qui vont donner l'efficacité. C'est toujours difficile de mesurer l'impact d'une mesure précise, puisque plein de mesures se mélangent. Et là, on va voir, par exemple, l'impact différentiel de la période de couvre feu et de la période de confinement. Ça sera très intéressant à observer pour les périodes qui se préparent. Effectivement, on est dans une période de transition, c'est un discours entre le "vivre avec" et on espère, le "vivre sans" à partir du moment où on aura une politique vaccinale, qui a été déclinée en partie mardi.
Sur la politique vaccinale, le président a précisé que le vaccin ne sera pas obligatoire et qu’il sera administré en priorité aux personnes fragiles. Est-ce que c’est la bonne stratégie pour vous ?
Malheureusement, je pense que c'est une ligne insuffisante et j'espère que la Haute Autorité de santé va donner un avis qui soit plus complet que ça. Parce que bien sûr, tout le monde est d'accord, il faut vacciner les personnes les plus fragiles. Je rappelle quand même que globalement, quand on prend la liste du Haut comité de santé publique, c'est autour de 23 millions de personnes. Donc c’est beaucoup de monde, beaucoup d'organisation. Mais il manque dans le discours politique actuel la question de vacciner les soignants. On ne peut pas imaginer que les soignants, que ce soit le médecin généraliste, le médecin d’Ehpad, le médecin hospitalier, puissent appliquer une politique de vaccination, sans être lui-même vacciné. Je pense qu’il faut montrer l’exemple, avec un didactisme, et même une médiatisation, que les gens les plus en vue dans la recherche contre le Covid-19 se vaccinent, sur la base du volontariat bien sûr.
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