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Covid-19 : "On travaille avec la boule au ventre", éboueurs ou caissières, les travailleurs de la "deuxième ligne" se sentent abandonnés

Remerciés lors du premier confinement par le gouvernement et les Français, ces salariés exposés au risque de contamination n'ont pas reçu la prime qui leur avait été promise. Ils estiment également ne pas être suffisamment protégés.

Article rédigé par franceinfo - Valentin Houinato
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des éboueurs à Paris, le 15 décembre 2020. (BENO?T DURAND / HANS LUCAS)

Caissières, éboueurs, agriculteurs, agents de sécurité...Tous ont continué à travailler depuis l'arrivée du Covid-19. Emmanuel Macron avait remercié ces travailleurs dits de la "deuxième ligne" (les soignants constituant la première ligne) en mars dernier. Le gouvernement leur avait aussi promis une revalorisation (salaires, primes, perspectives d'évolution). Mais depuis 10 mois, ces travailleurs ne voient toujours rien venir.

Alors que Paris dort encore en ce matin de janvier, des hommes en uniforme vert et vestes jaunes fluo s'activent déjà dans les rues. "On collecte les ordures ménagères", explique Jamal. Six heures du matin, c'est le début de sa tournée quotidienne. Cela fait huit ans qu'il est éboueur mais depuis l'arrivée du coronavirus, il se sent sacrifié. "On travaille avec la boule au ventre. On n'est pas rassurés par notre hiérarchie. Il n'y a pas de transparence sur les cas avérés."

Des éboueurs qui se sentent sacrifiés

L'inquiétude des éboueurs est légitime, selon Julien du syndicat Force Ouvrière. Car dans les faits, le taux de contamination au Covid-19 est très élevé chez les agents. "Sur un atelier de 25 éboueurs, il y a eu à peu près 70% de personnes contaminées. En exposant les agents à 100% alors que lors du premier confinement on était à effectif réduit, on va susciter plus de risque d'attraper le virus", accuse le syndicaliste.

Pas de revalorisation salariale non plus chez ces éboueurs parisiens. Julien a bien perçu 35 euros en plus par jour travaillé lors du premier confinement, mais depuis "les primes ont disparu", déplore le responsable syndical. Autre manque de reconnaissance pour Julien : ses supérieurs ont touché une prime de plus de 300 euros alors qu'ils n'étaient pas sur le terrain.

"Eux ont été en télétravail et on leur a donné une prime pour avoir bien géré alors que c'est nous qui ramassions les ordures."

Julien, éboueur, syndicalisé FO

à franceinfo

"Il semble légitime que nous aussi on touche cette prime", estime Julien.

Dans les supermarchés, les "mauvaises habitudes" sont de retour

Dans les allées d'un supermarché de la capitale, Patricia Virfolet aussi a l'impression que la reconnaissance de son métier de chargée de rayon a été éphémère. "Lors du premier confinement au mois de mars, on a été perçus par les clients et la direction comme les rois du monde, tout le monde nous aime, heureusement qu'on est là... Et après le déconfinement, tout le monde est revenu à ses mauvaises habitudes, on est des gens pour mettre en rayon et pour la direction on est revenu à la normale, pas de revalorisation des salaires."

Le ministère du Travail assure qu'il y aura bel et bien une revalorisation de ces métiers de la "deuxième ligne". Des négociations branche par branche se tiendront dans l'année.

Les travailleurs de la "deuxième ligne" : reportage de Valentin Houinato

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