Covid-19 : on vous explique pourquoi un léger rebond épidémique s'amorce en France
Les derniers chiffres de Santé publique France montrent une légère remontée du nombre de cas de Covid-19. En cause, le relâchement des mesures sanitaires et la progression de sous-variants.
Après la pente vient le replat. La chute quasi continue du nombre de cas de Covid-19, engagée en France depuis le 1er avril, se transforme en plateau. La dynamique s'est même inversée. Santé publique France recensait 25 172 cas positifs samedi 4 juin, en hausse de 6,7% sur sept jours. Le taux de positivité des tests présente lui aussi un léger rebond (+3,3%), tandis que les admissions à l'hôpital et le taux de mortalité poursuivent leur décrue. "Il semble que l'on reparte sur une nouvelle vague", a résumé vendredi 3 juin sur franceinfo le professeur Antoine Flahault, épidémiologiste à l'université de Genève.
"Il est sans doute un peu tôt pour se prononcer" sur la hauteur de ce rebond, tempère sa consœur Dominique Costagliola. Mais la directrice de recherches à l'Inserm "constate effectivement une hausse du nombre de cas diagnostiqués ces derniers jours, qui ne s'explique pas seulement par le report des diagnostics dû au week-end de l'Ascension. Et comme on teste peu, il y a probablement bien plus de cas que ce que l'on détecte."
Les sous-variants BA.4 et BA.5 en progression
Alors comment expliquer cette tendance haussière ? La fin des restrictions sanitaires peut constituer une première réponse, selon Yves Buisson, épidémiologiste et président de la cellule Covid-19 de l'Académie nationale de médecine. "Les mesures barrières, comme [l'obligation du] port du masque, ont peut-être été levées un peu précocement", juge-t-il. Au-delà de la mesure elle-même, "on a l'impression que les risques sont derrière nous et qu'on ne craint plus grand-chose, ce qui peut favoriser le relâchement."
Le risque d'une nouvelle vague est d'autant plus pris au sérieux que les variants préoccupants BA.4 et BA.5 progressent sur le territoire. A ce jour, ces deux sous-variants d'Omicron représentent toujours une part minoritaire des infections en France, mais en augmentation rapide. Dans son point épidémiologique du 2 juin, Santé publique France note que BA.4 et BA.5 représentaient respectivement 0,5% et 1,5% des contaminations séquencées entre le 9 et le 15 mai. Puis 0,8% et 5% la semaine suivante. La mutation L452R, commune à ces deux variants, a ensuite été détectée dans 12% des cas séquencés
Cette progression peut s'expliquer par la transmissibilité "plus importante" de ces sous-variants, selon Yves Buisson. Ils sont aussi déjà responsables des dernières vagues enregistrées dans d'autres pays, comme l'Afrique du Sud et le Portugal, souligne SPF. "La vague qui a touché le Portugal durant le mois de mai a visiblement atteint son pic, resté en dessous de celui des vagues précédentes", rassure Dominique Costagliola.
Une meilleure protection grâce aux sous-variants précédents ?
Les spécialistes s'interrogent aussi sur l'immunité acquise par les pays ayant subi une vague de BA.2, dont la France, face à l'émergence de BA.4 et BA.5 qui sont génétiquement proches. "Est-ce que la vague BA.5 au Portugal est si importante parce qu'ils n'ont pas eu de vague BA.2, contrairement à la plupart des pays européens ? Et, en conséquence, est-ce que la France, qui a eu une vague BA.2, sera mieux protégée face à l'arrivée de BA.4, BA.5 ?" s'interroge dans Le Monde Arnaud Fontanet, médecin épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du conseil scientifique. Pour Dominique Costagliola, l'avantage risque d'être minime : "Il semble qu'Omicron et ses sous-variants créent des défenses immunitaires assez faibles."
Reste la question de l'impact de cette hausse des cas positifs sur le nombre d'hospitalisations. Dans son rapport sur les variants émergents daté du 18 mai, Santé publique France relevait que "si le nombre d'hospitalisations [était] en augmentation" en Afrique du Sud après l'émergence de ces sous-variants, "il [restait] à des niveaux inférieurs aux vagues précédentes". Mais Dominique Costagliola relève qu'"au Portugal, la part des cas positifs hospitalisés était plus élevée."
Les spécialistes interrogés continuent d'insister sur l'intérêt de la vaccination pour limiter la gravité de la nouvelle vague qui se dessine. Pour limiter les risques de forme grave de la maladie, il n'est pas trop tard pour recevoir une première dose. Et même s'il n'est plus obligatoire, le port du masque dans les lieux clos reste recommandé par les scientifiques pour éviter une nouvelle infection.
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