Déconfinement : comment Paris se prépare à la rentrée des classes, repoussée au 14 mai
Pas plus de 15% des élèves de la capitale pourraient être accueillis dans les écoles le 14 mai. La mairie et le rectorat soulignent l'"impératif de sécurité sanitaire absolue".
Une rentrée, certes, mais pas pour tous les petits Parisiens. Les enseignants de la capitale feront bien leur retour à l'école le 11 mai, comme partout en France. Mais les élèves, eux, sont attendus à partir du jeudi 14. Il s'agit de "donner le temps aux écoles de s'organiser", selon un courrier du directeur de l'académie de Paris envoyé aux chefs d'établissement. Autrement dit : leur donner du temps pour que ces derniers puissent assurer "des conditions de sécurité sanitaire maximale" dans leurs locaux, malgré l'épidémie de coronavirus.
Dans deux interviews données au Parisien, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et le recteur d'académie, Gilles Pécout, détaillent la façon dont va s'organiser cette "rentrée" si particulière. Anne Hidalgo a certes cosigné l'appel de 316 maires d'Ile-de-France dénonçant un "calendrier intenable et irréaliste" et demandant un report de la reprise. Mais la maire et le représentant de l'Education nationale à Paris affirment travailler main dans la main à la réouverture des écoles. Un communiqué commun du rectorat et de la Ville a d'ailleurs été publié ce mardi pour en préciser les modalités.
Communiqué de la Maire de Paris et du Recteur de Paris - Réouverture progressive des écoles à Paris : pré-rentrée du 11 au 13 mai, rentrée des élèves à compter du 14 mai ⬇️https://t.co/c9usIOMOCW pic.twitter.com/k9bw9dFWw9
— Académie de Paris (@Academie_Paris) May 5, 2020
Quels sont les élèves prioritairement concernés par la reprise ?
"Les enfants dont les familles le souhaiteront seront accueillis à partir du jeudi 14 mai dans leur école de secteur, selon des conditions de nombre et dans la limite de la capacité d'accueil fixée par établissement pour faire respecter l'ensemble des règles préconisées par le protocole sanitaire", écrivent la mairie et le rectorat. Le principe du volontariat, décidé au niveau national, est donc la règle. Mais avec des classes limitées à une dizaine d'élèves, tous ne pourront pas revenir en cours.
Trois catégories d'enfants seront donc prioritaires pour retrouver le chemin de l'école le 14 mai. D'abord les enfants dont les parents travaillent dans des secteurs indispensables à la gestion de la crise. Jusqu'à présent, les enfants de soignants ou de policiers, par exemple, étaient déjà accueillis. La liste des professions concernées va être élargie notamment aux enseignants, personnels municipaux, agents SNCF et RATP...
Deuxième catégorie prioritaire : les élèves issus de familles en fragilité ou vulnérabilité sociale et scolaire. Il peut s'agir d'enfants en situation de handicap, pris en charge dans le cadre de la protection de l'enfance, ou bien qui ne peuvent pas suivre leurs cours à la maison et en risque de décrochage scolaire, précise le communiqué. Une "attention particulière" sera donnée aux écoles situées en zone d'éducation prioritaire.
Enfin, les élèves de grande section de maternelle, de CP et de CM2, considérées comme "classes charnières", pourront eux aussi revenir en classe, "dans une logique pédagogique". Et donc "indépendamment de leur situation sociale ou de la profession de leurs parents".
Toutes les écoles vont-elles rouvrir ?
Les 652 écoles parisiennes ne rouvriront pas forcément toutes. C'est, in fine, le préfet de Paris et d'Ile-de-France qui fixera la liste des établissements qui rouvriront et accueilleront des enfants à partir du 14 mai. Conséquence : certains élèves pourraient éventuellement être amenés à se rendre dans un autre établissement que le leur.
D'ici là, chaque directeur d'école a été chargé d'un état des lieux des besoins et des forces en présence. De nombreuses familles ont ainsi reçu un mail leur demandant si elles envisageaient de confier leur(s) enfant(s) à l'école à partir du 14 mai. La même démarche a été entreprise auprès des enseignants. La mairie de Paris, elle, interroge les personnels dont elle a la charge (Atsem, agents d'entretien, animateurs, personnels des cantines) pour savoir s'ils pourront revenir travailler.
Une fois ces remontées de terrain effectuées (attendues mercredi ou jeudi), un plan d'accueil école par école sera décidé, et les parents sauront si leurs enfants pourront, oui on non, être accueillis. "Le nombre de classes ouvertes le 14 mai sera déterminé par ce travail d'échanges", explique-t-on au rectorat. "L'idée est de commmencer très prudemment. On ne pourra pas accueillir tous les enfants", prévient Patrick Bloche, adjoint à la maire de Paris en charge de l'éducation, de la petite enfance et des familles.
Il se peut que dans certains quartiers, on se trouve dans l'impossibilité d'accéder aux demandes des familles.
Patrick Bloche, adjoint à la maire de Parisà franceinfo
Dans son interview au Parisien, Anne Hidalgo estime qu'un maximum de 15% des élèves pourront être accueillis la semaine prochaine. "C'est un cap déjà très important : 15%, cela représente 20 000 élèves", précise Patrick Bloche, alors que seuls 1 500 élèves sont aujourd'hui accueillis dans 65 écoles de la capitale. Interrogé par franceinfo, le recteur d'académie ne reprend pas à son compte ce chiffre de 15%. "Nous ne le confirmons pas, nous ne l'infirmons pas. Pour l'instant, nous attendons les remontées", déclare Gilles Pécout, qui espère que toutes les écoles de la capitale pourront rouvrir.
Comment va s'organiser l'accueil des élèves ?
"L'impératif de sécurité sanitaire absolue est une condition sine qua non du retour progressif à l'école", expliquent le rectorat et la mairie. Concrètement, les enfants ne pourront être accueillis qu'au sein de classes aux effectifs réduits. La limite de 15 enfants par classe, imposée au niveau national, sera durcie à Paris, où le virus circule davantage que dans le reste du territoire. Les groupes seront donc "le plus souvent limités à 10-12 pour les écoles élémentaires, et inférieurs à 10 enfants pour les écoles maternelles".
Pour permettre aux enseignants et aux personnels périscolaires de préparer au mieux cette rentrée, trois jours de prérentrée sont programmés les 11, 12 et 13 mai. Ce ne sera pas de trop, tant la tâche semble délicate. Pendant ces trois jours, les équipes seront invitées à "s'approprier les consignes sanitaires, échanger sur les expériences d'enseignement à distance, adapter leur projet pédagogique et d'ateliers périscolaires en fonction de la situation de leur école, et bénéficier le cas échéant d'une écoute et d'un soutien psychologique".
Les services municipaux devront aussi assurer le nettoyage des locaux, distribuer des kits de protection avec gel hydroalcoolique et masques, ou encore réorganiser les salles de classe, notamment à l'aide d'un marquage au sol. A partir du jour J, les enfants ne pourront pas tous se retrouver ensemble devant les grilles de l'école. Pour éviter les attroupements serrés, des espaces publics pourraient donc être piétonnisés.
Enfin, les agents municipaux intervenant dans les écoles pourront faire l'objet d'un dépistage au Covid-19 "sur la base du volontariat", explique Anne Hidalgo. Selon la maire de Paris, les parents qui souhaiteraient faire dépister leur enfant pourront faire appel à la médecine scolaire.
Quand une réouverture plus large pourra-t-elle s'opérer ?
La réouverture des écoles est imaginée de façon "progressive", ce qui sous-entend qu'à terme, les établissements scolaires pourraient rouvrir de façon plus large. Mais avant toute décision, "un point d'étape sera effectué après quinze jours afin de dresser un premier bilan des conditions de scolarité et des capacités d'accueil", indiquent le rectorat et la mairie.
C'est aussi l'évolution de l'épidémie dans la capitale, imprévisible, qui guidera les mesures prises par la suite. "Si la situation sanitaire évolue favorablement, on pourra élargir l'accueil. Mais dans le cas contraire, si des clusters se créent dans les écoles, cela sera remis en cause", souligne Patrick Bloche.
L'élu assure qu'avec un ratio de 8 à 12 élèves par classe, l'accueil restera forcément limité : "A mon avis, nous ne pourrons accueillir au maximum qu'un tiers des élèves." Quoi qu'il arrive, l'année scolaire ne retrouvera donc pas son cours normal.
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