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Témoignages Nouvel An : ils ne fêteront pas le réveillon à cause du Covid-19 et ça les arrange

Article rédigé par franceinfo - Marianne Chenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
A une grosse soirée de réveillon, exclue en raison de l'épidémie, certains préfèrent du champagne et un bon petit plat en famille devant la télé. (MAXPPP)

La pandémie fournit à certains l'occasion rêvée pour échapper à une fête qu'ils ne portent pas dans leur cœur : le réveillon de la Saint-Sylvestre.

"Enfin, je suis comme tout le monde !" s'extasie Marie-Claire. Cette année, pas de remarques désobligeantes, pas de sollicitations des amis ou de la famille. Cette femme de 59 ans peut enfin esquiver le réveillon sans essuyer les critiques. Merci les restrictions sanitaires. Pour elle, le passage à 2021, ce sera à la maison et, qui sait, elle n'attendra peut-être même pas les douze coups de minuit pour aller se coucher. Comme Marie-Claire, vous êtes nombreux à être soulagés de ne pas fêter la nouvelle année en grande pompe, bien cachés derrière l'excuse du Covid-19. Vous avez été plus d'une centaine à répondre à notre appel à témoignages. Voici les réponses de six d'entre vous.

"Nos amis nous mettent la pression"

Fonctionnaire en Haute-Saône, Marie-Claire a "tout essayé" : boîtes de nuit, soirées entre amis, dîners, salles des fêtes… "Rien ne me convenait vraiment. J'ai décidé d'arrêter de me forcer. Mais en refusant de faire le Nouvel An, on casse un rite et on est regardé bizarrement." Ce qu'elle préférait finalement, c'était lorsqu'elle passait son réveillon à la montagne et profitait des pistes vides au matin du 1er janvier. Désormais, plus question de céder : "Personne ne se pose la question de pourquoi on fête cela. Mais moi, j'ai autre chose à faire de ma vie."

"On a l'impression qu'il faut aimer ce moment et être heureux." A 23 ans, Simon est lui aussi soulagé d'échapper à cette injonction de faire la fête. "Ça commence dès octobre ou novembre, alors qu'on n'a pas envie de penser à faire la fête à ce moment-là. C'est vraiment pesant. Les amis nous mettent la pression pour qu'on vienne. Si on refuse, on est mal vus. On n'est pas drôles ou on ne sait pas s'amuser." Une pression sociale que le Francilien ne vit pas toujours bien, surtout à l'heure de la crise sanitaire. "Depuis le mois de mars, c'est assez risqué, voire dangereux de se réunir. On n'a plus l'esprit à la fête. C'est une bonne excuse, on ne sera pas embêtés", avoue le jeune intérimaire.

Les grandes fêtes, celles "où l'on attend que le temps passe, un gobelet à la main", ne passionnent pas non plus Alexandre, 24 ans. L'an dernier, le groupe d'amis avec lequel il se trouvait "a passé la soirée à se plaindre. On a fini dans une fête emplie d'inconnus. C'était complètement chaotique." Pas la peine de réitérer l'expérience. Cette année, cet étudiant en informatique fêtera cela en famille, lui aussi en banlieue parisienne.

Se faire plaisir plutôt que faire plaisir

Si, les années précédentes, certains ont vécu des réveillons décevants, il sera encore plus compliqué de célébrer le Nouvel An cette année. Entre le couvre-feu qui débutera à 20 heures et les recommandations du gouvernement de ne pas se réunir, les perspectives sont restreintes. Mais pour ces "anti-réveillon", pas de problème. Derrière le respect des règles sanitaires, ils peuvent enfin passer la soirée comme ils l'entendent, sans avoir à décliner les invitations ni essuyer les "Tu ne vas pas le fêter tout seul quand même ?" désobligeants.

C'est le cas d'Adénora, qui s'apprête à fêter ses 31 ans le 1er janvier. Pour cette native du tout début de l'année, la Saint-Sylvestre a toujours été une épreuve. Difficile de dire qu'on ne veut rien faire lorsque, contrairement aux autres, on a une deuxième raison de faire la fête ce jour-là. "Par pression sociale, j'ai plusieurs fois fait de grosses soirées pour le jour de l'An. Sauf qu'ensuite, je me couchais tard et je ne profitais même pas de ma journée d'anniversaire." Elle qui préfère calmement patienter jusqu'au lendemain sort cette année "la carte Covid-19". "Je protège les retraités", plaisante-t-elle. Et sans regrets : "Si ce n'était pas mon anniversaire, je crois que je n'attendrais même pas minuit pour aller me coucher !" assume la trentenaire.

En Alsace, Loïc non plus ne se couchera pas tard. Père d'un enfant de 2 ans, il compte ses heures de sommeil. Et il ne veut pas "faire une soirée qui [lui] en ferait perdre. Ce serait un mariage, une occasion unique, on réfléchirait peut-être un peu plus. Mais là, aucun intérêt." Musicien amateur, il a longtemps passé ses réveillons dans des soirées, bien occupé à faire l'animation. "Aujourd'hui, on n'a plus envie de ça. Même dans mes amis, le fait que je renonce au Nouvel An suscite de moins en moins d'interrogations." Avec sa femme, ils n'hésiteront pas pour autant à commander un bon repas chez le traiteur et à s'habiller "un peu mieux qu'à l'accoutumée" pour dire au revoir à l'année 2020. "Ça fait partie de nos plaisirs", souligne cet informaticien de 33 ans.

Champagne et gnocchis aux brocolis

A deux ou en famille, reste quand même le souhait de marquer le coup. Comme la plupart de nos témoins, Adénora compte bien ouvrir une bouteille de champagne avec sa compagne, pour célébrer "la fin de cette mauvaise année", plaisante-t-elle. Mathilde, 41 ans, a demandé à son mari et à son fils ce qu'ils souhaitaient pour cette soirée, qui demeure particulière à leurs yeux. "Mon fils veut des gnocchis aux brocolis, il les aura ! L'important, c'est vraiment de se faire plaisir, sans la pression de recevoir du monde, d'avoir deux entrées et trois desserts." Avec les intempéries qui s'abattent sur les Landes et le Gers, là où elle réside, Mathilde est d'autant plus heureuse de ne pas avoir à se déplacer. Pour cette gérante d'un commerce de boissons, le réveillon du Nouvel An était presque devenu "une compétition" les années précédentes : les photos des tenues, des plats, des soirées des uns et des autres s'échangeaient sur WhatsApp. "On a presque honte de dire qu'on ne fait rien habituellement. Ça renvoie l'image de gens casaniers, pas sociables. Alors qu'on est très heureux devant la télé avec des huîtres et du champagne."

Pas de grande soirée, pas d'appels et SMS frénétiques une fois sonnés les douze coups de minuit. Alexandre attendra le lendemain matin pour répondre à tous les messages reçus. Il profitera de la soirée pour "repenser à l'année écoulée et appréhender celle qui arrive. Ça fait du bien de se recentrer sur soi aussi." Pour cela, Marie-Claire a créé son propre rituel. Elle se rend chaque 1er janvier dans une forêt près de chez elle avec son mari. Ils y choisissent un "arbre du Nouvel An" qu'ils trouvent "particulièrement remarquable". En 2020, c'était un hêtre, symbole de patience. Peut-être qu'en 2021, elle choisira un chêne, symbole de force et de vie. 

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