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En Iran, le gouvernement durcit les mesures pour faire face à la propagation du coronavirus

Les déplacements vont être interdits dans tout le pays y compris les rassemblements dans les parcs compte tenu de l'épidémie de coronavirus qui a fait plus de 2.000 morts dans le pays. 143 décès ont encore été enregistrés ces dernières 24 heures. L’Iran est l’un des pays les plus touchés dans le monde après la Chine, l’Italie et l’Espagne.

Article rédigé par franceinfo, Valérie Crova
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président iranien Hassan Rouhani aux côtés du vice-président Eshaq Jahangiri, le 25 mars 2020 à Teheran (Iran). (- / IRANIAN PRESIDENCY)

Les autorités iraniennes ont décidé d'interdire les déplacements dans tout le pays, y compris les rassemblements dans les parcs, compte tenu de l'épidémie de coronavirus qui a fait plus de 2 000 morts dans le pays. Au total, 143 décès ont encore été enregistrés mercredi 25 mars. L’Iran est l’un des pays les plus touchés dans le monde après la Chine, l’Italie et l’Espagne.

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Des mesures qui arrivent bien tard. Les autorités avaient jusqu’à présent invité les Iraniens à prendre une décision "en toute conscience" sur leur déplacement ou leur visite familiale, pendant les congés de Norouz, le Nouvel An iranien, qui ont commencé la semaine dernière et qui se termineront le 3 avril. C’est traditionnellement l’occasion d’une vaste migration pour les habitants de Téhéran par exemple qui ont de la famille en province. Il faut savoir que jusqu'au 19 mars, avant que les fêtes ne commencent, les bazars et les centres commerciaux étaient encore ouverts pour permettre aux gens de faire leurs courses. Les risques de contamination étaient très importants. Malgré ces risques, la République islamique a refusé d'imposer des mesures de quarantaine ou de confinement strictes à la population.

Cinq anciens ministres de la Santé ont adressé une lettre au président Rohani pour lui demander de ne pas jouer avec la vie du peuple et d’empêcher les déplacements et les voyages inutiles. C’est donc ce qui a été décidé mercredi 25 mars, cinq semaines après le début de l’épidémie qui a officiellement commencé le 19 février, au moment des élections législatives, mais qui pourrait avoir commencé plus tôt si l’on en croit le vice-ministre de la Santé, lequel a admis que la maladie était probablement dans son pays depuis le mois de janvier.

Des doutes sur le bilan officiel

Il y a également des doutes sur les chiffres communiqués par les autorités iraniennes sur le nombre des victimes et des personnes infectées. Selon le dernier bilan officiel, l'épidémie de coronavirus a causé la mort de 2 077 personnes en Iran et plus de 27 000 personnes ont été contaminées. Les autorités iraniennes pourraient sous-estimer les chiffres volontairement pour dissimuler la gravité de cette crise sanitaire.

Mais surtout, elles semblent avoir sous-estimé le démarrage de la crise dans la ville religieuse de Qom, située à 160 km de Téhéran. Une ville où se trouve le sanctuaire de Fatima visité par des dizaines de milliers de pélerins chiites et où vivent plusieurs centaines d'étudiants chinois. Or, c’est là que le premier décès a été enregistré à la mi-février : celui d'un commerçant iranien qui rentrait de la ville chinoise de Wuhan. Le sanctuaire n’a été fermé que le 16 mars dernier tout comme les autres lieux saints. Entre l’apparition du premier cas et la fermeture des sanctuaires, on a pu voir des vidéos surréalistes de pèlerins iraniens embrassant les grilles des sanctuaires pour montrer qu’ils n’avaient pas peur du coronavirus, faisant fi de toutes les mesures élémentaires de protection.

L'aide humaintaire rejetée

Au-delà des chiffres, l’épidémie de coronavirus en Iran révèle également de vieux réflexes anti-occidentaux : le guide suprême a rejeté l’aide humanitaire proposée par les États Unis, dimanche 22 mars. Ali Khameini a qualifié les dirigeants américains de "charlatans" et de "menteurs" selon la rhétorique habituelle.

Plus grave : l'Iran a refusé au dernier moment le déploiement d'une équipe de Médecins Sans Frontières (MSF) qui souhaitait mettre en place un hôpital gonflable de 50 lits et une équipe d'urgence à Ispahan, la troisième ville d'Iran, pour soulager la pression sur le système de santé local. Mais les ultra-conservateurs, qui ont remporté les élections législatives et sont désormais majoritaires au Parlement, se sont répandus dans la presse et sur les réseaux sociaux, accusant le personnel de MSF d’être des espions. Or, tout le matériel a déjà été acheminé par avion en Iran. L’ONG a fait savoir qu’elle était prête à redéployer rapidement son équipe d'urgence et son matériel dans d'autres pays de la région qui en auraient besoin.

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