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En route vers Paris 2024. Redevenir un athlète

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, est en pleine sélection pour les JO de Tokyo, des Jeux aujourd'hui reportés à 2021. Elle nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un athlète de haut niveau.

Radio France
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La préparatrice Anne-Laure Morigny teste Laurence Epée, la championne d'Europe par équipe d'épée (CECILIA BERDER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Après avoir voyagé à Fontainebleau la semaine passée, nous voilà de retour à domicile dans notre centre d'entrainement. Plus précisément à la cellule réathlétisation de l'INSEP. Pour cette rentrée post confinement, l'institut a proposé à l'ensemble de ses pôles de réaliser une batterie de tests. L'occasion de redevenir des athlètes dans les meilleures conditions.

On s'est ainsi retrouvé à la Halle Maigrot, au cœur de l'ancien vélodrome. Le cadre en impose sauf que, pour des raisons sanitaires, le ventilateur est coupé et même si les tests n'étaient pas physiquement difficiles, sous les masques, il y fait très chaud. Après chaque atelier, nous devions laver avec des lingettes désinfectantes toute trace de notre passage.

Évaluation de la motivation à reprendre la compétition

Durant 40 minutes, Thierry Dumaine, le responsable de l'unité de l'accompagnement à la performance entouré de préparateurs physiques de l'INSEP, nous ont testé. On a d'abord répondu à un questionnaire pour évaluer notre anxiété et notre motivation à reprendre l'entrainement et la compétition.

Ensuite on a réalisé de nombreux exercices posturaux où le préparateur a joué avec notre équilibre, nous a regardé marcher, a testé notre souplesse et notre gainage. Le but est de définir un profil psychomoteur dynamique. Ce portrait permet d'identifier nos points faibles qu'on pourra renforcer, à distance des compétitions, et nos points forts qu'on devra activer, à l'approche d'une échéance. L'équipe de spécialistes nous a expliqué qu'en situation de stress ou lorsque l'instinct de survie s'active, on se repose spontanément sur ses points forts.

L'épéiste Marie Florence Candassamy en plein test de gainage, au coeur du vélodrome de l'INSEP. (CECILIA BERDER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Dans quel but ?

À travers ces tests, j'ai appris que je suis "terrienne". À l'inverse des personnes "aériennes", j'aime puiser l'énergie par le sol. Mon œil moteur est le gauche. Ma chaîne musculaire dominante se trouve à l'avant de mon corps. Mon profil est de type horizontal, ce qui veut par exemple dire que mon coude se désaxe plus facilement qu'un profil vertical.

Évidemment, ces tests ne vont pas révolutionner notre pratique de l'escrime mais ils ont le mérite de nous permettre de mieux nous connaître. On pratique le même sport dans les mêmes conditions depuis des années avec mes collègues sabreuses, mais on avait malgré cela des profils assez différents. Ce type de tests permet ainsi de donner des préconisations aux entraîneurs et d'individualiser les préparations physiques.

Profiler ses adversaires

Grâce à son analyse, la préparatrice physique, Anne Laure Morigny, a réussi à connaître mes cibles préférentielles et les zones de mon corps où je suis le plus vulnérable. Elle n'est pourtant pas spécialiste du sabre. Selon cette méthode, il est aussi possible à travers une vidéo d'analyser et de profiler de la même façon son adversaire.

Ces données paraissent très intéressantes et représentent une belle découverte. Durant une année normale, où la logistique des compétitions peut parfois tout emporter, on n'avait encore jamais pris le temps de réaliser ces tests. Sauf qu'aujourd'hui, en l'absence de calendrier, on a le temps d'écouter, de mieux comprendre notre corps et de redevenir des athlètes.

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