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Epidémie de Covid-19 : les passagers du "MS Westerdam" recherchés à cause d'une Américaine porteuse du virus

Pour eux, c'est la fin d'une longue errance en mer, mais des interrogations demeurent sur le sort des premiers passagers rentrés dans leurs pays.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le "MS Westerdam" au large de Sihanoukville (Cambodge), mercredi 19 février 2020. (TANG CHHIN SOTHY / AFP)

Le Covid-19 s'est-il diffusé dans le monde après l'accostage du MS Westerdam au Cambodge ? Alors que les derniers passagers du paquebot de croisière, tous testés négatifs au coronavirus, ont pu débarquer, mercredi 19 février, au Cambodge, des doutes subsistent.

Parti le 1er février de Hong Kong, ce navire de croisière devait voguer jusqu'au Japon, mais les autorités du pays lui ont refusé l'accès à ses ports, après la découverte de plusieurs cas de contamination dans l'ancienne colonie britannique. L'équipage a ensuite essuyé des refus similaires à Taïwan, aux Philippines, sur l'île américaine de Guam et en Thaïlande.

Arrivée en grande pompe au Cambodge

A bord, les passagers ne sont pas confinés en cabine, mais l'ambiance est morose. "J'aimerais que quelqu'un nous autorise à débarquer et qu'on prouve qu'il n'y a pas de coronavirus. Nous sommes tous très inquiets", témoigne une touriste américaine, Angela Jones. Les autorités thaïlandaises se disent prêtes à fournir carburant, médicaments et nourriture au navire. C'est finalement au Cambodge, dans le port de Sihanoukville, que le Westerdam accoste. Le feu vert est donné mercredi 12 février. Des médecins montent à bord le lendemain.

Originaires en majorité des Etats-Unis, du Canada, d'Europe ou d'Australie, des centaines de passagers débarquent, vendredi 14 février. Ils sont accueillis par le Premier ministre cambodgien Hun Sen, à grand renfort de fleurs et d'accolades, et sans masque de protection. Certains profitent des plages de la ville, visitent Phnom Penh en bus. Le dirigeant cambodgien raille "la maladie de la peur" entretenue, selon lui, par les autres pays, sur le virus. Il assure qu'aucune personne n'est infectée à bord. Donald Trump rédige même un petit message de remerciement adressé au "beau pays du Cambodge".

Fin de l'histoire ? Pas tout à fait. En réalité, seule une vingtaine de passagers ont été testés. Aux autres, on a seulement pris la température. Tout bascule samedi 15 février, quand une passagère américaine de 83 ans est déclarée positive au Covid-19. Elle se trouve alors à l'aéroport de Kuala Lumpur (Malaisie), où transitent comme elles 145 autres passagers du Westerdam. Le diagnostic est confirmé par un second test le lendemain, qui relance les inquiétudes sur le sort de tous les passagers ou membres d'équipage qui ont déjà quitté le Cambodge en passant par la Thaïlande, la Malaisie ou encore Singapour.

Des touristes recherchés par leurs autorités sanitaires nationales

Ce diagnostic oblige 233 passagers et 747 membres d'équipage à rester confinés sur le bateau en attendant le résultat de tests. Tous les autres sont déjà dans la nature. "Les passagers qui sont déjà rentrés chez eux seront contactés par leurs autorités sanitaires locales et des informations complémentaires leur seront communiquées", déclare Holland America Line, propriétaire du MS Westerdam.

A bord, il y avait aussi quelques Français. "On n'a pas particulièrement fréquenté les Américains", témoigne Jean-Pierre Fuchs, un retraité français rentré chez lui en Bretagne et qui a reçu pour consigne de limiter les contacts avec d'autres personnes.

On a simplement eu un message du ministère de la Santé qui nous a dit qu'il y aurait peut-être un cas et que ce serait bien que l'on reste chez nous pour protéger nos amis, de prendre notre température et de nous laver les mains.

Jean-Pierre Fuchs, ancien passager du "MS Westerdam"

à l'AFP

De son côté, le ministère cambodgien de la Santé assure "rechercher activement tous les cas suspect", tout en exhortant la population "à ne pas trop s'inquiéter".

Les derniers passagers confinés du "MS Westerdam" débarquent au port cambodgien de Sihanoukville, mercredi 19 février 2020. (TANG CHHIN SOTHY / AFP)

Cet épisode renforce les craintes de propagation du virus à l'international. Il pourrait remettre en question les modalités de suivi et de quarantaine des personnes susceptibles d'avoir été exposées à ce virus, puisque cette femme de 83 ans avait passé la période présumée d'incubation de 14 jours.

Des observateurs accusent les autorités cambodgiennes d'avoir agi de manière précipitée, sans respecter les consignes de prudence. Le Premier ministre cambodgien plaide la "crise humanitaire" pour justifier sa décision, en rappelant qu'"aucun ressortissant cambodgien n'est infecté". Le pays n'a à ce jour connu qu'un seul cas confirmé de coronavirus, un touriste chinois, rétabli.

La longue errance du MS Westerdam et son dénouement mouvementé feront sans doute l'objet de discussions lors de la rencontre sur le coronavirus prévue jeudi au Laos, entre les ministres des Affaires étrangères chinois et de l'Asean (l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est).

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