#EtAprès : déménager, démissionner, changer d'alimentation… Vous nous avez raconté vos envies de changement après la crise du coronavirus
Dans le débat que suscite la sortie du confinement et ce qui attend les Français, franceinfo vous donne la parole. Après avoir abordé la question du travail, nous nous intéressons aux envies (ou besoins) de changer de vie.
Quitter un travail qui ne correspond plus à ses valeurs, s'occuper de ses enfants à plein temps, partir vivre dans un collectif… Autant d'envies qui émergent dans la tête de certains Français confinés depuis le 17 mars, et qui prennent forme, pour certains, à l'approche du 11 mai, date annoncée pour entamer une sortie progressive du confinement.
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En attendant, le temps est à l'introspection. Face à nous-même, loin de la frénésie du "monde d'avant", nous réfléchissons à l'"après". Un déclic, une évidence, un besoin conduisent certains d'entre vous à prendre une décision radicale qui va changer leur vie après la crise du coronavirus. Vous êtes une centaine à avoir répondu à l'appel à témoignages que franceinfo a lancé à ce sujet. Voici quelques-unes de vos contributions.
Chantal*, 55 ans : "Je vais sûrement démissionner"
Je ne tiens plus. Mon employeur me met la pression tous les jours. Je ne suis pas loin de craquer, avec des semaines qui avoisinent les 50 heures de télétravail. Alors je vais sûrement démissionner et reprendre un vieux projet d'il y a vingt ans : aider les gens en difficulté en les valorisant par la création artistique. En ce moment, je réfléchis à comment créer mon association en partenariat avec les services de la ville de Bordeaux (Nouvelle-Aquitaine), où j'habite.
Avant la crise du coronavirus, je me disais que j'avais le temps, que je verrais plus tard. Aujourd'hui, le pire peut arriver n'importe quand.
Chantalà franceinfo
Cette démission est synonyme de perte de revenu pour moi. Avec mon mari, nous allons partir vivre soit à la campagne, soit dans le chalet familial en forêt. Ce déménagement était prévu pour la retraite, mais nous allons l'avancer. D'autant que je me rends compte de notre trop grande dépendance aux magasins. Faire trois supermarchés pour trouver un kilo de farine ou une boîte d'œufs n'est plus envisageable pour moi. Il devient nécessaire de consommer moins et plus intelligemment en exploitant un potager.
Olivier, 59 ans : "J'ai décidé de devenir végétarien"
Depuis une semaine, j'ai arrêté de manger de la viande, de la charcuterie et du poisson. Le confinement me permet de réfléchir à comment mettre en adéquation ce que je pense et ce que je fais. J'ai donc décidé de devenir végétarien, car je ne me sens supérieur à aucune espèce animale. La survie de la planète dépend de cette notion d'égalité entre les hommes et les animaux.
Pour ma compagne et moi-même, c'est l'occasion de franchir une nouvelle étape vers une consommation plus raisonnée et plus raisonnable. Après le confinement, nous continuerons cette démarche en voyageant plus 'vert', en préférant le train ou le vélo à la voiture.
Sophie*, 39 ans : "Je veux m'occuper de mes enfants à plein temps"
Le confinement m'a ouvert les yeux, j'ai envie d'être mère au foyer et de m'occuper de mes deux filles de 3 et 5 ans. Avant, je n'avais jamais eu l'envie de passer du temps à faire de la cuisine ou de la peinture avec mes enfants. Je me rends compte que je suis passée à côté de plein de choses. Aujourd'hui, nous nous sommes beaucoup rapprochés avec mes enfants et mon mari. Nos filles nous font plus de câlins et nous disent 'je t'aime'. C'est fort.
Cette situation inédite me donne la force d'aller enfin contre l'injonction de la société, qui est d'avoir nécessairement un travail pour s'épanouir.
Sophie
Dès que nous pourrons sortir, je dirai à mes beaux-parents, et ensuite à mes proches, que je ne veux plus travailler. Je veux profiter de mes enfants qui grandissent vite. Je souhaite aussi m'investir bénévolement dans une association pour enfin être en phase avec moi-même. Donner des cours de français langue étrangère, visiter des personnes âgées ou faire de l'aide alimentaire. Il y a plein de choses à faire et d'endroits où je pourrais être utile.
Jean, 31 ans : "J'ai décidé de prendre ma part de charge mentale"
Ma femme, infirmière en hôpital privé, rentre épuisée le soir. Elle me parle de morts, du manque de moyens, de toute cette incertitude autour du coronavirus. Pour l'aider, j'ai tout de suite compris qu'il fallait que j'endosse le rôle "d'une mère à la maison" et que je prenne pleinement ma part de charge mentale. Tous les matins, je prépare le petit-déjeuner pour ma femme avant qu'elle parte travailler. La journée, je m'occupe de notre petite fille de 3 ans. Je gère les lessives, le repassage, les courses…
Surtout, maintenant, je suis complètement à l'écoute, sans la couper, sans argumenter. Avant, c'était plutôt moi qui monopolisais la parole. Si elle a besoin de se retrouver seule une petite heure, je pars me promener avec notre fille ou je la laisse dîner tranquillement.
Le partage de la charge mentale, accepter de pouvoir discuter de tout, c'est un compromis génial. Nous n'avons pas eu une dispute en deux mois.
Jean
Si tous les couples pouvaient faire ça, le confinement se passerait peut-être mieux pour certains. Mon épouse m'a rendu meilleur. Il y a quelques jours, elle m'a confié qu'en étant plus à son écoute, je l'aide énormément à gérer son stress lié au travail. Quelle belle preuve d'amour. Confinement ou pas, je suis parti pour être comme ça ad vitam æternam.
Nicolas, 36 ans : "Nous allons sûrement quitter la ville pour vivre dans un lieu autogéré"
Nous sommes, ma femme et moi, de jeunes cadres citadins à la carrière toute tracée, avec une vie culturelle et sociale intense. Ce confinement a éveillé nos consciences. Depuis, nous nous interrogeons sur notre mode de vie en plein centre-ville de Toulouse (Haute-Garonne), à tout organiser à la minute près, à regarder notre montre constamment.
Le hasard fait que nous sommes actuellement confinés avec nos deux enfants de 2 et 5 ans, dans un gîte à la campagne. Nous y avons découvert la vie en habitat partagé et autogéré. Les enfants vivent dehors, nous ressentons le goût du temps qui s'écoule. Chaque jour qui passe me rapproche de l'envie de tenter l'aventure dans un lieu autogéré en collectif. Chacun chez soi, mais avec des parties et des instants en commun.
Ici, je me rends compte qu'il est possible de voir les choses plus simplement et que c'est maintenant qu'il faut franchir le pas. Ce témoignage est comme un engagement pour m'éviter de revenir à notre quotidien citadin une fois le confinement levé.
Clémentine, 34 ans : "Je suis prête à quitter mon métier-passion pour vivre à la campagne"
Nous étions très satisfaits de notre 60 mètres carrés au pied du métro à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Aujourd'hui, on se rend compte que nos amis qui sont partis "s'enterrer" à la campagne avaient raison. Dans des moments difficiles comme celui-là, on se rend compte qu'avoir un potager, quelques poules pour des œufs, nous permettrait de mieux vivre. Et puis nous ne voulons pas que nos enfants grandissent entourés de béton.
Pour ça, je suis même prête à quitter mon métier d'institutrice pour vivre à la campagne, loin de la Seine-Saint-Denis. Depuis cinq ans, j'exerce mon métier avec passion. Là, ce n'est plus possible. L'Education nationale est le pire employeur de France. Aucune reconnaissance, peu de moyens, pas de visibilité sur les conditions d'une reprise de l'école en toute sécurité... Ce n'est plus possible de tels sacrifices.
Le déménagement ne se fera pas tout de suite, le temps de vendre. Pour le prochain confinement, car il y en aura d'autres, nous partirons dans une location à la campagne, c'est certain.
* Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressées
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