#Etudiantspasinfluenceurs : la communication numérique du gouvernement avec les jeunes critiquée sur les réseaux sociaux
Le porte-parole Gabriel Attal a inauguré un nouveau rendez-vous sur les plateformes Twitch et YouTube. Mais le premier numéro en présence de jeunes influenceurs a frustré de nombreux étudiants.
Objectif ? Conquérir de "nouveaux terrains médiatiques". Afin de lutter contre l'épidémie de Covid-19, le gouvernement met de plus en plus l'accent sur les réseaux sociaux, afin de relayer l'appel au respect des gestes barrières et de mesures sanitaires auprès des publics les plus jeunes. Mercredi soir, le porte-parole Gabriel Attal a notamment lancé un nouveau rendez-vous baptisé "Sans Filtre", diffusé sur les plateformes Twitch et YouTube, qui s'est déroulé à l'Elysée en présence de cinq jeunes influenceurs : Marie Lopez – connue sous le nom d'EnjoyPhoenix –, Fabian CR, Elise&Julia et Malek Délégué.
>> Trois questions sur "Sans filtre", la nouvelle émission lancée sur Twitch par le gouvernement
"Les jeunes crèvent la dalle", les "étudiants sont en galère", en "dépression", redoutent de "diplômes en carton", ont-ils lancé à tour de rôle à Gabriel Attal, lequel a mis en avant les "dispositifs" comme le "plan jeunes", l'offre de "30 000 stages", les "repas à un euro" ou le "chèque psy" pour les étudiants... Après l'émission, et au-delà des critiques adressées au gouvernement pour sa gestion de la crise étudiante, d'autres commentaires ont également ciblé le choix même des intervenants sélectionnés pour l'occasion.
Plusieurs utilisateurs des réseaux sociaux ont ainsi regretté l'absence d'étudiants au cours d'un programme qui abordait pourtant des thèmes qui leur étaient liés. "Frôler le burn-out et la dépression, avoir des troubles anxieux... et apprendre sur Twitter que l'on est représentés par des jeunes riches non-étudiants, qui ne connaissent strictement rien de nos vies actuelles", souligne par exemple un certain Yu', sur Twitter. Le mot-dièse #etudiantspasinfluenceurs a rapidement rencontré un vif succès, afin de dénoncer notamment une opération de communication gouvernementale.
Frôler le burn-out et la dépression, avoir des troubles anxieux... et apprendre sur Twitter que l'on est représentés par des jeunes riches non-étudiants, qui ne connaissent strictement rien de nos vies actuelles. Toujours plus loin dans l'indécence... #etudiantspasinfluenceurs
— Yu' (@yumika731) February 26, 2021
Même son de cloche pour Aurélien, qui évoque la "galère pas possible" d'étudiants obligés de "faire la queue dans les assos solidaires pour manger". Un dénommé "Rayou" demande à Gabriel Attal d'inviter "tout simplement des étudiants" lors de ses prochains rendez-vous sur les différentes plateformes, afin de "vraiment entendre la détresse étudiante".
Les étudiant.e.s se trouvent dans une galere pas possible !!! Ils doivent aujourd'hui faire la queue dans les assos solidaires pour manger !!!!!
— Aurélien☮️ (@aurelien6801) February 26, 2021
Mais tkt on va appeler les influenceurs déscolarisés pour parler du probleme plutôt que ceux qui se battent. #etudiantspasinfluenceurs
Bonjour @GabrielAttal & @JeanCASTEX,
— Rayou (@foushi19) February 26, 2021
Si vous souhaitez vraiment entendre la détresse étudiante, invitez tout simplement des étudiants. Donnez nous la parole, pas à des influenceurs qui ne connaissent pas notre quotidien. Écoutez nous. Merci. #etudiantspasinfluenceurs https://t.co/cP71WZ5tXv
Plus largement, cette vague d'indignation a permis à de nombreux étudiants de raconter leur quotidien et d'exprimer leurs difficultés liées à la crise sanitaire. Une utilisatrice, qui semble être à l'origine du mot-dièse, revient ainsi sur une situation partagée par des millions de Français. "J'entends bien que c’est pas la pire des situations", ajoute-t-elle, mais le but, "c'est de pointer des situations réelles que des influenceurs non scolarisés du supérieur et très rémunérés ne connaissent pas. Soutien à tous, particulièrement ceux en chambre U."
20 mètres carrés seule sans jardin, cours et travail jusqu’à 19h30, pas le temps d’aller faire mes courses pour la semaine à cause du couvre-feu, aucun lieu de loisirs ou de culture pour évacuer et bientôt confinement le week-end. #etudiantspasinfluenceurs
— Alexane Nylon (@pasolitrash) February 26, 2021
"Ce serait bien que la prochaine fois il y ait un jeune journaliste, un jeune, ou au moins quelqu'un qui est étudiant pour aborder ces questions", avait reconnu EnjoyPhoenix pendant l'émission, tout en devenant elle-même la cible de critiques pour avoir évoqué la "triche" à l'université lors de l'échange avec Gabriel Attal. Malek "Délégué" espère également "que des étudiants seront présents aux prochains éditions", tout en défendant sa pugnacité lors de l'émission et en appelant les internautes à ne pas réduire l'émission "à des accusations de tricherie".
L'entourage du porte-parole gouvernemental, quant à lui, assure que cette émission n'a "absolument pas vocation à rassembler uniquement des influenceurs", selon des propos rapportés par La Dépêche du midi. Et "il n’a jamais été question que les jeunes invités représentent qui que ce soit". Egalement contacté par le Huffington Post, l'entourage de Gabriel Attal précise qu'il ne s'agissait pas d'une émission uniquement consacrée à la crise étudiante. Il n'est pas exclu qu'une prochaine édition "soit consacrée aux étudiants et dans ce cas, des étudiants y participeront évidemment”.
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