Guadeloupe : "La situation est extrêmement préoccupante, catastrophique", alerte le chef du Samu au CHU de Pointe-à-Pitre
Le taux d'incidence en Guadeloupe dépasse les 800 cas pour 100 000 habitants et les hôpitaux craignent d'être débordés.
"La situation est extrêmement préoccupante, catastrophique", alerte Patrick Portecop, le chef du Samu au CHU de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, mercredi 4 août sur franceinfo, alors que la Guadeloupe se reconfine pour enrayer la propagation du Covid-19.
franceinfo : Quelle est la situation au CHU de Pointe-à-Pitre ce mercredi ?
Patrick Portecop : La situation est extrêmement préoccupante, catastrophique. Nous sommes obligés de déprogrammer l'ensemble des activités de l'hôpital pour trouver des ressources humaines pour s'occuper des malades Covid hospitalisés. C'est la même chose au centre hospitalier de Basse-Terre. Nous avons beaucoup d'appels en régulation du centre 15 qui sont consacrés au Covid-19. Les pompiers, les ambulanciers sont aussi très actifs pour véhiculer tous ces patients sur l'hôpital. Et quand on voit ce qui se passe à Fort-de-France, en Martinique, nous savons que chez nous, ce sera la même chose au moins, voire pire, si on ne prend pas au sérieux les demandes de confinement et de respect de ce confinement.
"Nous voyons augmenter de jour en jour le nombre de patients Covid qui passent par les urgences, qui sont admis en réanimation, qui sont admis dans les services de médecine Covid."
Patrick Portecopà franceinfo
Comment expliquez-vous le fait que les Guadeloupéens se fassent peu vacciner ?
L'explication est multifactorielle. Il y a l'existence d'une friture sur la ligne de la communication par le monde scientifique, qui est parasité par des fake news très bien structurées et qui vraiment paralysent les Guadeloupéens qui avaient besoin de se faire vacciner. Ils ont reporté leur vaccination à une date qui n'est pas précisée, mais entre-temps, beaucoup se font contaminer. Vous avez bien sûr une frange de la population qui a adopté une posture de "réaction" par rapport à des contentieux qu'elle avait antérieurement avec l'Etat. Vous avez plein de facteurs d'autre nature qui sont en cause, indépendamment des convictions personnelles de tout un chacun. Mais ce que je remarque, c'est qu'il y a quand même une grande partie de la population qui veut bien se vacciner mais pour laquelle, maintenant, il faut que des explications viennent avec force pour arracher définitivement sa conviction.
"La réserve sanitaire est arrivée aujourd'hui. Mais on n'a pas d'autres renforts".
Patrick Portecopà franceinfo
Le confinement commence ce mercredi soir en Guadeloupe. Pensez-vous qu'il sera respecté et qu'il changera la donne ?
Lorsque nous avons eu la première vague, nous avons fait un confinement qui était beaucoup plus strict. Nous avons fait des études qui ont confirmé que son impact était fort et qu'il a permis justement à la Guadeloupe d'éviter d'avoir une situation catastrophique au niveau de son système sanitaire. Par contre, nous avons constaté que parallèlement au confinement, il faut qu'il y ait des gestes barrières et la distanciation physique. L'un ne va pas sans l'autre. Maintenant qu'on a le vaccin, il faut y rajouter la vaccination pour gagner ce combat.
Allez-vous recevoir des renforts au CHU de Pointe-à-Pitre ?
C'est ce que nous attendons, mais pour le moment, les confirmations tardent à venir. La réserve sanitaire est arrivée aujourd'hui. Mais on n'a pas d'autres renforts et nous espérons que l'armée pourra aussi venir. Mais c'est moins évident puisqu'elle est déjà très active à Fort-de-France (Martinique). Personnellement, je crois que nous allons vivre des moments que nous n'avons jamais connus.
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