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"Je me disais que je ne servais pas à grand-chose, le confinement est venu confirmer" : deux Franciliennes changent de vie et lancent leur épicerie zéro déchet

Le confinement a fait naître chez certains un besoin de changer de vie, de chercher un nouveau sens. C'est le cas de ces deux femmes, Julie et Julie, qui ont décidé d'abandonner leur métier pour ouvrir leur propre commerce.

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les deux Julie, dans leur futur local commercial. (BORIS LOUMAGNE / RADIO FRANCE)

Il suffit de les voir sourire et d'entendre leur rire pour comprendre que Julie et Julie ont fait le bon choix en changeant de vie. Ces deux trentenaires, toutes les deux mères de deux enfants, ont décidé de plaquer leurs boulots respectifs pour créer une épicerie zéro déchet à Éragny, près de Pontoise, dans le Val-d’Oise. "Quand on rentrera, on aura directement un mur de six mètres de vrac, avec plein de graines dedans. À côté, une caisse, avec le frais. Devant, on va faire tout ce qui est alcool, vin, vodka, gin français. Oui ça existe de la vodka en vrac ! Pour finir en vrac", plaisante l'une des deux.

Le confinement, décrété pour faire face à l'épidémie de coronavirus, a fait réfléchir certaines personnes. Envie d’évasion, d’être utile... C'est le cas des deux femmes, qui viennent juste de trouver le local qui accueillera bientôt leur épicerie zéro déchet. C'est autour d'un verre, pendant le confinement, que l'idée a germé chez les deux voisines, devenues amies. "C'est parti d'un apéro, où on ne prend pas le sujet très au sérieux. Puis finalement, on en reparle, on y réfléchit, et voilà, l'idée naît et on se dit 'allez, on y va'."

Le 16 avril, on s'est fait un gros câlin, et on s'est dit 'on se lance'.

Julie

à franceinfo

L'une des Julie était secrétaire médicale depuis 13 ans. "Je n'étais plus qu'un pion. C'était le moment de partir." L’autre travaillait pour une assurance à Paris : "Cela faisait quelques temps que je me disais 'concrètement je ne sers pas à grand-chose'. Là, avec le confinement, j'ai beaucoup moins travaillé, parce que je gérais mes gosses en même temps, le télétravail était compliqué. Finalement c'est passé plutôt inaperçu. Donc je me suis dit 'Je ne sers vraiment à rien', c'est juste venu confirmer."

L'idée de reprendre sa "vie d'avant" lui paraît alors inconcevable. "Quand je me suis projetée sur le déconfinement, je me suis imaginée reprendre mes trois heures de transport par jour, partir quand mes enfants dorment, rentrer quand mes enfants dorment, alors que je venais de passer des semaines super privilégiées avec mes gosses, je me suis dit que je ne voulais pas faire faire ça, que je ne voulais pas de cette vie-là et jai donc démissionné."

"Travailler avec des productrices et des fournisseuses"

Les deux Julie ont par ailleurs vécu le confinement comme une sorte de retraite spirituelle, pendant laquelle leur philosophie de vie a changé. "Pendant le confinement je me suis rendu compte qu'on consommait très peu et que finalement je n'étais pas plus malheureuse avec moins. D'ailleurs, avec Julie, on a fait un gros tri pendant le confinement, on a trié toutes nos fringues, toutes nos affaires, toute notre maison."

On s'en fout en fait, on n'a pas besoin d'avoir 36 paires de pompes et tout ça. Faire avec moins et faire mieux !

Julie

à franceinfo

Accorder ses principes avec ses actes, voilà donc l'objectif de leur nouvelle vie et de leur future épicerie. "Il y a une petite chose qui nous tient particulièrement à cœur, ce n'est pas de la spécialisation, mais on aime beaucoup travailler avec des productrices, des fournisseuses. On voudrait travailler avec des meufs en fait, qui font un super travail, aussi bien que les mecs, mais qui ont moins de visibilité." La bien nommée "épicerie des Julie" ouvrira ses portes dans quelques semaines, dans le centre-ville d’Eragny.

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