"Je peux être infecté par le coronavirus, personne n'a regardé" : l'inquiétude des derniers Français à avoir pu quitter Wuhan
La ville de Wuhan, foyer de l'épidémie du coronavirus, est désormais coupée du monde. Le dernier vol direct vers Paris est arrivé jeudi, avec à son bord les derniers Français chanceux de pouvoir quitter le pays.
À l'arrivée à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, jeudi 23 janvier, les passagers du vol AF139 en provenance de Wuhan sont soulagés : "Ah ! c'était le dernier vol, c'était celui-là ou rien !" Masques sur les visages, tous se rendent bien compte qu'ils ont frôlé la mise en quarantaine.
Wuhan, la huitième ville la plus peuplée de Chine, est à l'arrêt, les liaisons aériennes ont été suspendues. La Chine déploie de grands moyens pour stopper la propagation du coronavirus, qui a déjà tué 18 personnes : les 11 millions d'habitants ont désormais interdiction de sortir de l'agglomération, sauf autorisation spéciale.
"C'est une ville presque morte"
Philippe travaille à PSA, il vit à Wuhan avec son épouse Véronique. "Notre avion n'était pas plein parce que les gens n'ont pas pu y accéder, explique Véronique. Je pense que l'aéroport a été fermé une demi-heure après nous. L'armée est arrivée après qu'on soit entré dans l'aéroport et les gens ne pouvaient plus atteindre les avions." Philippe poursuit : "Je pense qu'Air France a réussi à avoir la dernière autorisation, et Dieu soit loué."
Tous les Français qui sont là-bas n'avaient qu'une envie, c'était de quitter Wuhan avant que la ville ne soit fermée.
Philippeà franceinfo
Ils racontent les routes bloquées, les gens coincés : "Ils ont fermé les péages, ceux qui sont partis à 8 heures pouvaient partir, mais après 10 heures c'était fini, ils ne pouvaient plus sortir." Pour Philippe, Wuhan est aujourd'hui "une ville presque morte", où les magasins ont été "dévalisés" : "Il y a une pénurie. Tous les Chinois, comme les Français, ont acheté des provisions parce qu'ils vont rester quinze jours coincés chez eux, ou trois semaines coincés chez eux."
Pour ceux qui ont réussi à rentrer en France, il a d'abord fallu passer le test des caméras thermiques à l'aéroport de Wuhan, mais à Roissy, "rien du tout", aucun contrôle de température. "Je peux avoir 40°C de fièvre et être infecté, personne n'a regardé", rétorque Philippe.
"C'est très inquiétant", ajoute Pierre, un autre passager du vol. Il a écourté un voyage d'affaires, et appliquera le principe de précaution. "Je n'ai aucun symptôme, j'ai de la chance, mais on ne sait pas. Comme il y a 14 jours d'incubation, on ne sait pas si je suis peut être porteur", explique-t-il. Sa fille est enceinte, il va aussi retrouver ses petits-enfants. "Je vais téléphoner au 15 parce que je ne veux pas attendre d'avoir les symptômes pour le faire", indique Pierre.
À leur arrivée en France, les passagers ont rempli un questionnaire leur demandant d'indiquer leur nom, prénom, adresse, numéro de téléphone, adresse e-mail, "au cas où, j'imagine", répond Pierre. Air France a en tout cas suspendu ses trois liaisons hebdomadaires avec Wuhan jusqu'à nouvel ordre.
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