L'inquiétude des aides à domicile face au coronavirus : "Dans cette histoire de masques, on a l’impression que c’est un peu les parents pauvres"
Pour les centaines de milliers d’auxiliaires, assistants et assistantes de vie qui se déplacent au domicile des personnes âgées pour leur faire à manger ou le ménage, le manque d'équipement pour se prémunir du coronavirus est devenu une angoisse. Ils se retrouvent partagés entre dévouement, inquiétude et colère.
Dans le secteur des Monts d’Arrée dans le Finistère, ce sont 800 personnes âgées ou handicapées qui attendent tous les jours la visite d’une salariée de l’ADMR. "Si elles n’interviennent pas, il y a des personnes qui ne sont pas en mesure de préparer leurs repas", explique Marie Kermarec, la responsable locale de l’association d’aide à domicile en milieu rural.
Il y a des personnes pour qui on intervient 4 ou 5 fois par jour pour de l’accompagnement. S’il n’y avait pas les aides à domicile, ce serait une vraie catastrophe.
Marie Kermarec, responsable locale de l’association d’aide à domicile en milieu rural.à franceinfo
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Pour ces tournées sur une trentaine de communes, les salariés ont trop peu d’équipements de sécurité pour se prémunir du coronavirus : les masques, les blouses, les sur-chaussures, tout manque. L’association a lancé un appel aux dons et reçu quelques masques. Malgré tout, les salariés (80 sur les 110 que compte l’ADMR) continuent d’aller au domicile des bénéficiaires, en prenant des risques. "Les aides à domicile n’ont pas été valorisées, c’est un métier qui a toujours pâti d’une non-reconnaissance, il faut le dire, pointe la responsable. Et dans cette histoire de masques, on a l’impression que c’est un peu les parents pauvres."
"Ces assistances de vie tiennent la peur au ventre"
C’est aussi ce que dénonce la fédération des particuliers employeurs de France (FEPEM). Elle représente 1,4 million de salariés. Le gouvernement lui a promis cette semaine des masques pour ses personnels en première ligne. C’est une promesse non tenue, s’énerve sa présidente Marie-Béatrice Levaux. "On nous dit qu’un certain nombre de professionnels de santé vont pouvoir aller chercher leurs masques à la pharmacie mais que pour les assistantes de vie et le secteur de l’aide à domicile, il y aurait un autre circuit, explique-t-elle.
Je ne vois pas de quel autre circuit on pourrait parler. Dans la plupart des territoires et en particulier ruraux, il n’y a pas d’autres dispositifs de distribution que la pharmacie locale.
Marie-Béatrice Levaux, présidente de la fédération des particuliers employeurs de Franceà franceinfo
"J’ai rencontré une assistante de vie dans ma pharmacie de village et elle m’a demandé comment faire, se désole Marie-Béatrice Levaux. Elle était catastrophée. Ces assistantes de vie tiennent la peur au ventre." Si quelques masques sont distribués aux auxiliaires ou assistantes de vie par les collectivités locales, par les particuliers ou les entreprises, leur nombre reste de toute façon insuffisant pour tenir sur plusieurs semaines.
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