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"La réouverture progressive des crèches, des écoles et des lycées le 11 mai, ça fait courir un risque inutile", estime le président de la Fédération des Médecins de France

Jean-Paul Hamon est convaincu du fait que les enfants ne pourront pas respecter les gestes barrières et "vont ramener le virus à la maison".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les élèves de l'enseignement primaire et secondaire devraient retrouver le chemin de l'école le 11 mai, a annoncé Emmanuel Macron, lundi 13 mai. (CLAIRE LEYS / FRANCE-BLEU DRÔME-ARDÈCHE)

"La réouverture progressive des crèches, des écoles et des lycées le 11 mai, ça fait courir un risque inutile", déplore Jean-Paul Hamon, médecin généraliste, président de la Fédération des Médecins de France. C'est la seule mesure à laquelle il n'adhère pas après les annonces d'Emmanuel Macron lundi 13 avril à 20h. Il salue en revanche le prolongement du confinement qui était "inévitable". Jean-Paul Hamon confirme que la France devrait être en mesure de tester massivement les malades d'ici 15 jours à un mois.

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franceinfo : Prolonger le confinement jusqu'au 11 mai, était-ce inévitable ?

Jean-Paul HamonOui, c'était inévitable. J'avais parié pour la mi-mai, je n'étais pas loin, et encore, on n'est pas certain que ce 11 mai soit une date définitive. La seule chose qui me tracasse un petit peu, c'est la réouverture progressive des crèches, des écoles et des lycées parce que là, je pense que ça fait courir un risque inutile. Les enfants n'obéissent pas forcément aux consignes, ils vont naturellement jouer ensemble et ils risquent de ramener le virus à la maison. J'ai entendu ce qu'a dit le Président sur les inégalités que ça crée au niveau des élèves, selon les familles. Mais je pense que c'est prématuré. On s'attendait tous à ce qu'il décrète des vacances jusqu'en septembre. Pour le reste, il a fait preuve d'empathie, il n'a oublié personne et il a fait un mea culpa et critiqué son administration qui, visiblement, n'a pas été à la hauteur quand même dans la gestion de la protection des médecins et des soignants. Il annonce également des masques pour la population à partir du 11 mai. Je pense que là, ils ne seront pas en capacité de protéger la population. Et puis surtout la fin. Il y a eu une intervention sur le changement de politique, c'est assez surprenant, mais ce serait vraiment une bonne chose.

Est-ce une bonne idée de permettre la visite des proches aux malades en fin de vie, dans les hôpitaux ou encore les maisons de retraite ?

C'est une chose très humaine et c'est normal. On peut permettre aux gens de venir à condition qu'ils soient équipés comme des Martiens. Il ne s'agit pas de prendre des risques avec les autres pensionnaires. Il est clair que c'était très dur pour les familles de ne pas accompagner leurs proches en fin de vie. Mais c'est vrai qu'il faut pouvoir disposer de combinaisons, de masques, de façon à ce que les visiteurs ne contaminent pas les autres pensionnaires.

Est-ce que vous croyez à la promesse du chef de l'Etat qui a dit qu'à partir du 11 mai, tous les moyens seront mis en œuvre pour pouvoir tester toutes les personnes présentant des symptômes ?

Le président du syndicat des biologistes a dit, cet après-midi, que dans 15 jours ils seront en capacité de faire 100 000 tests PCR (par prélèvement nasale) par jour. Ensuite dans les 15 jours, s'il y a une accréditation, il sera possible de faire des prises de sang cette fois. Environ 200 tests à l'heure, c'est à dire près de 2 000 tests par jour, plus de 900 laboratoires privés en France seraient en capacité de faire ces tests. Donc, si ça fonctionne à plein, ça ferait 1,8 million de tests par jour. Donc, il y aurait de quoi faire. Oui, c'est certain que c'est la condition du confinement, il faut qu'on teste les gens.

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