Le billet sciences. Le sang d'un ver marin à la rescousse des patients du Covid-19
Deux hôpitaux parisiens veulent tester une innovation française pour donner de l’air aux patients atteints par le Covid-19. Ils veulent leur donner le sang d’un ver marin.
Il s’appelle l’arénicole. Un ver commun de notre littoral puisqu'il fait ces petits serpentins de sable que l’on voit souvent sur la plage quand la mer se retire. Le sang de ce ver marin a des propriétés incroyables : il apporte 40 fois plus d’oxygène aux organes que le nôtre et en plus il est donneur universel c’est-à-dire compatible avec tous les groupes sanguins. C’est le laboratoire Hémarina basé à Morlaix et fondé par Franck Zal, un ancien biologiste marin du CNRS qui l’a découvert il y a 6 ans.
Une hémoglobine qui apporte 40 fois plus d'oxygène
C'est parce que les patients les plus atteints par le Covid 19 en manquent justement d’oxygène que l'arénicole peut venir à leur rescousse. Leurs poumons n’arrivent plus à faire passer l’air dans leur sang. Ils souffrent du syndrome respiratoire aigüe. Ces patients doivent être placés sous oxygène voire respirateurs or nous en avons un nombre limité. C’est donc là que notre ver marin et son hémoglobine ultra oxygénée peuvent jouer un rôle pour soulager des patients avant qu’ils n’aient besoin d’une machine pour respirer. En administrant par intraveineuse la solution Hémo2life, les promoteurs de cette solution espèrent pour amoindrir le nombre de patients qui auraient besoin d'être intubés. D'autant que certains ne pourraient pas supporter ce traitement très agressif.
Une volonté mais pas encore un blanc-seing
Cette innovation n'a jamais été tentée dans ces circonstances Il s’agit d’une première que veulent tenter des praticiens de l’hôpital George Pompidou et de la Pitié Salpétrière, à Paris. L’agence de sécurité du médicament a accéléré l’autorisation du protocole pour le tester sur une vingtaine de patients. Mais le sang du ver marin a déjà fait ses preuves dans des opérations de greffes d’organes. Il allonge la durée de conservation des greffons de plusieurs heures à plusieurs jours. Le Pr Laurent Lantieri, qui a pratiqué la première greffe de visage au monde est un grand défenseur de cette innovation. Il demande ardemment à la mettre en place dans le cas du Covid 19; même si cela fait deux ans qu’elle attend sa certification européenne. Pour son créateur, Franck Zal, cela marche sur l’animal, il espère accélérer les procédures puisque "nous menons une guerre contre ce virus".
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