Le maire de Chamonix propose de "regarder ce qu'il s'est passé en Suisse" pour décider de rouvrir ou non les stations de ski
Eric Fournier pense qu'il serait utile de vérifier si l'ouverture des stations de ski en Suisse a véritablement déclenché une hausse des contaminations au coronavirus, pour juger de l'oppurtunité de rouvrir les remontées mécaniques françaises.
"Il faudrait ne pas opposer le volet sanitaire et le maintien social et économique de l'activité" dans les stations de ski, a déclaré samedi 2 janvier sur franceinfo Eric Fournier maire de Chamonix, en Haute-Savoie. Les maires et les directeurs de stations espèrent toujours une réouverture des remontées mécaniques le 7 janvier. "On est dans l'expectative", explique le maire de Chamonix qui déplore une baisse de fréquentation de 50% pendant les vacances de Noël. Eric Fournier estime qu'on pourrait "regarder ce qu'il s'est passé en Suisse" où les stations sont restées ouvertes "pour juger de l'opportunité ou non de la réouverture" des stations en France.
francienfo : Avez-vous des informations, notamment de la part de la préfecture, sur une réouverture prochaine des remontées mécaniques ?
Eric Fournier : On est dans l'expectative. On sait que les prochaines heures et les prochains jours nous donneront la réponse. On est dans une inquiétude forte, au vu des résultats constatés pendant ces deux semaines de vacances. Les perspectives sont très inquiétantes du fait de l'absence des principaux marchés étrangers. Donc, on va voir avec la situation sanitaire. Je pense qu'un des bons regards à porter pour juger de l'opportunité ou non de la réouverture serait de regarder ce qui s'est passé en Suisse avec un rebond ou non de l'épidémie, puisqu'on sait que les stations sont restées ouvertes. On pourra avoir un bon indicateur de la réalité de l'incidence de cette épidémie sur les stations.
Précisément, sur quoi portent les discussions qui justifient la fermeture des pistes dans les stations françaises ?
La problématique de la gestion des remontées mécaniques c'est la gestion des flux sur les lieux sur lesquels il peut y avoir des concentrations de personnes, principalement lorsqu'on achète son forfait ou bien lorsqu'on fait la queue. La dissémination des personnes sur les domaines skiables fait que ce sont des hectares qui sont à disposition de nos touristes. On sait travailler et proposer des protocoles par rapport aux flux réduits. C'est ce sur quoi il faut travailler pour donner des perspectives dans les secteurs de l'hôtellerie, de la restauration. C'est comme le domaine de la culture, ce sont des secteurs qui sont actuellement très sinistrés. On enregistre des baisses de 70 à 85% sur ces secteurs de l'hébergement professionnel par exemple.
Est-ce que les vacanciers sont venus pour les fêtes de Noël, même s'ils ne pouvaient pas skier ?
La chute de fréquentation est de 50%, donc c'est une chute brutale. Mais la fréquentation est restée honorable du fait d'une offre d'activités de pleine nature, de très grande qualité : ski de randonnée, raquettes, chiens de traîneau, redécouverte de la nature. Il y a un remplissage correct des meublés, des locations saisonnières. On a véritablement deux économies différentes : tout ce qui est "lits professionnels" qui a enregistré des taux d'occupation de moins 70 à 85 %, et un maintien, une certaine stabilité en ce qui concerne les meublés et locations saisonnières.
Certains ont redécouvert la montagne et on est très heureux de cela. Il y a plein de choses à faire heureusement dans nos sites de montagne. On travaille déjà depuis plusieurs années sur un tourisme "quatre saisons" et sur une diversification. Alors les stations ou les sites qui sont engagés dans cette diversification ont sans doute un peu moins de dommages que celles qui sont orientés uniquement vers le ski.
"Mais il est évident qu'on souhaite un soutien aux secteurs de la restauration et de l'hôtellerie qui sont des secteurs structurants de notre économie et qui souffrent énormément."
Eric Fournierà franceinfo
Ce sont les secteurs qui nous causent le plus d'angoisse et d'inquiétude pour la suite. Sur le plan de l'emploi, le nombre de saisonniers qui n'ont pas été embauchés cette année est absolument impressionnant. Donc les conséquences sociales et économiques pour le secteur de la montagne vont être très importantes.
Vous êtes optimiste pour la suite de la saison hivernale ?
On va se battre, on est déterminés. Finalement, les 15 derniers jours ont été intéressants : on a montré qu'on savait proposer des produits de qualité sans qu'il y ait de problèmes de fréquentation. Les taux d'incidence, par exemple, dans le département de la Haute-Savoie, ont été en constante baisse ces 15 derniers jours. Donc on voit qu'on sait faire avec cette épidémie et proposer des produits en respect des contraintes sanitaires du moment. C'est la raison pour laquelle il faudrait arriver à trouver le bon équilibre et ne pas opposer le volet sanitaire et le maintien social et économique de l'activité.
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