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Nouveau foyer de Covid-19 en Dordogne : "C'est la preuve que rien n'est fini", alerte un médecin

Au moins neuf personnes ont été testées positives au Covid-19 après des obsèques en Dordogne. Plus d'une centaine de personnes s'y étaient retrouvées, sans respecter la limite imposée. "C'est la preuve que rien n'est fini' selon le docteur Jérome Marty, président du syndicat de l'Union Française pour une Médecine Libre (UFML).

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pendant le confinement, 20 personnes maximum sont autorisées lors des obsèques. (ANNE FAUVARQUE / RADIO FRANCE)

La découverte d'un nouveau foyer de Covid-19 en Dordogne est "la preuve que rien n'est fini", alerte sur franceinfo le docteur Jérôme Marty, médecin généraliste et président du syndicat de l'Union Française pour une Médecine Libre (UFML).

Selon l'Agence Régionale de Santé de la Nouvelle-Aquitaine, 127 personnes ont été testées au nouveau coronavirus après des obsèques, le 24 avril à Église-Neuve-de-Vergt (Dordogne). La limite de vingt personnes imposée n'y a pas été respéctée. Neuf personnes sont positives au Covid-19 alors que 24 résultats seront connus samedi soir.

"Ce virus est encore là et il circule, y compris dans les zones où le temps est calme puisque la Dordogne n'a eu jusqu'à présent que 10 décès liés au Covid-19", prévient le président de l'UFML.

franceinfo : La création de ce nouveau foyer de contamination en Dordogne, est-ce un nouveau signe de la nécessité impérieuse de respecter les règles de sécurité sanitaire, d'autant plus que le déconfinement arrive ?

Jérome Marty : C'est la preuve que rien n'est fini. Ce virus est encore là et il circule, y compris dans les zones où le temps est calme puisque la Dordogne n'a eu jusqu'à présent que 10 décès liés au Covid-19. Dans ce cas précis, nous étions dans la configuration la plus simple : un rassemblement au cours d'obsèques au cours duquel la limite de personnes présentes a été dépassée, puis la création d'une micro-épidémie, un foyer ou cluster, au milieu de gens qui se connaissent. On a donc facilement pu remonter les chaînes de contamination... mais il faut bien s'imaginer que ce que l'on a face à nous en Dordogne, cela peut arriver potentiellement 1 000 à 3 000 fois par jour ! Dans d'autres cas plus compliqués, il faudrait alors rechercher des chaînes de contamination sur plusieurs endroits du territoire, tous les jours et de façon très importante. Ce virus va continuer à nous accompagner. Et il faut vraiment, mais alors vraiment, que ça alerte les gens sur le respect des gestes barrières et le port du masque. Les remontées du terrain que l'on peut avoir aujourd'hui nous montrent qu'il y a un véritable relâchement. On a les plus grandes craintes pour les zones où le virus circule beaucoup plus, comme la région parisienne, par exemple. Peut-être qu'une majorité de gens, aujourd'hui, ont la bonne attitude face au Covid-19. Mais il y a encore trop de personnes qui ont tendance à se relâcher. Il fait beau, on en a tous assez de ce confinement... pour autant, il faut bien se dire que rien n'est fini, et que tout peut recommencer. On n'a pas envie de revivre ce qu'on a vécu. Donc, de grâce, il faut absolument que l'on respecte les mesures barrières et qu'on porte les masques.

Justement, que la Dordogne soit en vert peut-il inciter à faire penser à tort qu'il y a moins de risque par rapport au coronavirus ?

Le problème, c'est que ce virus aime le temps calme, il s'y complaît. On commence à s'apercevoir que des cas de Covid-19 étaient présents en France en décembre, et même en novembre. Il est resté sous le tapis pendant près de deux mois, avant de commencer à apparaître fin janvier. C'est une courbe exponentielle. Là, on est redescendu en bas de cette courbe, on est de nouveau sur la partie quasi plate. Il ne devrait apparaître que très peu, mais il suffit d'un petit groupe de personnes qui ne respecterait pas les mesures barrières et le port du masque pour que ça reparte. On se rapproche, on se fait la bise… C'est ce qui s'est probablement passé sous le coup de l'émotion lors de ces obsèques en Dordogne pour que cette personne qui était contaminée puisse transmettre le virus. Ce n'est pas le virus qui se déplace, c'est vous, le porteur du virus, qui vous déplacez avec.

Aurait-il fallu ne pas réautoriser à partir du 11 mai les rassemblements, qui seront limités à dix personnes ?

Je pense qu'il faut les autoriser, mais il faut surtout que les médecins, les personnels soignants, les politiques et les médias fassent bien passer le message que rien n'est fini. Plus que jamais, il faut respecter les gestes barrières et le port du masque. Il faut aussi qu'on donne les moyens aux gens de les respecter, en mettant davantage de masques disponibles par exemple. Il y a encore trop d'endroits où l'on n'en trouve pas. En Haute-Garonne par exemple, mais pas que. Dans les pharmacies on n'en trouve pas, idem dans les grandes surfaces. Il faut que l'on soit prêt ! Et puis, j'ai entendu une ministre il n'y a pas longtemps dire que ce ne serait pas grave si les gens n'avaient pas de masque les premiers jours dans le métro, qu'on leur en donnerait peut-être. C'est grave ! Des masques, il faut que tout le monde puisse en avoir.

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