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"On est comme des pestiférés" : bloqués sans protection ni possibilité de se doucher ou se restaurer, les chauffeurs routiers s'agglutinent à la frontière suisse

Au poste frontière de Saint-Louis Bâle, à la frontière entre l’Alsace et la Suisse, les transporteurs patientent de longues heures sans pouvoir se doucher ou se restaurer. Ils dénoncent une situation sanitaire catastrophique.

Article rédigé par Valentin Dunate - Benjamin Thuau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
File de poids-lourds au poste frontière de Saint-Louis Bâle, à la frontière entre la France et la Suisse (VALENTIN DUNATE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Au poste frontière de Saint-Louis Bâle, jeudi 26 mars, la file d’attente semble interminable. Sur plus de trois kilomètres, les chauffeurs roulent au pas pour arriver enfin devant le bâtiment qui leur permet de déclarer la marchandise. À cause des restrictions imposées par les autorités à cause de l'épidémie du coronavirus, tous patientent de longues heures pour traverser la frontière, sans accès aux toilettes, aux douches et à la restauration. Ils dénoncent une situation sanitaire catastrophique.

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Depuis mardi, ils ne peuvent plus rentrer dans ce bâtiment et s’agglutinent devant les vitres en attendant d'être en règle. "Je suis là depuis 8 heures ce matin", se désole l’un d’eux, alors que les montres affichent midi.  

On est comme des pestiférés ! C’est une honte…

un chauffeur routier

à franceinfo

"D’abord, poursuit le premier, on passait tous dans les couloirs. Puis lorsqu’ils ont vu qu’il y avait cinquante personnes dans ce couloir qui n’est large que d’un mètre, cinquante chauffeurs venus de tous les pays d’Europe, ils se sont protégés eux-mêmes avec des masques, et ils nous laissent dehors."

Il affirme avoir envoyé ce mail à la directrice de l’agence régionale de santé du Grand-Est : "Madame, Monsieur, vous trouvez ci-joint une photo prise ce matin à la douane Saint-Louis Bâle. Vous constaterez que les chauffeurs sont une trentaine devant les portes du bâtiment. Ils ne sont pas en sécurité et la situation est alarmante pour les chauffeurs routiers, les transitaires, le personnel des douanes, leur entourage et par extension les populations des pays traversés. Il y a urgence à réagir."

Quand on aura besoin de nous pour transporter des masques, la plupart d’entre nous seront déjà malades et ils devront rester à la maison. 

Un chauffeur routier

à franceinfo

L’agence régionale de santé affirme ne pas avoir reçu ce mail. De son côté la Préfecture du Haut-Rhin a été informée de la situation et explique qu’elle prendra "toutes les dispositions pour y remédier".

Cette situation désole également le personnel chargé de déclarer la marchandise. Annabelle est "déclarant en douane" et a du mal à accepter que les chauffeurs soient traités de la sorte. "Ils n’ont plus de douches, plus de WC, plus de restaurants où ils peuvent manger : c’est dramatique…, tempête-t-elle. Ils sont au bout de leur vie. Et pour les femmes-chauffeurs, c’est dramatique. On a quand même des choses de la vie qui font qu’on devrait pouvoir se laver. Elles sont dans le désarroi, là…" Difficile, dans ces conditions, de pouvoir respecter les gestes barrières : rien que se laver les mains est impossible.

Bloqués sans protection ni possibilité de se doucher ou se restaurer, les chauffeurs routiers s'agglutinent à la frontière suisse - reportage Valentin Dunate

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