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"On n'a pas pu accompagner ma sœur" : à cause du coronavirus, les obsèques réduites au minimum compliquent le deuil

Avec l'épidémie du coronavirus Covid-19, les cérémonies d'hommage aux défunts sont désormais limitées à vingt participants et les obsèques strictement réglementées.

Article rédigé par franceinfo, Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les cérémonies d'hommage aux défunts sont désormais limitées à vingt participants et les obsèques strictement réglementées (illustration). (PIERRE TEYSSOT / MAXPPP)

Ce qui saute au yeux dans le nef de la basilique Notre-Dame du Perpétuel Secours en ce jour d'enterrement, c’est l’impression de vide autour du cercueil. Il n’y a que onze personnes, éparpillées sur plusieurs rangs. Avec l'épidémie du coronavirus Covid-19, les cérémonies d'hommage aux défunts sont désormais limitées à vingt participants et les obsèques strictement réglementées.

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Un peu plus loin, devant le cimetière du Père-Lachaise, Jean–Jacques et Marie- Colette affrontent ensemble cette situation. Ils n‘ont pas encore fait de cérémonie. Marie-Colette a perdu sa sœur la semaine dernière. Elle n’a pas pu lui dire au revoir. "Ce qui a été plus dur pour nous, c'est que ma soeur a été hospitalisée une bonne quinzaine de jours juste au moment du confinement, explique-t-elle. Donc, en fait, on a pu la voir deux fois à l'hôpital et après on ne l'a plus jamais vue et on n'a pas pu l'accompagner".

La famille a quand même prévu une petite cérémonie dans le funérarium avant la crémation, mais elle ne devrait durer que quinze minutes. Il n’y aura que quatre personnes, le plus simple dénominateur, alors qu’ils sont encore trois frères et sœurs autour de Marie-Colette. "Là en ce moment je suis tout le temps avec ma soeur dans ma tête...", regrette cette dernière.

Je n'ai pas pu faire ce que j'ai fait avec les autres frères et soeurs, mais elle est dans ma tête quand même et je me dis 'Ma cocotte, tu sais bien que ce n'est pas de notre faute.'

Marie-Colette

à franceinfo


À Paris, le diocèse essaie d’accompagner ce deuil a minima. "On a l'impression d'une espèce de confiscation et ça sur-ajoute à l'angoisse", estime le père Nicolas Van Der Maelen qui office dans la chapelle de l’hôpital Saint-Antoine. "Notre présence, c'est aussi une présence d'écoute pour les familles, pour pouvoir entendre cette souffrance et même cette colère parfois et aussi pour les apaiser autant que faire se peut", ajoute l'homme d'église.

En plus des moments de prières dans les chambres mortuaire, certaines familles organisent des cérémonies notamment dans la basilique du Perpétuel Secours. Mais le rituel est strictement encadré, quelle que  soit la nature du décès, et le nombre de ces cérémonies a diminué de moitié. Pour rajouter, Marie-Colette et Jean-Jacques se heurtent au manque de personnel administratif pour les démarches. Ils pensent d'ores et déjà faire une grande journée familiale pour un véritable adieux collectif, quand tout cela sera fini.

A cause du coronavirus, les obsèques réduites au minimum compliquent le deuil : reportage Etienne Monin

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