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"On va prier à la maison, on n'a pas le choix" : les musulmans se préparent à passer un deuxième ramadan confinés

Le ramadan commence mardi en France en pleine crise sanitaire. En raison de l'épidémie, certaines prières sont annulées et le repas quotidien de rupture du jeûne devra se faire parfois seul chez soi. 

Article rédigé par franceinfo - Anne-Lyvia Tollinchi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un vendeur prépare une boîte de dattes à l'extérieur d'une épicerie dans le 18e arrondissement de Paris, le 24 avril 2020, au premier jour du ramadan. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Dattes, figues, cornes de gazelle... Dans le 13e arrondissement de Paris, les étals des épiceries débordent et les cuisines tournent à plein régime. Après un mois de jeûne confiné l'année dernière, les musulmans doivent de nouveau s'adapter pour le ramadan, en pleine épidémie de Covid-19.

La France compte entre cinq et six millions de musulmans pratiquants et non-pratiquants, selon plusieurs études sur le sujet (Pew Research Center, institut Montaigne, Insee, Ined), ce qui fait de l'islam la deuxième religion du pays. Youssef est étudiant et cette année il n'a pas pu rentrer en Algérie : "C'est la première fois que je fais le ramadan tout seul, du coup je vais appeler la famille pour voir ce qu'ils ont préparé, voir les potes et mes amis là-bas, pour ne pas sentir que je suis tout seul ici, mais c'est vraiment difficile."

Durant le ramadan, un des piliers de l'islam, les croyants sont invités à s'abstenir de boire, de manger et d'avoir des relations sexuelles, de l'aube – dès que l'on peut "distinguer un fil blanc d'un fil noir" dit le Coran – au coucher du soleil. Mais cette année, à l'interdiction de voyager s'ajoute le couvre-feu qui tombe avant l'heure de la dernière prière. Malika aurait préféré aller à la mosquée le soir comme d'habitude, mais elle va devoir s'adapter. "On va prier à la maison, on n'a pas le choix, regrette-t-elle. Quand on va à la mosquée, c'est chaleureux, c'est une autre ambiance."

Des prières en ligne

Pas de prière à plusieurs et pas de grands repas non plus au moment de "l'iftar", le repas quotidien de rupture du jeûne, alors que c'est habituellement une composante sociale, conviviale voire festive du mois du ramadan. Sana est venue faire ses dernières courses mais cette fois elle achète en plus petite quantité. "Malheureusement, on va rester chez nous, se désole la jeune femme. On ne pourra pas aller voir la famille le soir, passer le ramadan en famille."

"Franchement, on espère vraiment que l'Aïd se fasse en même temps que le déconfinement, qu'on puisse aller voir la famille, le fêter ensemble... On aimerait que ça se finisse mieux que ce qui va commencer."

Sana

à franceinfo

En attendant l'Aïd el-Fitr, la "fête de la rupture du jeûne" qui aura lieu le 13 mai, certains imams prévoient d'organiser des prières en ligne. Cette année est particulièrement difficile pour les musulmans. "Ils n'en peuvent plus, on vit dans la peur", confie Khaled Larbi, imam référent de la Grande mosquée de Paris, qui met en place des prières en visio chaque soir après 21 heures. "L'année passée, on a été prier un petit peu, il y avait le confinement généralisé, tout le monde avait peur, on n'avait pas le temps de réagir. Mais cette année, on a essayé de faire un programme, explique-t-il. Les musulmans se connectent chez eux, et vont participer à la prière pendant 40 à 50 minutes maximum, tous les soirs."

Pour Khaled Larbi, ces prières en ligne "aident aussi quand vous êtes chez vous seul, et vous écoutez un prêche ou un discours qui va apaiser les coeurs. Cela peut être un plus, en espérant que d'ici mai, juin, juillet, il y ait le déconfinement." 

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