"Je suis prête à fermer mon restaurant !" : des commerçants refusent d'appliquer le pass sanitaire
Le site animap.fr recense quelques 6 000 établissements et professionnels refusant de contrôler le pass sanitaire de leurs clients. Certains disent préférer changer d'activité plutôt que d'appliquer une mesure qu'ils jugent discriminatoire.
Ils gèrent un commerce, un restaurant ou un lieu de culture ou de loisirs, mais le pass sanitaire ne passera pas par eux. Eux, ce sont les quelques 6 000 établissements répertoriés sur la plateforme animap.fr, créée fin avril 2021. Leurs visiteurs et clients ne se verront pas exiger de vaccination complète, ou de tests antigéniques ou PCR négatifs à l'entrée, en violation du projet de loi adopté en première lecture jeudi 22 juillet à l'Assemblée nationale. Une mesure que les administrateurs du site juge liberticide et discriminatoire, évoquant sur leur page d'accueil un "apartheid vaccinal".
Le nom des fondateurs d'animap.fr reste inconnu, n'étant pas mentionné sur le site. Mais selon nos confrères du Figaro, on trouve sur une boucle de discussion portant le même nom, "animap", sur la messagerie sécurisée Telegram, des publications à tendance conspirationniste. Certaines d'entre elles évoquant le Great Reset, théorie selon laquelle les élites mondiales prépareraient un nouvel ordre mondial, en profitant de la crise sanitaire.
"Ce sera sur mon casier judiciaire, tant pis !"
Les clients et les produits bio du restaurant de Virginie, inscrite sur animap.fr, sont locaux. Pour la patronne, pas question de contrôler les pass sanitaires à l'entrée de l'établissement familial situé dans le Morbihan. "Je n'ai pas envie que cette discrimination-là soit mise en place", explique-t-elle. Virginie dit ne pas craindre les sanctions, jusqu'à un an de prison et 45 000 euros d'amende.
"Toutes ces privations de liberté, je crois qu'on en a notre dose !"
Virginie, restauratrice anti-pass sanitaireà franceinfo
"Tant pis, je suis prête à fermer mon restaurant", assène-t-elle, tout comme une restauratrice alsacienne, qui préfère rester anonyme. "Ce n'est pas de la peur, mais plutôt un ennui, parce que je ne vais plus avoir une seule économie sur mon compte, et ce sera écrit sur mon casier judiciaire. Tant pis, je ferais autre chose", avoue-t-elle. "Sur le site où on est, une réserve naturelle, nous sommes quatre entreprises. Et les quatre sont de la même mouvance."
Beaucoup de naturopathes, pas concernés
Lui n'est pas concerné par le pass sanitaire, comme une majorité des inscrits sur le site animap.fr, car il ne reçoit jamais plus de 50 personnes en même temps. Mais Pierre-Jean, directeur d'une base de loisirs en Isère, s'est quand même inscrit sur la page web, craignant que "demain, on soit peut-être concernés. Puisque leurs jauges sont à hauteur variable. C'est 50 aujourd'hui, demain ce sera peut-être 30, ensuite 10 et puis on remontera à 15. On n'en sait rien !"
Sur les 6 000 inscrits sur le site, beaucoup sont dans ce cas, comme cette majorité de naturopathes, classés dans la catégorie "médecine et santé". Les lieux recensés sur animap.fr seront contrôlés en priorité, a tweeté jeudi 22 juillet le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Détournement scandaleux de la règle commune. Nous ne sortirons de la crise que par le civisme collectif.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 22, 2021
Ces lieux recensés seront donc contrôlés en priorité. https://t.co/p7agejcUl6
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