Covid-19 : ce que l'on sait de la situation épidémiologique dans les Landes, où se propage le variant Delta
Selon l'ARS, la "situation épidémiologique est défavorable" dans ce département qui affiche un taux d'incidence de 95,6 pour 100 000 habitants, en augmentation "de 35% en moins de trois semaines".
Alors que la troisième étape du déconfinement approche à grands pas, le département des Landes, dans la région Nouvelle-Aquitaine, pourrait bien serrer la vis. Les terrasses ont rouvert, mais les habitants sont priés de garder leurs précautions, car plusieurs cas du variant dit "Delta" ont été détectés ces derniers jours. Ce variant B.1.617.2, renommé il y a peu par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a été initialement identifié en Inde au moins d'avril, et préoccupe les autorités sanitaires. Désormais majoritaire au Royaume-Uni, il a été repéré dans plusieurs départements français, dont les Landes, où il progresse. Franceinfo fait le point sur la situation.
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Un taux d'incidence supérieur au taux national
Les Landes étaient jusqu'alors un territoire plutôt épargné par l'épidémie de Covid-19. Mais ces derniers jours, les indicateurs bougent plus qu'à l'accoutumée : le taux d'incidence est de 95,6 pour 100 000 habitants et a augmenté de 35% en moins de trois semaines, a alerté le 4 juin l'agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine dans un communiqué. "La situation épidémiologique est défavorable, le taux d'incidence est supérieur au taux d'incidence régional et au taux national", a souligné l'agence.
Cette augmentation du nombre de tests positifs alerte, car parmi les cas identifiés figurent "une cinquantaine de patients" avérés ou estimés comme contaminés au variant Delta, a expliqué Benoît Elleboode, directeur général de l'ARS, lundi 7 juin sur franceinfo. Seuls deux cas ont été parfaitement séquencés, a-t-il détaillé, trente autres sont avérés après avoir été "'criblés' en termes biologiques" et attendent d'être séquencés. Une vingtaine d'autres personnes sont considérées comme très probablement contaminées au variant car elles sont positives au Covid-19 et vivent au sein des clusters où le variant Delta est présent.
Ces cas ont été identifiés la semaine précédente dans six communautés de communes et sont regroupés au sein d'une quinzaine de foyers de contamination, notamment familiaux. Le "cas zéro" landais, un lycéen, n'avait pas eu de contact avec une personne revenant du Royaume-Uni ou d'Inde, précise France Bleu. Au niveau national, plus d'une centaine de cas de ce variant ont été identifiés, la plupart étant liés à des retours de voyage à l'étranger, rapporte Santé publique France.
Un variant plus contagieux
Ces chiffres inquiètent les autorités sanitaires, qui craignent une évolution rapide de la situation. Et pour cause : ce variant Delta serait 40% plus contagieux que le variant B.1.1.7 dit "Alpha" identifié au Royaume-Uni, lui-même 50% plus contaminant que la souche originelle du Sars-CoV-2, a affirmé sur la BBC le ministre de la Santé britannique, Matt Hancock, le 6 juin. Quelques semaines plus tôt, le Scientific Advisory Group for Emergencies (Sage), l'équivalent du Conseil scientifique français, avançait dans un rapport* (PDF) qu'il était "tout à fait possible que ce nouveau variant B.1.617.2 soit 50% plus transmissible que le B.1.1.7".
Benoît Elleboode, médecin en santé publique et directeur général de l'ARS de Nouvelle-Aquitaine, a tiré la sonnette d'alarme, lundi 7 juin : "Il faut s'en inquiéter parce que c'est un virus qui se propage plus." Et de noter que dans les Landes, "on l'a détecté la semaine dernière" et que, malgré les efforts de rétro-tracing déployés, les autorités sanitaires ne disposent "pas encore d'indication sur sa progression" dans le territoire. Il tempère toutefois : son agence, qui fait face à plusieurs clusters de cas de variant Delta depuis plusieurs semaines dans les départements de Nouvelle-Aquitaine, observe que "les personnes qui sont atteintes sont plutôt des personnes jeunes, qui n'étaient pas vaccinées, qui ne font pas de forme grave, qui ne sont pas à l'hôpital".
"Des clusters, mais pas d'extension de l'épidémie", selon Olivier Véran
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a évoqué le 2 juin des "signaux d'alerte" observés en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. Dans la région du Sud-Ouest, le taux de reproduction, le R effectif, serait, selon les estimations, supérieur à 1 et le taux d'incidence ne diminuerait pas aussi rapidement qu'attendu. Des cas de variant Delta ont également été identifiés dans des départements voisins des Landes.
Pour Olivier Véran, la situation doit faire l'objet d'une surveillance accrue, mais n'est pour l'instant pas alarmante. Le ministre de la Santé s'est voulu rassurant, le 6 juin, sur le plateau de BFMTV, en affirmant que la région n'avait pour l'instant pas affaire à une "diffusion communautaire" du variant Delta : "Il n'y a pas d'extension de l'épidémie mais des clusters", a-t-il déclaré, assurant que la situation régionale n'était "pas du tout la même qu'en Grande-Bretagne". Le ministre a par ailleurs rappelé que "si l'on teste plus, c'est normal qu'il y ait un taux d'incidence en hausse".
La préfète des Landes, Cécile Bigot-Dekeyzer, a de son côté estimé, lundi lors d'un point-presse, que la présence du variant Delta "n'est pas particulièrement inquiétante" mais "appelle à la vigilance". Elle a par ailleurs assuré que la "situation est sous contrôle".
Un plan d'action qui ne remet pas en cause le déconfinement
Toutefois, les autorités locales n'entendent pas attendre. L'Agence régionale de santé a renforcé dès la semaine dernière ses opérations de dépistage et compte accélérer la cadence. De 100 à 200 cas suspects supplémentaires vont ainsi être analysés, a annoncé lundi 7 juin l'ARS avec la préfecture des Landes, dévoilant leur plan d'action. Par ailleurs, 1 000 autotests supplémentaires seront distribués dans les lycées et 2 500 doses de vaccins seront débloquées pour endiguer ce rebond épidémique, liste France Bleu Gascogne.
Mais les restaurants ouvriront comme prévu mercredi. Un report du déconfinement ne semble pour l'instant pas à l'ordre du jour. "C'est l'impact sur le tissu hospitalier qui nous fait envisager des mesures contraignantes", rappelle Benoît Elleboode. Or, pour l'instant, les hôpitaux sont épargnés par cette recrudescence de l'épidémie. Si l'avancée de la vaccination et les mesures de déconfinement "s'équilibrent, il n'y a pas de problème pour continuer les mesures de déconfinement telles que prévues par le gouvernement", explique-t-il. Mais "si, pour une raison ou une autre, il devait y avoir un déséquilibre, là, il faudrait revoir les choses".
* Article en anglais
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