Cet article date de plus de trois ans.

Covid-19 : la vaccination des personnels travaillant auprès des personnes vulnérables est "insuffisante", estime la présidente de la Haute autorité de santé 

La Haute autorité de santé a notamment rendu un avis vendredi qui explique que la vaccination obligatoire des personnels travaillant auprès de personnes vulnérables est "justifiée".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Certaines personnes sont allergiques aux ingrédients qui composent les vaccins contre le Covid-19 actuellement sur le marché en France.  (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

La vaccination contre le Covid-19 des personnels travaillant auprès des personnes vulnérables est "insuffisante", estime le professeur Dominique Le Guludec, présidente de la Haute autorité de santé, ce vendredi sur franceinfo. La Haute autorité de santé a rendu deux avis vendredi 16 juillet, le premier juge que la vaccination obligatoire des personnels travaillant auprès de personnes vulnérables décidée par le gouvernement est "justifiée", le second indique qu’il n’y a "pas lieu" pour le moment de proposer une troisième dose de vaccin anti-Covid à l’ensemble de la population française.

franceinfo : Est-ce que la poussée du variant Delta a motivé votre premier avis, celui favorable à une vaccination obligatoire des personnels travaillants auprès de personnes vulnérables ?

Dominique Le Guludec : Nous avons été motivés par la poussée du variant Delta, bien entendu, mais également le maintien de l'efficacité vaccinale sur le variant Delta, puisqu’on sait que l'impact de cette vaccination sera très importante. Nous avons aussi été motivés par le niveau assez insuffisant de la couverture vaccinale de tous ces professionnels actuellement, un peu plus de 50% dans les Ehpad, ce qui n'est pas assez pour limiter la reprise de l’épidémie. Enfin, nous motivent les risques inhérents à ce variant avec des formes graves qui pourraient survenir soit pour les soignants eux-même, soit pour les gens dont ils prennent soin.

Si le variant Delta continue de progresser et que la couverture vaccinale reste insuffisante dans les prochaines semaines, est-ce que cette recommandation peut aller plus loin ?

En effet, la Haute autorité de santé propose d'anticiper le débat. Il n'y en a peut-être pas besoin aujourd'hui, on voit qu'il y a un rebond des rendez-vous de vaccination et nous nous en réjouissons, alors voyons un peu ce que donne ce rebond et jusqu'où. Mais il manque encore beaucoup de vaccination, y compris chez des gens fragiles. Il y a 20 à 25% de non vaccinés au-dessus de 65 ans en France. Or, on sait que ce sont des gens qui font des formes graves. L'extension du pass sanitaire a fait débat cette semaine, mais c'est autre chose que l'obligation vaccinale. Des obligations vaccinales on en a déjà en France, nos enfants ont des obligations vaccinales, les soignants ont déjà des obligations vaccinales pour certaines maladies, comme la polio, etc. Ce qui serait important c'est de l'anticiper, parce que s'il y en avait besoin, ce qui n'est pas du tout sûr, au moins, ça permettrait au gouvernement de prendre les mesures rapidement.

La Haute autorité de santé, dans un second avis, dit qu'il n'y a pas lieu de proposer une troisième dose de vaccin à toute la population. Expliquez pourquoi et pour qui ce serait nécessaire ?

Alors aujourd'hui, je dis bien aujourd'hui, parce que les choses évoluent tous les jours avec le Covid, aujourd'hui, il n'y a pas lieu d'aller au-delà de ce que dit l'exécutif. C'est-à-dire cibler les personnes qui avaient été vaccinées en premier et qui représentent les personnes les plus fragiles. Mais pour l'instant, nous sommes en attente de données d'essais cliniques et des données épidémiologiques sur la durée de l'immunité. Il semblerait que l'efficacité du vaccin dure plus longtemps que prévu, mais les données que nous avons encore sont très préliminaires et nous savons que dans les semaines qui viennent, nous allons avoir des données supplémentaires. Nous attendons donc ces données pour savoir s'il y a nécessité d'une troisième dose, quand et pour quelle population, et quel sera l’impact de cette dose de rappel, en particulier en fonction des variants qui circuleront à ce moment-là et donc de l'efficacité de nos vaccins sur ces variants. Et puis aussi, quel sera le meilleur schéma pour cette troisième dose. Est-ce qu'il faudra le même vaccin légèrement modifié ? Aujourd'hui, nous attendons des données cliniques qui vont arriver bientôt et qui nous permettront d'avoir un avis bien circonstancié pour étendre cette mesure.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.