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Covid-19 : six choses à savoir sur le vaccin AstraZeneca, désormais autorisé par l'Agence européenne des médicaments

C'est le troisième vaccin autorisé dans l'UE, après ceux de Pfizer-BioNTech et Moderna.

Article rédigé par franceinfo
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Une seringue dans un flacon de vaccin étiqueté AstraZeneca. (FRANKHOEMANN / SVEN SIMON / AFP)

Feu vert pour l'autorisation du vaccin AstraZeneca dans l'Union européenne. La question a été tranchée par l'Agence européenne des médicaments (EMA) vendredi 29 janvier. "Les experts scientifiques de l’EMA ont estimé que le vaccin pouvait être utilisé chez les personnes âgées. Néanmoins, plus d'informations sont attendues et des études sont en cours, qui incluent une proportion plus élevée de participants âgés."

Le groupe pharmaceutique britannique a d'ores et déjà annoncé qu'il ne pourrait livrer qu'"un quart" des doses initialement promises à l'UE au premier trimestre, en raison d'une "baisse de rendement" sur un site de fabrication européen. Un coup dur pour les campagnes de vaccination en Europe, alors que ce vaccin a le mérite d'être moins cher et de mieux se conserver que ceux de Pfizer-BioNTech et Moderna. Bon marché, facile à stocker, à vecteur viral, à faibles effets secondaires... Voici six choses à retenir sur ce produit, conçu conjointement par AstraZeneca et l'université d'Oxford, et déjà autorisé depuis fin décembre au Royaume-Uni.

>> Tout savoir sur les six candidats vaccins contre le Covid-19 déjà réservés par la Commission européenne

1Il est bon marché 

Le vaccin AstraZeneca-Oxford sera administré gratuitement en France s'il est autorisé, mais il a évidemment un coût à l'achat. Et il présente l'avantage d'être beaucoup moins cher (environ 2,50 euros la dose, selon l'AFP) que ceux produits par les laboratoires Pfizer-BioNTech et Moderna. Le groupe britannique s'est, en outre, engagé à ne pas faire de profits sur ce produit.  

Dans le cadre des commandes effectuées par les pays européens, la dose de vaccin Moderna serait la plus onéreuse, à 18 dollars (soit 14,60 euros environ), contre 12 euros pour celle du vaccin Pfizer, et 1,78 euro celle d'AstraZeneca. Ces prix n'avaient pas été divulgués par les institutions européennes, pour des raisons tenant au secret des négociations avec les firmes pharmaceutiques, mais la secrétaire d'Etat au Budget belge, Eva de Bleeker, avait publié le 17 décembre sur Twitter le tarif des doses commandées par la Belgique au prix indiqué ci-dessus, avant de les effacer. 

2Il est plus facile à conserver

Autre avantage du vaccin AstraZeneca : contrairement à ceux de Pfizer et Moderna, il est facile à stocker. AstraZeneca affirme que son vaccin peut être "conservé, transporté et manipulé dans des conditions réfrigérées classiques (entre 2 et 8 °C) pendant au moins six mois". C'est un atout car il est, ainsi, relativement simple à transporter et à distribuer. A titre de comparaison, le vaccin Pfizer-BioNTech doit être conservé à une température de -70 °C, et celui de Moderna à -20 °C.

3C'est un vaccin "à vecteur viral"

Le vaccin mis au point par AstraZenaca et les chercheurs d'Oxford est un vaccin à vecteur viral, c'est-à-dire qu'il utilise un autre virus, en l'occurrence un adénovirus de chimpanzé. Celui-ci est génétiquement modifié pour devenir inoffensif et incapable de se répliquer, mais il peut toujours entrer dans les cellules. Les développeurs lui insèrent le bout de code permettant la synthèse de la protéine S du coronavirus Sars-CoV-2. L'organisme va donc produire lui-même cet antigène (la protéine S) et des anticorps spécifiques en réponse.

4.Il a peu d'effets indésirables

Selon les données publiées dans la revue scientifique The Lancet (en anglais), le vaccin d'AstraZeneca "est sûr". Les effets secondaires recensés sont extrêmement rares à ce stade. Sur les quelque 23 754 volontaires qui ont participé aux essais cliniques, seul un patient à qui ce vaccin a été administré a connu un "effet indésirable grave susceptible d'être lié" à cette injection, selon les données publiées dans The Lancet. Il s'agissait d'un cas de myélite transverse, une atteinte neurologique rare, qui avait motivé l'interruption temporaire de l'essai début septembre.

5.Il a obtenu de moins bons résultats

Le laboratoire britannique avait annoncé en novembre que son vaccin était en moyenne efficace à 70%, contre plus de 90% pour ceux de Pfizer-BioNTech et Moderna. Mais derrière ce résultat se cachaient de grands écarts entre deux protocoles différents. Selon les résultats préliminaires (en anglais), l'efficacité du candidat vaccin a atteint 90% pour les participants ayant reçu une demi-dose puis une dose complète, à un mois d'intervalle, contre 62% pour les participants ayant reçu deux doses entières.

L'injection d'une demi-dose dans l'un des groupes était en fait due à une erreur, ce qui avait suscité critiques et inquiétudes, poussant l'entreprise à annoncer le 26 novembre la tenue d'une "étude supplémentaire" pour vérifier ces résultats. La version approuvée par le régulateur britannique prévoit l'injection de deux doses complètes. "Nous pensons que nous avons trouvé la formule gagnante et comment arriver à une efficacité qui, avec deux doses, est élevée comme celle des autres [vaccins]", assurait fin décembre le PDG d'AstraZeneca, Pascal Soriot.

6.On manque encore de données pour évaluer son efficacité sur les plus de 65 ans

Les experts scientifiques de l’EMA ont estimé que le vaccin pouvait être utilisé chez les personnes âgées. Néanmoins, plus d'informations sont attendues et des études sont en cours, qui incluent une proportion plus élevée de participants âgés. La commission de vaccination allemande a indiqué, jeudi 28 janvier, ne recommander le vaccin AstraZeneca que pour les personnes de moins de 65 ans, en raison d'un manque de données pour les plus âgées. "Le vaccin Covid-19 d'AstraZeneca est actuellement recommandé uniquement pour les personnes âgées de 18 à 64 ans", écrit la commission de vaccination (Stiko) dans un document consulté par l'AFP. Cet avis précise que "les données disponibles actuellement sont insuffisantes pour évaluer l'efficacité des vaccins au-delà de 65 ans".

A l'origine, deux médias allemands avaient mis en doute l'efficacité du vaccin, affirmant qu'elle n'était que de 8% pour les personnes âgées de plus de 65 ans. Ces propos ont été démentis par le fabricant comme par le gouvernement allemand, pour qui ces médias ont "confondu" plusieurs données. Pascal Soriot a d'abord reconnu qu'il existait "une quantité limitée de données pour la population âgée", jugeant donc "possible" que certains pays préfèrent ne pas administrer le vaccin à cette catégorie pour l'instant. Mais le groupe britannique a précisé jeudi 28 janvier que "les dernières analyses (...) appuient l'hypothèse d'une efficacité du vaccin dans le groupe des plus de 65 ans".

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