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Vaccins anti-Covid-19 : trois questions sur la cyberattaque menée contre l'Agence européenne des médicaments

Des documents concernant la demande de mise sur le marché du vaccin de Pfizer et BioNTech ont été "illégalement consultés", annonce le laboratoire américain.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Le bâtiment de l'Agence européenne des médicaments, le 8 décembre 2020, à Amsterdam, aux Pays-Bas. (MARTIN BERTRAND / HANS LUCAS / AFP)

Les hackers ont touché une zone sensible. L'Agence européenne des médicaments (AEM) a annoncé, dans un communiqué publié mercredi 9 décembre, avoir été la cible d'une cyberattaque. L'AEM, basée à Amsterdam (Pays-Bas), délibère actuellement sur la délivrance d'autorisations pour plusieurs vaccins contre le Covid-19. Lors de cette attaque, des documents liés à Pfizer et BioNTech ont d'ailleurs été piratés. Franceinfo revient en trois questions sur cette affaire.

Quels documents ont été consultés ?

Après l'annonce du piratage par l'agence européenne, le groupe Pfizer a rapidement indiqué que des documents liés à la demande d'autorisation de son vaccin contre le Covid-19 avaient été "illégalement consultés" lors de la cyberattaque. Dans leur communiqué, les laboratoires Pfizer et BioNTech précisent qu'il s'agit de "documents liés à la soumission réglementaire du vaccin candidat"

Le vaccin Pfizer/BioNTech est considéré comme l'une des principales chances de réussite dans la lutte mondiale contre la pandémie de coronavirus. Le Royaume-Uni a d'ailleurs lancé mardi une campagne de vaccinationdevenant le premier pays occidental à le faire. De son côté, l’Union européenne a pour l'instant commandé jusqu’à 300 millions de doses pour le vaccin de Pfizer, et a passé six contrats au total avec différents groupes afin de pouvoir vacciner au plus vite la population des 27 Etats membres. A ce jour, 51 candidats vaccins sont testés sur des humains, 13 étant en dernière phase d'essais, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). 

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L'AEM se penche d'ailleurs actuellement sur d'autres vaccins comme ceux de Moderna et d'AstraZeneca. Ce dernier est le seul à l'heure actuelle dont l’efficacité a été validée par la revue scientifique de référence, The Lancet. Pour l'instant, les autres laboratoires n'ont pas communiqué sur d'éventuelles fuites de leurs données lors du piratage. 

Qui est l'auteur de la cyberattaque ?

Pour l'instant, l'AEM est avare en détails. L'agence n'a pas précisé quand l'attaque avait exactement eu lieu, ni par qui elle avait été menée. "L'agence a rapidement ouvert une enquête complète, en étroite coopération avec la police", précise-t-elle, ajoutant que les conclusions pourraient être connues juste avant la fin de l'année. En attendant, les experts estiment que de telles données peuvent être extrêmement précieuses pour d'autres pays ou laboratoires lancés dans une course contre-la-montre pour développer des vaccins. D'ailleurs, la cyberattaque intervient après une série d'avertissements ces derniers mois autour de piratages et tentatives d’hacking en lien avec la pandémie. 

Des cybercriminels nord-coréens ont essayé de s'en prendre à plusieurs entreprises pharmaceutiques développant des vaccins comme Johnson & Johnson, Novavax, AstraZeneca et des laboratoires sud-coréens, selon le Wall Street Journal (en anglais). Des laboratoires espagnols ont également indiqué avoir subi des attaques venues de la Chine, selon El Pais (en anglais). IBM a révélé la semaine dernière qu'une série de cyberattaques avait ciblé la chaîne logistique des vaccins contre le coronavirus. Enfin, le Royaume-Uni avait accusé en juillet les services de renseignement russes d'être derrière des attaques visant des recherches sur un vaccin contre le coronavirus.

Le piratage intervient également alors qu'un débat s'ouvre sur les conditions d'accès au vaccin à travers le monde. L'Organisation mondiale du commerce a indiqué mercredi avoir reçu une pétition signée par 900 000 personnes demandant un accès universel à des vaccins abordables contre le Covid-19.

Quelles sont les conséquences ?

Pfizer et BioNTech cherchent à rassurer le public. Les deux groupes assurent que "ni le système de BioNTech ni celui de Pfizer n'ont été violés en lien avec cet incident". Ils ajoutent que les données personnelles des participants aux essais cliniques du vaccin ne semblent pas avoir été compromises. 

Selon les deux laboratoires, l'incident ne devrait pas entraîner de retard. Pfizer et BioNTech ont indiqué que l'Agence européenne des médicaments leur avait garanti que "l'attaque informatique n'aura aucun impact sur le calendrier" d'examen du vaccin développé conjointement par les deux groupes.

L'AEM, qui contrôle les médicaments de l'ensemble des 27 Etats membres de l'Union européenne, doit rendre le 29 décembre au plus tard sa décision sur une autorisation conditionnelle du vaccin Pfizer/BioNTech. Ce dernier est déjà approuvé au Royaume-Uni, à Bahreïn et au Canada.

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