Face aux nouveaux variants anglais et sud-africain, "le niveau d'efficacité" du vaccin Pfizer "est quasiment identique", assure le groupe
Le directeur de l'activité vaccins dans la filiale française rassure également sur les mutations à venir. Les adaptations se feront en quelques semaines, quelques mois. "C'est ça qui fait la beauté de notre technologie à base d'ARN messager", a-t-il dit.
"Sur le variant anglais, sur le variant sud-africain notre vaccin maintient son efficacité", a assuré jeudi 3 février sur franceinfo David Lepoittevin, directeur de l'activité vaccins au sein de la filiale française du laboratoire américain Pfizer. Il est également revenu sur les problèmes de livraisons des doses et le calendrier à venir et affirme que les objectifs fixés seront tenus.
franceinfo : Il y a trois semaines, votre groupe annonçait qu'il ne pourrait pas fournir toutes les doses prévues à l'Europe et à la France en raison de difficultés dans vos chaînes de production. Est-ce que la situation est désormais réglée ?
David Lepoittevin : La situation est réglée. Le retard annoncé avait un objectif très positif, celui de pouvoir nous mettre en action de façon à pouvoir anticiper une accélération et une augmentation de la livraison du nombre de doses livrées plus tôt. Donc, pour cela, on a dû réajuster les lignes de production. Pour pouvoir réajuster nos lignes d'un point de vue qualitatif, il a fallu qu'on diminue la cadence et donc qu'on ralentisse les livraisons sur une semaine. Aujourd'hui, on est en ligne avec les objectifs qu'on s'était fixés.
Notre objectif, c'est de pouvoir livrer à fin février 5 millions de doses en France, 9 millions à fin mars et 27 millions de doses sur le territoire français à la fin du mois de juin.
David Lepoittevin, directeur de l'activité vaccins au sein de la filiale française du laboratoire américain Pfizerà franceinfo
Vous considérez désormais que chaque flacon de votre vaccin contient six doses au lieu de cinq précédemment. Est-ce que c'est une entourloupe, comme le disait il y a quelques jours la présidente du comité vaccins sur France Info ?
C'est ce qui était dans les contrats. Qu'il y ait 5 doses ou 6 doses, ça ne change absolument pas. Les vaccins, c'est quelque chose de compliqué. On fait toujours en sorte que dans un flacon, il y ait un reliquat. Il s'est avéré qu'à la pratique, très rapidement, il y avait un reliquat important. Les autorités de santé européennes et françaises ont donc décidé d'inclure dans les indications de notre produit une sixième dose. À partir de ce moment-là, il a été indiqué pour six doses et nous avons tout mis en place, avec les autorités, pour s'assurer que l'on extrait bien six doses de chacun des flacons. On a toujours le même nombre de doses que dans notre engagement contractuel avec l'objectif de fournir deux milliards de doses sur l'année 2021 au niveau mondial.
Est ce qu'on est sûr et certain, aujourd'hui, que votre vaccin Pfizer reste efficace contre les différents variants du virus ?
Nous avons déjà fait face à certaines variations ou mutations du vaccin et nous avons vérifié, validé, systématiquement le maintien de l'efficacité de notre produit. Nous l'avons fait avec le variant anglais et le variant sud-africain et nous avons validé le maintien de l'efficacité de notre vaccin. On le fait de façon systématique. On est aussi en train de le faire avec les autres variants qui peuvent apparaître. Pour l'instant, le niveau d'efficacité est quasiment identique. Sur le variant anglais, sur le variant sud-africain, notre vaccin maintient son efficacité.
Si ce n'était plus le cas, combien de temps il faudrait pour créer un nouveau vaccin ? Est ce qu'il faudra tout reprendre à zéro ?
Il ne faudra certainement pas tout reprendre à zéro. Et c'est ça qui fait la beauté de notre technologie à base d'ARN messager. C'est qu'on peut aller vite. Je ne peux pas vous donner une information très précise quant aux délais qu'il nous faudrait pour nous réadapter. En quelques semaines, un petit nombre de mois, on pourrait arriver à remettre à disposition un vaccin plus efficace en fonction, encore une fois, de potentielles variations d'efficacité.
Combien vous coûte aujourd'hui la fabrication d'un vaccin ?
Je n'ai aucune idée du prix de la fabrication. Aujourd'hui, nous sommes dans un système où on essaie de s'adapter au fur à mesure, de répondre vraiment à la demande le plus tôt possible. On met en place des investissements soit sur nos propres lignes, soit à travers des partenariats pour pouvoir garantir justement de pouvoir livrer le plus tôt possible le plus grand nombre de doses. Donc, tout ça, ça rentre dans l'équation très générale et je pense qu'aujourd'hui, la problématique n'est pas le prix mais "quand serais-je vacciné" et pour cela, il faut accélérer.
Pourquoi les contrats signés avec l'Europe ne sont pas publics ? Est-ce que vous comprenez que cela puisse alimenter une certaine défiance et même parfois un peu de complotisme ?
Les contrats ne sont pas publiés pour le moment. Je pense qu'ils le seront à terme. Ce n'est pas ma responsabilité de pouvoir répondre à cette question-là. Moi, mon job, le job de mes équipes, c'est de travailler quasiment 24 heures sur 24, comme on le fait depuis plusieurs mois maintenant, pour pouvoir mettre à disposition le plus rapidement possible le plus grand nombre de doses et protéger les patients français.
Pour produire le plus grand nombre de doses possibles, est-ce que Pfizer est prêt au nom de l'intérêt général à transmettre ses brevets à tous les laboratoires qui le souhaitent pour augmenter la cadence ?
Je pense que ce n'est pas le débat. Le débat aujourd'hui, c'est un débat de production. Ce n'est pas la licence. La problématique est de pouvoir accélérer. C'est une technologie très particulière. On est dans la vaccination. On est dans le médicament. Et comme pour toute innovation, on est quand même à un niveau technologique extrêmement important. On n'est pas dans de la grande conso, donc adapter une ligne de production, la créer demande beaucoup, beaucoup de temps. Il est par contre très important aujourd'hui de mettre tout en place, tous les investissements nécessaires, pour pouvoir accélérer et protéger plus rapidement un plus grand nombre de personnes.
Est-ce que vous vous êtes injecté votre propre vaccin ?
J'aimerais bien mais on doit suivre les règles de la Haute autorité de Santé. On va se mettre dans la file d'attente et ne vous inquiétez pas, toutes nos équipes ont l'engagement de pouvoir faire le maximum le plus rapidement possible.
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