: Infographies Vaccination contre le Covid-19 : les 38 millions de Français éligibles pourront-ils recevoir leur rappel avant le 15 janvier ?
Alors que les files d'attente pour une dose de rappel ne désemplissent pas dans les centres de vaccination, franceinfo a passé au crible les indicateurs de suivi de la campagne vaccinale.
Trente-huit millions : c'est le nombre total de Français éligibles à la troisième dose contre le Covid-19 d'ici au 15 janvier. Parmi eux, au moins 9 millions de personnes âgées de 18 à 64 ans (dont le schéma vaccinal a été complété il y a plus de sept mois) devront avoir reçu leur dose de rappel, sous peine de perdre leur pass sanitaire.
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Pour les plus de 65 ans, ces nouvelles dispositions sont entrées en vigueur dès le 15 décembre. D'après les dernières données des autorités sanitaires, plus de 8 millions d'entre eux avaient reçu leur dose de rappel le 14 décembre. Mais plus de 2,7 millions de personnes éligibles manquaient encore à l'appel. Combien parmi celles-ci risquent de perdre leur pass sanitaire ? Mardi, la radio RMC avançait le chiffre de 400 000 personnes menacées. Un chiffre très largement nuancé par le ministre de la Santé, Olivier Véran, mercredi. "Nous considérons que le nombre de Français qui ne seraient pas vaccinés à date âgés de plus de 65 ans, pas à jour de leur rappel et qui auraient une suspension du pass, est un nombre bien plus faible que celui qui a pu être avancé", a affirmé Olivier Véran au cours d'une audition, à l'Assemblée nationale.
D'ici au 15 janvier, combien de Français risquent de perdre leur pass sanitaire en attendant leur troisième dose ? Les stocks de vaccins sont-ils suffisants ? La cadence actuelle permettra-t-elle d'atteindre les objectifs fixés par le gouvernement ? Alors que les files d'attente ne désemplissent pas dans les centres de vaccination, la rédaction de franceinfo a sorti sa calculatrice pour répondre à toutes ces questions.
Les stocks de vaccins sont-ils suffisants ?
Oui... La campagne de rappel a été ouverte le 1er septembre pour les Français de plus de 65 ans, dont le schéma vaccinal est complet et qui ont reçu leur dernière dose au moins six mois plus tôt. Depuis le 27 novembre, elle est désormais ouverte à tous les Français de 18 ans et plus et le délai minimal après la dernière dose a été abaissé à cinq mois. A ce jour, près de 16 millions d'adultes ont reçu leur dose de rappel. Soit plus de la moitié des près de 30 millions qui y ont droit. Mais cette population de personnes éligibles croît à mesure que les jours passent. Le 1er janvier, ils seront plus de 35 millions, et le 15 janvier, ce chiffre atteindra près de 38,7 millions.
Une fois soustraites les personnes qui ont déjà reçu leur rappel, il y a donc en théorie encore besoin de près de 24 millions d'injections. Pour atteindre cet objectif, les stocks de vaccins semblent largement suffisants. D'après les relevés tenus par la Direction générale de la santé, la France disposait au 3 décembre de plus de 10 millions de doses Moderna et de plus de 14 millions de Pfizer-BioNTech, les deux vaccins à ARN utilisés pour la campagne de rappel.
Cet état des stocks n'a plus été actualisé depuis le début du mois de décembre. Mais, d'après les relevés de Santé publique France, près de 5,5 millions de doses de Pfizer-BioNTech ont été injectées et un peu plus de 900 000 pour Moderna, entre le 3 et le 14 décembre. Par ailleurs, plus de 7 millions de nouvelles doses de Pfizer-BioNTech supplémentaires doivent être livrées d'ici au 16 janvier. Ainsi, d'ici à la mi-janvier, la France disposerait de près de 16 millions de doses de Pfizer et de près de 9,5 millions de Moderna.
Mais... L'état des stocks implique que les Français acceptent de se faire vacciner avec le produit du laboratoire américain Moderna, qui présente par ailleurs l'avantage, pour le moment, d'être injecté par demi-dose pour le rappel. Hormis pour les personnes âgées de moins de 30 ans, les troisièmes doses peuvent être faites indistinctement avec le vaccin de Moderna ou celui de Pfizer-BioNTech, quel que soit le vaccin initialement reçu.
Depuis le 27 novembre, près de 80% des rappels ont été faits avec Pfizer-BioNTech. Le vaccin de Moderna, contre-indiqué pour les moins de 30 ans par la Haute Autorité de santé du fait d'un risque peu fréquent d'inflammations du cœur, semble susciter la défiance. Résultat, les réserves de Pfizer fondent, tandis que les stocks de Moderna baissent peu. Face à ce phénomène, le gouvernement à invité les Français de plus de 30 ans à ne pas bouder le vaccin de Moderna, qui a par ailleurs été substitué à des commandes de Pfizer-BioNTech dans de nombreux centres de vaccination, ces derniers jours.
La cadence actuelle est-elle assez rapide ?
Oui… Après avoir atteint le palier des 10 millions de doses de rappel injectées le 4 décembre, le gouvernement s'est fixé comme objectif d'atteindre les 20 millions d'ici Noël. Compte tenu du rythme de la campagne actuelle, le défi semble en passe d'être relevé. D'après les dernières remontées, datées du 14 décembre, le rythme moyen des injections de doses de rappel en France est en ce moment de près de 610 000 par jour. Une cadence un peu plus élevée que celle observée à la fin du printemps dernier (590 000 par jour), lorsque les Français recevaient leurs premières et deuxièmes doses. Si cette dynamique ne faiblit pas dans les prochains jours, alors le cap des 20 millions de piqûres de rappel pourrait être franchi dès le mardi 21 décembre.
Mais... Le rythme actuel ne permettra pas d'atteindre une vaccination de 100% des personnes éligibles au 15 janvier 2022. A cette date, si la campagne conserve la même cadence quotidienne, nous pourrions en théorie atteindre 35,4 millions de Français ayant reçu leur dose de rappel sur près de 38,7 millions de personnes éligibles, soit un taux de près de 91%.
Ces projections ne prennent pas en compte une éventuelle baisse de la cadence de la campagne pendant les vacances de Noël. Or, le tableau des prises de rendez-vous publié par la direction générale de la Santé, à partir des réservations effectuées via les plateformes en ligne Doctolib, Keldoc et Maiia, montre une forte baisse au cours des deux prochaines semaines. Alors que plus de 1,3 million de créneaux avaient été réservés la semaine du 13 décembre, ce chiffre est presque divisé par deux pour la semaine du 20 décembre, avec un peu plus de 760 000 réservations. Et seulement un peu plus de 525 000 rendez-vous sont recensés pour la semaine du 27 décembre.
Dans ces conditions, et à moins d'un rattrapage dans les premiers jours de l'année 2022, le nombre de Français éligibles au 15 janvier qui n'auront pas reçu leur rappel pourrait être beaucoup plus élevé. Reste à savoir combien de personnes seraient susceptibles de perdre le bénéfice de leur pass sanitaire. La menace ne pèse que sur les 9 millions de Français âgés de 18 à 64 ans dont le schéma vaccinal a été complété avant la mi-juin 2021. Les données disponibles ne permettent pas de connaître, au sein de cette population, le nombre de personnes qui n'ont pas encore reçu leur dose de rappel.
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