Le CFCM appelle les musulmans de France "à aller se faire vacciner" contre le Covid-19, même pendant le ramadan
Alors que le ramadan débute ce mardi, plusieurs voix ont appelé les musulmans à ne pas se faire vacciner pendant cette période. Mais le président du Conseil français du culte musulman affirme que "le vaccin n'a rien à voir avec la rupture du jeûne".
Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), a appelé ce mardi 13 avril sur franceinfo les musulmans de France "à aller se faire vacciner" même pendant le ramadan, car "le vaccin n'a rien à voir avec la rupture du jeûne". Alors que débute ce mardi le ramadan dans une France confinée en raison de l’épidémie de Covid-19, plusieurs voix ont appelé les musulmans à ne pas se faire vacciner.
franceinfo : Un ramadan confiné sous couvre-feu cela change beaucoup de choses pour les musulmans ?
Mohammed Moussaoui : cette année, on a une possibilité d'ouvrir les lieux de culte jusqu'à 19 heures le soir. Les musulmans de France se sont adaptés à cette situation pandémique. Nous savons que l'esprit du mois de ramadan, c'est de créer les liens, de renforcer les liens, et tout ce qui est rituel dans le jeûne du mois de ramadan nous ramène à cette notion de création de lien. Malgré la pandémie, je pense que les liens se sont renforcés. On a trouvé les moyens de renforcer liens. J’apprécie beaucoup cette expression du grand rabbin de France lorsque le président de la République nous avait réunis. En parlant de la distanciation sociale, ils avaient plutôt préféré distanciation physique. Il avait raison effectivement. Malgré toutes les difficultés que nous rencontrons, les liens se sont bien renforcés pendant le mois de ramadan passé et j'espère que ce sera la même chose pendant ce mois-là.
On a vu des appels à ne pas se faire vacciner pendant le ramadan. Quelle est votre position ?
La vaccination, c'est quelque chose qui relève de l'ordre médical. Nous devons d'abord écouter et accepter la décision de son médecin traitant. Ce n'est pas la compétence de l’iman de dire quoi que ce soit sur la vaccination. L’histoire de l'humanité a montré que la vaccination a été quelque chose de très important pour un certain nombre de fléaux que nous avons connus. J’encourage tous les musulmans de France à aller se faire vacciner et que le vaccin n'a rien à voir avec la rupture du jeûne.
Des tags antimusulmans ont été inscrits sur un centre culturel islamique à Rennes. Existe-t-il une recrudescence des actes antimusulmans en France ?
Oui, et d'une manière générale des actes antireligieux, anti-juifs, antichrétiens. C’est une réalité. L’expérience a montré que chaque débat enflammé sur la religion musulmane et l'islam, en général, a provoqué une recrudescence des actes antimusulmans. C’est un fait. On peut le vérifier en suivant l'évolution de ces actes. Nous avons aussi vu que les murs de Sciences Po ont été tagués par des tags antisémites. Ces auteurs recherchent justement à briser ce lien qui existe. La mosquée de Rennes, par exemple, est un centre assez particulier, où des personnes de confessions différentes se trouvent ensemble dans la partie culturelle. Il y a tout le monde qui se retrouve. Il y avait une volonté de briser ce lien. D'ailleurs, lorsqu'on regarde de près, ce sont des tags faisant référence au catholicisme français. Les liens qui ont été construits avec le catholicisme français et l’islam sont forts. Les premières mosquées de France ont été des locaux mis à la disposition des musulmans de France par l'Église catholique.
Le gouvernement accuse la fédération Millî Görüs, proche de la Turquie et des Frères musulmans, de pratiquer un islam politique. Elle souhaite construire une école musulmane à Albertville. Est-ce qu'elle doit pouvoir le faire?
Ce qui est reproché clairement à cette organisation, c'est le fait d'avoir des liens très forts avec le gouvernement turc et de faire de la géopolitique. Je n'ai pas des prérogatives ni des compétences d'en juger. Il s'agit d'une organisation qui a siégé au CFCM depuis de longues années. Les fédérations avaient des rapports plus ou moins apaisés avec cette organisation. Aujourd'hui, s'il y a des éléments qui montrent que cette organisation pourrait être une menace pour la République, c’est aux pouvoirs publics d’en juger et de prendre les décisions qui s'imposent. Au cœur de cette charte, c'est le respect de la loi et le respect des principes de la République. À partir de là, si le législateur juge que des mesures permettent de protéger notre pays contre des interventions et des ingérences étrangères, elles sont les bienvenues et doivent être soutenues par les musulmans de France également.
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