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Malgré l'abandon du projet de vaccin de Pasteur contre le Covid-19, tout n'est pas perdu pour la recherche française

L'Institut Pasteur a annoncé mettre fin aux essais de son candidat vaccin le plus avancé contre le Covid-19. Si c'est une mauvaise nouvelle pour la recherche française, d'autres laboratoires travaillent sur des projets prometteurs.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
A l'Institut Pasteur, le 21 janvier 2021. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

"C'est ce qui arrive régulièrement dans des projets de recherche. Tous ne sont pas couronnés de succès et parfois il faut savoir prendre des décisions difficiles." Bruno Hoen, directeur de la recherche médicale à l'Institut Pasteur ne cache pas sa déception. L'Institut Pasteur abandonne l'un de ses projets de vaccin contre le Covid-19, celui qui était le plus avancé. L'annonce a été faite lundi 25 janvier, car le laboratoire de recherche français et son partenaire américain Merck ont constaté que les résultats des essais de phase 1 n'étaient pas à la hauteur. 

Ce projet était basé sur la technique du vaccin contre la rougeole et avait été testé sur 52 volontaires. Avec une efficacité insuffisante, explique le Pr Bruno Hoen : "On observe que les titres d'anticorps générés sont relativement faibles et inférieurs à ce qu'on peut obtenir en immunisation naturelle après avoir développé la maladie chez les convalescents ou ce qui a été observé avec les vaccins à ARN messager." Le laboratoire va désormais se concentrer sur ses deux autres candidats vaccins pour lesquels les essais sur l'homme n'ont pas encore débuté.

Cette décision ne devrait pas avoir de répercussion sur la campagne de vaccination en cours. Aucun pays ne tablait pour le moment sur ce projet de vaccin qui était assez peu avancé. Mais le gouvernement comptait en revanche davantage sur un autre laboratoire français, Sanofi, pour fournir des vaccins d'ici l'été. La firme a annoncé le mois dernier qu'elle allait revoir son projet de vaccin, pas assez efficace non plus. Elle ne fournira aucun flacon avant la fin de l'année.

D'autres projets français sont prometteurs 

Ces échecs, il faut aussi les nuancer. Le mot "recherche" trouve toute sa signification, en science, on cherche mais on ne trouve pas à tous les coups. Depuis un an, partout dans le monde, plus de 200 projets de vaccin ont été lancés. A la fin, disent les spécialistes, seuls une vingtaine seront peut-être finalement commercialisés. Beaucoup d'échecs, donc, pour peu de réussites.

Parmi cette vingtaine de réussites, il pourrait bien y avoir des petits laboratoires français. Le franco-autrichien Valneva par exemple, basé près de Nantes, va débuter la production dans les prochaines semaines. Les essais cliniques sur son projet de vaccin contre le Covid-19 ne sont pas terminés mais l'entreprise a conclu un pré-accord pour vendre à l'Europe jusqu'à 60 millions de doses. Autre société française, OSE Immunotherapeutics, basé à Nantes également. Cette biotech espère commercialiser son vaccin l'an prochain.

Cela peut sembler paradoxal, mais dans la course au vaccin, les petites structures semblent mieux s'en sortir que les grands laboratoires. Les exemples de BioNTech et Moderna sont les plus frappants. Cela correspond en fait au modèle économique actuel de la recherche. Une multitude de petites biotechs se concentrent sur la recherche, et quand l'une d'entre elle trouve un médicament ou un vaccin, elle s'associe ou est rachetée par un gros laboratoire, et c'est ce dernier qui se charge ensuite de la production à grande échelle. Ce genre d'association, c'est exactement c'est ce qui s'est passé par exemple pour le premier vaccin contre le Covid-19, celui de BioNtech et Pfizer.

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