Pass sanitaire : "On va encore faire des exclus à la pratique sportive", déplore une responsable du sport en milieu rural
À compter de jeudi, le pass sanitaire devient également obligatoire pour les adolescents âgés de 12 ans et deux mois à 17 ans.
"On va encore faire des exclus à la pratique sportive", déplore mercredi 29 septembre sur franceinfo Brigitte Linder, présidente de la Fédération nationale du sport en milieu rural (FNSMR). Le pass sanitaire pour les jeunes âgés d’au moins 12 ans et deux mois doit entrer en vigueur demain. Les adolescents vont devoir le présenter à l’entrée des centres sportifs mais aussi dans les lieux de culture, les restaurants et les transports longue distance. Pour le moment, 62% des 12-17 ans ont un schéma vaccinal complet.
franceinfo : Comment allez-vous faire dans les clubs ?
Brigitte Linder : Pour les clubs, c’est très compliqué. On est en train d’accueillir les nouveaux licenciés et les nouveaux pratiquants, et là, je trouve que l’on se dirige vers une pratique et un accueil sportif sélectif. Pour le moment, ce sont les éducateurs sportifs qui devront s’assurer que les enfants ont bien un pass sanitaire. Mais il faut bien imaginer la responsabilité des éducateurs, de renvoyer un enfant chez lui car il n’a pas le pass sanitaire. On va encore faire des exclus à la pratique sportive alors qu’il faut trois millions de pratiquants en plus pour Paris 2024 et les prochains Jeux olympiques. Les clubs ne sont pas en mesure et n’ont pas les moyens pour contrôler.
Vous avez peur de voir des jeunes ne pas revenir dans les clubs ?
La tranche 12-17 ans, c’est justement cette tranche d’âge, après les confinements, qu’il fallait inciter à reprendre la pratique sportive. Or ces jeunes qui vont avoir envie de venir faire du sport, vont devoir repartir chez eux, et ne reviendront pas. C’est une très mauvaise mesure. Aujourd’hui, il y a beaucoup de parents qui attendent de prendre la licence, ou alors qui n’ont pas payé la cotisation par manque de visibilité. Eh bien le pass sanitaire n’aide pas ces familles à faire un pas vers nous. Pour le moment, on est à 20% d’inscription en moins par rapport à 2019.
Quel bilan faites-vous dans les clubs concernant les adultes ?
On a des gros problèmes d’éducateurs sportifs et d'animateurs qui n’ont pas voulu se faire vacciner, ou de faire des tests régulièrement. C’est-à-dire que l’on ne peut pas accueillir les adultes comme les jeunes par manque d’éducateurs. Et malheureusement, sur le marché du travail, on ne trouve plus d’éducateur sportif pour remplacer ceux qui partent.
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